Décès d’une octogénaire pour malnutrition : trois ans de prison avec sursis pour le médecin généraliste

Un médecin généraliste a été condamné ce mercredi 30 novembre par la cour d’assises du Haut-Rhin pour non-assistance à personne en danger après le décès d’une patiente âgée de 86 ans.   En se rendant au domicile de cette octogénaire, un jour de mai 2017, dans un quartier défavorisé de Mulhouse, les ambulanciers ne s’attendaient pas à une telle "vision d’horreur", raconte l’avocate générale, Béatrice Bluntzer. Appelés par la fille de la personne âgée pour la déplacer, ils ont découvert une femme dans un état d’hygiène déplorable, le corps couvert d’escarres, de croûtes, de plaies suintantes, des ongles de 8 centimètres... Selon une ambulancière, des "mouches" survolaient son "corps décharné", allongé sur les draps qui n’avaient pas été changés depuis des mois. Constatant d’importants signes de dénutrition et de déshydratation, les ambulanciers ont alors décidé de conduire cette dame de 86 ans aux urgences de l’hôpital de Mulhouse, où des soins lui ont été prodigués. Malgré cela, le personne âgée – qui avait perdu une quarantaine de kilos en quelques mois – décèdera quelques heures à peine après son arrivée. L’équipe hospitalière, choquée, effectuera un signalement au procureur de la République. L’enquête diligentée a montré que la victime, qui vivait chez son fils, n’avait pas quitté son lit et n’avait pas été douchée depuis 2015. Plusieurs témoins ont indiqué que le fils, au RSA, et qui n’avait aucun autre lien affectif que celui avec sa mère, s’était laissé "dépassé" par la situation. Durant trois jours, le fils, poursuivi pour délaissement suivi de mort, la fille et le médecin traitant – qui a rendu visite à la victime deux jours avant le drame, poursuivis pour non-dénonciation de mauvais traitements et non-assistance à personne en danger, se sont expliqués devant la cour d’assises du Haut-Rhin. Le médecin de famille a reconnu à la barre de nombreuses erreurs, notamment n’avoir réalisé aucun examen clinique du corps de sa patiente au cours des trois dernières années de sa vie. "J’admets, j’aurais dû le faire", a-t-il dit, reconnaissant être "passé à côté". Pour sa défense, le praticien précise que sa patiente ne s’est "jamais plainte" et qu’il n’avait "pas l’impression qu’elle souffrait", rapporte le quotidien Les Dernières Nouvelles d’Alsace. Le généraliste – qui a pris sa retraite en avril 2021 – avait reçu un blâme de l’Ordre des médecins pour ces manquements. Il a été condamné par la cour d’assises à trois ans de prison avec sursis.   Le fils de la victime, âgé de 65 ans, a quant à lui été condamné à sept ans de prison pour délaissement. A la barre, ce dernier a reconnu qu’il ne lavait plus que "la partie supérieure" du corps de mère, et avoir cessé de la nourrir. La fille de la victime, 61 ans, placée sous curatelle renforcée, a quant à elle été relaxée. [avec AFP et Les Dernières Nouvelles d’Alsace]