Surdose mortelle de morphine : 15 mois avec sursis pour un ex-interne devenu chirurgien

24/01/2024 Par Sandy Bonin
Faits divers / Justice
Un ancien interne des hôpitaux marseillais et une ex-infirmière ont été respectivement condamnés à 15 mois et deux ans de prison avec sursis pour homicide involontaire après l'administration d'une dose de morphine 10 fois supérieure à la prescription. Un patient de 80 ans était décédé. 

 

Le 24 janvier 2014, la confusion entre la prescription de 5 milligrammes faite oralement par l'interne, et l'administration de cinq ampoules de 10 milligrammes par l'infirmière avait coûté la vie à un patient âgé de 80 ans, admis pour des soupçons d'AVC et qui s'était luxé l'épaule en tombant dans sa chambre de l'hôpital Nord.  

Ce jour-là, l'interne du service orthopédie s'apprête à procéder à la réduction de la luxation du patient. Il prescrit oralement à l'infirmière une injection de morphine et demande que soit administré 5 milligrammes de ce produit à l'octogénaire, mais sans rédiger d'ordonnance, contrairement à la réglementation en vigueur sur les produits stupéfiants. L'infirmière soutient, elle, qu'il lui a été demandé 5 ampoules, correspondant à une dose totale de 50 mg, l'hôpital Nord n'utilisant que des ampoules de 10 mg. La confusion entre la prescription de 5 milligrammes faite oralement par l'interne et l'administration de cinq ampoules de 10 milligrammes opérée par l'infirmière lui avait été fatale.  

Cette surdose "est en lien direct avec le décès et, en l'état de vos connaissances et de vos diplômes, vous n'auriez pas dû commettre cette erreur", a indiqué la présidente du tribunal, Lola Vandermaesen, à l'infirmière présente à la barre. 

Lors du procès, le 8 janvier, la soignante, qui exerce désormais en libéral, avait soutenu avoir demandé à l'interne et obtenu la validation de cinq ampoules, ce qu'a toujours contesté le jeune médecin soulignant qu'on ne prescrit jamais en volume mais seulement en quantité. "Si elle avait prononcé le terme ampoule, je l'aurais reprise", avait-il précisé. 

Devenu chirurgien orthopédique, l'ancien interne est également condamné pour homicide involontaire en raison d'une violation manifeste à la règle selon laquelle ce type de médicament doit être prescrit par écrit et non oralement. Or, c'est après l'administration de la morphine que l'interne avait régularisé sa prescription sur une ordonnance. La notion d'urgence invoquée lors des débats par l'ex-interne est rejetée par le tribunal. "L'urgence peut être retenue pour la réduction de la luxation de l'épaule mais pas sur la prescription de morphine", a précisé le tribunal. 

L'infirmière a été plus sévèrement condamnée car elle est également reconnue coupable d'altération d'un document dans le but de faire obstacle à la manifestation de la vérité. "Dans un geste de panique", elle avait ajouté sur l'ordonnance un zéro aux 5 mg indiqués par l'interne afin de faire figurer 50 mg. Un faux grossier vite identifié comme tel et qui vaut à l'infirmière d'être en outre condamnée à verser 1.000 euros de dommages et intérêts pour préjudice moral à l'ancien interne qui s'était constitué partie civile contre elle. 

[Avec AFP] 

Comptez vous fermer vos cabinets entre le 5 et le 15 janvier?

Claire FAUCHERY

Claire FAUCHERY

Oui

Oui et il nous faut un mouvement fort, restons unis pour l'avenir de la profession, le devenir des plus jeunes qui ne s'installero... Lire plus

1 débatteur en ligne1 en ligne
Photo de profil de YVES SEGUELA
265 points
Médecine d’urgence
il y a 2 ans
Lorsqu'on prend en charge une douleur aigue dans un service d'urgence on injecte avant d'écrire ! Il existe d'ailleurs des protocoles anticipés pour cela. Si on n'a plus le droit de le faire, ce n'est alors plus la peine de nous parler de prise en charge de la douleur ni de prescription par des IPA ! Les juges comme les fonctionnaires et les politiques sont complétement déconnectés de la réalité du terrain manifestement. D'autre part, il me parait totalement inconcevable qu'un/une IDE injecte 5 ampoules de quoi que ce soit sans se poser de questions ! La titration des morphiniques se fait au moins depuis 20 ans, non ? D'une manière générale, sans vouloir jouer au vieux con de médecin, on assiste à une baisse générale du niveau des connaissances théoriques chez de nombreux élèves paramédicaux ; ce que me confirment mes collègues IDE.
Photo de profil de ROMAIN L
17,5 k points
Débatteur Passionné
Médecins (CNOM)
il y a 2 ans
Si les logiciels médicaux étaient moins pourris, c'est-à-dire s'il ne fallait pas X min pour prescrire un médicament, ça éviterait ce genre d'aléa.
Photo de profil de HENRI BASPEYRE
14,8 k points
Résistant
Chirurgie générale
il y a 2 ans
et combien pour l'hydroxychloroquine,
 
Vignette
Vignette

La sélection de la rédaction

Pédiatrie
Moins de médecins, moins de moyens, mais toujours plus de besoins : le cri d'alerte des professionnels de la...
06/11/2025
14
Concours pluripro
CPTS
Les CPTS renommées "communauté France santé" : Stéphanie Rist explique l'enjeu
07/11/2025
12
Podcast Histoire
"Elle était disposée à marcher sur le corps de ceux qui auraient voulu lui barrer la route" : le combat de la...
20/10/2025
0
Portrait Portrait
"La médecine, ça a été mon étoile du berger" : violentée par son père, la Pre Céline Gréco se bat pour les...
03/10/2025
6
Reportage Hôpital
"A l'hôpital, on n'a plus de lieux fédérateurs" : à Paris, une soirée pour renouer avec l'esprit de la salle...
14/10/2025
8
La Revue du Praticien
Diabétologie
HbA1c : attention aux pièges !
06/12/2024
2