Budget de la Sécu 2025 : les labos proposent un plan d'économies de plus d'1 milliard d'euros
A l'approche de la présentation du PLFSS pour 2025, le Leem a avancé ce jeudi 19 septembre un plan d'économies de 1,1 milliard d'euros sur le médicament. L'organisation propose notamment d'encourager le bon usage et d'élargir le panel de médicaments accessibles sans prescription obligatoire.
"Nous sommes dans un instant politique extrêmement particulier. Le PLFSS [projet de loi de financement de la Sécurité sociale] pour 2025 doit être présenté dans quelques semaines, mais aucune indication, direction ou arbitrage n'a encore filtré", a déclaré ce jeudi 19 septembre Thierry Hulot, président du Leem. Alors que la nomination d'un nouveau Gouvernement se fait attendre, les Entreprises du médicament souhaitent rappeler leur forte contribution aux économies du système de santé. Mais face à des prix des médicaments en France en moyenne 10% inférieurs à ceux proposés dans les autres pays européens et à une forte taxation de l'industrie pharmaceutique, "il est urgent que ce PLFSS redonne de l'air au secteur", a alerté Thierry Hulot, à l'occasion d'une grande conférence de presse.
Le Leem plaide ainsi pour la maîtrise et le plafonnement de la clause de sauvegarde. Cette clause, "qui visait initialement à absorber une demande plus forte de médicaments financée par les laboratoires, s’est transformée en politique du rabot qui pénalise fortement les entreprises quelle que soit leur taille", estime le Leem.
"Depuis quelques années, ça a totalement dérapé" et le recours à cette clause "est devenu hors de contrôle", a lancé Thierry Hulot, dont l'organisation demande aux pouvoirs publics de ne pas dépasser le plafond de 1,6 milliard d'euros en 2024, comme ils s'y étaient engagés. Elle propose, par ailleurs, que soit suivie une trajectoire de décroissance, avec "une réduction progressive et raisonnable de ce plafond à partir de 2025", a confirmé Jean-François Brochard, administrateur du Leem et directeur général de Roche France. Cette décroissance (1 milliard d'euros en 2025, 750 millions en 2026) doit permettre d'aboutir à une clause de sauvegarde plafonnée à 500 millions d'euros en 2027.
Réduire la pression sur la clause de sauvegarde
Reconnaissant "la nécessité pour la puissance publique de rétablir l'équilibre des comptes" et la complexité de cette "équation", selon Jean-François Brochard, le Leem avance donc un plan d'économies de 1,1 milliard d'euros sur le médicament. Une proposition "totalement inédite pour l'industrie pharmaceutique", a insisté, de son côté, Thierry Hulot, puisqu'elle n'invite pas à "aller prendre le budget ailleurs", mais à faire des économies dans le secteur du médicament lui-même pour "réduire la pression sur la clause de sauvegarde".
Parmi les trois pistes avancées, la réduction de la consommation de médicaments, en encourageant le bon usage. Cette mesure pourrait permettre une économie de 300 millions d'euros, d'après les chiffres de l'organisation. En juin, cette dernière déjà lancé une campagne de sensibilisation aux mésusages médicamenteux, dont "les premiers retours sont excellents", a affirmé Jean-François Brochard.
Autre piste envisagée : le paiement anticipé par les entreprises des remises consenties à l'Assurance maladie. Pas moins de 500 millions d'euros d'économies pourraient être dégagées grâce à l'anticipation de ces paiements, note le Leem. Chaque année, "entre 7 à 8 milliards d'euros de remises sont payées par l’industrie à l'Assurance maladie. Mais ces paiements adviennent plusieurs mois, voire quasiment plusieurs années après leur occurrence […] L'industrie pharmaceutique est prête à anticiper ces paiements de manière à réduire le coût de la dette" qui découle de ces frais, a développé Jean-François Brochard, ce jeudi.
Enfin, les Entreprises du médicament proposent le délistage de certains médicaments ayant une prescription obligatoire. "Cette prescription obligatoire peut générer de l'inconfort pour les patients de devoir prendre un rendez-vous pour [qu'elle leur soit délivrée], parfois auprès d'un spécialiste", a estimé Jean-France Brochard. Certains patients préféreraient, en effet, avoir accès "tout de suite à un traitement sur conseil de leur pharmacien et ne pas être remboursés […], mais d'autres ne pourront pas" prendre en charge cette dépense, a complété Thierry Hulot : "Il faut donc que le médicament soit délisté, mais pas [complètement] dérembousé pour ceux qui préfèrent passer par leur médecin."
Quelques médicaments concernés
Avec cette mesure, le Leem vise en particulier les antifongiques utilisés pour traiter les mycoses et les traitements contre les rhinites ; ce qui pourrait permettre une économie potentielle de 300 millions d'euros. "L'idée n'est pas d'avoir des médicaments en vente libre et des problèmes d'usage", a toutefois tenu à rappeler le président de l'organisation.
Les Entreprises du médicament ont, plus largement, appelé à fluidifier l'accès des Français aux nouveaux traitements. Dans le pays, le délai moyen d'accès des patients aux nouveaux médicaments est de 527 jours, contre 126 en Allemagne. Un délai qui, selon le Leem, se dégrade. Face à une cadre encore "trop rigide", "la réforme des procédures d'accès doit [donc] constituer une priorité, au même titre que la régulation des prix et de la fiscalité", maintient l'organisation.
Dans "l'attente" – comme tous les autres secteurs -, l'industrie pharmaceutique "est bien consciente de la contrainte de temps pour le PLFSS 2025", mais ce n'est toutefois "pas une raison pour l'immobilisme", a plaidé une dernière fois Thierry Hulot, assurant que "les Français méritent mieux, et nous voulons aider et réparer".
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