"Pratiquez-vous des fellations ?", "Aimez-vous recevoir un doigt dans l'anus ?"… Ce sont les questions d'une "étude" proposée aux employés d'un service de l'hôpital Edouard-Herriot de Lyon. Pendant près d'un mois, en décembre 2023, ce document – lancé par des agents eux-mêmes et présenté comme "une enquête paramédicale" – a circulé dans les locaux de l'hôpital, avant d'être retiré par la direction des Hospices civils de Lyon (HLC).
Selon le syndicat FA-FPH (Fédération autonome de la fonction publique hospitalière), interrogé par Le Progrès, ce questionnaire sur les pratiques sexuelles des agents était largement visible au sein de l'hôpital, tant sur le bureau de la cadre du service, sur un ordinateur de services de soins que dans la salle de pause.
Ce document invitait les employés du service à mentionner leur genre, leur âge et leur secteur, avant de les interroger sur leurs préférences sexuelles. Un ensemble de pratiques étaient alors listées : "Donner fessée", "recevoir fessée", "préliminaires", "jouer coquin", "menottes/attaches", énumèrent, dans un article, nos confrères du Figaro.
Derrière ce questionnaire, selon certains employés, rien de plus qu'une manifestation de "l'esprit carabin", souligne Le Progrès. D'autres, toutefois, pointent du doigt une "blague" douteuse. C'est le cas d'une agente du service. Choquée par ce questionnaire, elle a décidé de contacter la FA-FPH, le 20 décembre dernier. Dans la foulée, la direction des HLC a retiré le document de l'établissement. Une réaction insuffisante pour la FA-FPH. "La direction a balayé le sujet d'un revers de la main, en retirant le questionnaire du service, sans autre sanction", s'indigne la secrétaire générale du syndicat, citée par Le Progrès.
"C'est un environnement de travail toxique"
De son côté, la direction assure avoir diligenté une enquête interne dès le lendemain de l'alerte syndicale. "Rapidement identifiés, les auteurs du questionnaire ont été fermement rappelés à l'ordre. Ils ont exprimé leurs regrets, indiquant avoir vouloir faire "une blague"", maintiennent les HLC, dans un communiqué.
L'histoire ne s'arrête pas là, car l'employée ayant dénoncé ce questionnaire aurait été identifiée par ses collèges. Quelques jours après son alerte, lors de sa prise de service, elle dit avoir été accueillie par un agent brandissant sous son nez un sexe en plâtre. Selon les informations du Progrès, elle aurait ensuite subi une série d'agressions verbales. "Je suis très angoissée. Mon devenir est flou. Je suis mise à l'écart, je ne suis pas la bienvenue, a en effet indiqué la soignante, désormais en arrêt de travail, au micro de BFMTV. C'est un environnement de travail qui est toxique […] On a l'impression que [c'est une] cours de récréation où chacun, au final, fait ce qu'il veut."
Face à ces faits, et un an après la demande du Gouvernement de retirer toutes les fresques à connotation sexuelle dans les services des hôpitaux, la FA-FPH reproche à la direction son "inertie". Le syndicat lui a, en effet, transmis une alerte de "danger grave et imminent". "Les conditions réglementaires de "danger grave et imminent" n'étaient pas établies, mais la situation a été prise très au sérieux par la direction de l'établissement", estiment, de leur côté, les HCL, cités par Le Figaro. Une enquête administrative a été lancée le 26 décembre "pour déterminer les circonstances précises de cet incident et d'en établir les responsabilités".
[avec Le Progrès, Le Figaro et BFMTV]
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