AP-HP

Des urgentistes qui truquent les tableaux de garde : cette affaire qui ébranle l’AP-HP

Le Canard enchaîné révèle, ce mercredi 18 septembre, les pratiques de certains médecins urgentistes de l’Assistance Publique – Hôpitaux de Paris (AP-HP) qui s’inscrivent sur les tableaux de garde alors qu’ils ne travaillent pas.  

18/09/2024 Par Louise Claereboudt
AP-HP

Révélation choc dans Le Canard enchaîné ce jour. L’hebdomadaire publie un article dans lequel il pointe les "magouilles" de certains médecins urgentistes de l’AP-HP qui truqueraient les tableaux de garde à des fins financières. Selon nos confrères, des praticiens du Samu s’inscriraient sur les tableaux de présence alors même qu’ils ne travaillent pas, et ce afin de bénéficier de récupérations et d’indemnités de service public auxquelles ils ne devraient pas avoir droit. Certains profiteraient par ailleurs de ces gardes non travaillées pour exercer ailleurs, dans le privé notamment, cumulant ainsi les salaires. 

Selon Le Canard enchaîné, à l’été 2023, il a été demandé au Pr Frédéric Adnet, qui venait de prendre la tête du Samu de Paris en remplacement du Pr Pierre Carli, de se pencher sur ces pratiques frauduleuses vraisemblablement anciennes. L’AP-HP assure à l’hebdomadaire satirique avoir "procédé à des vérifications" au titre des années 2022 et 2023. Un médecin du Samu aurait déjà été sommé de rembourser plusieurs milliers d’euros. Une somme "ridicule eu égard à la triche", a commenté un urgentiste de l’hôpital Necker auprès de nos confrères.

 

Une mission d'inspection 

S’estimant lésées par ces pratiques, deux médecins du Smur pédiatrique du 93, où exerçait le Pr Carli avant d’arriver au Samu de Paris, ont, en outre, décidé de saisir le tribunal administratif de Montreuil en février 2023. Elles soutiennent que de nombreuses heures ne leur ont pas été payées, car elles auraient été imputées à leurs confrères. Elles réclament respectivement 373 746,59 et 303 630,66 euros. 

Une mission d’inspection visant à évaluer précisément l’étendue de ces magouilles a ainsi été diligentée. Son rapport, remis à la direction de l’AP-HP le 18 juin dernier et que Le Canard a pu consulter, confirme l’existence de ces pratiques. "Un médecin, par exemple, s’inscrit comme présent alors qu’il ne l’est pas, autorisant un collègue à enchaîner les gardes sans repos, jusqu’à 72 heures d’affilée, avant que celui-ci ne rende la pareille au premier", explique le journal.

Bénéfice de la combine pour les urgentistes  : "Concentrer leur travail sur quelques jours, afin de libérer des plages horaires pour leurs activités annexes." Selon nos confrères, au moins quatre médecins auraient travaillé pour d’autres employeurs alors qu’ils étaient inscrits aux tableaux de garde. "C’est évidemment inacceptable, répréhensible. Il faut mettre de l’ordre là-dedans", a réagi ce mercredi le Pr Rémi Salomon, président de la CME de l’AP-HP, au micro de Franceinfo. 

Outre la fraude financière, ces révélations soulèvent un "enjeu de sécurité pour les patients" pris en charge par des urgentistes du Samu qui ne respecteraient pas le repos obligatoire, a déclaré le ministre de la Santé démissionnaire, Frédéric Valletoux, interrogé par Le Canard.

Toujours selon nos confrères, le système de tableaux de garde a été modifié en septembre 2023 après la découverte de ce trafic. Un nouveau logiciel a été mis en place à l’AP-HP. Toutefois, soulignent les inspecteurs, ces pratiques ne seraient pas propres à la structure inspectée. D’autres Samu pourraient ainsi être concernés. 

[avec Le Canard enchaîné et franceinfo] 

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1 débatteur en ligne1 en ligne
Photo de profil de René CAMELOT
39 points
Médecine générale
il y a 1 an
La présentation de l'article n'es pas claire. S’il s’agit d'échanges de gardes sur le tableau de planification des gardes, il ne s'agit pas de gardes payées et non effectuées. Ceci pose des problèmes de sécurité mais ce n'est pas une arnaque financière. Le travail parallèle dans un autre établissement n'est peut-être pas légal mais permet à ce dernier établissement de finaliser son tableau de garde. Par ailleurs la plainte des urgentistes pédiatres (qui n'a rien à voir avec le point précédent) me semble là relever de l'arnaque à leur détriment. Ceci devrait relever de l'action de contrôle des pléthoriques services RH et comptables des hôpitaux et a minima des chefs de service !
Photo de profil de Michel Rivoal
10,8 k points
Débatteur Passionné
Anesthésie-réanimation
il y a 1 an
Je trouve la plupart des commentaires étonnamment complaisants. Oui au premier chef, cela pose un problème de sécurité. Non ce n'est pas anodin de gruger l'administration ou de la rendre complice car cela ruine les efforts d'améliorer le statut et la rémunération des praticiens effectuant les gardes dans les autres structures et qui rament pour remplir les tableaux et effectuer réellement leur charge de travail. Oui cela engage aussi la responsabilité des chefs de services ou de pôles qui signent les listes de garde. Ça été mon cas et je n'ai jamais accepté ces pratiques! L'ambiance dans le service n'en n' a jamais été affectée. Pour les pédiatres les sommes sont considérables et je ne m'explique pas comment c'est possible sauf si elles ont été victimes de magouilles sur des gardes cachées ou fictives incluant des "prête-noms" et qui n'ont pas été honorées par la suite. Bref, merci au "canard" d'en faire la publicité et j'espère que tout ce "beau monde" sera sanctionné.
Photo de profil de Pat Bourgpat
2 k points
Débatteur Passionné
il y a 1 an
 "Un médecin, par exemple, s’inscrit comme présent alors qu’il ne l’est pas, autorisant un collègue à enchaîner les gardes sans repos, jusqu’à 72 heures d’affilée, avant que celui-ci ne rende la pareille au premier", explique le journal. Bénéfice de la combine pour les urgentistes  : "Concentrer leur travail sur quelques jours, afin de libérer des plages horaires pour leurs activités annexes." 72 heures d'affilé, ne veux pas dire l'absence de repos sur ces 72 heures. Car derrière, il y a aussi les trajets qui sont du temps perdu pour ces personnels. Une personne de ma famille travaillait sur un poste d'infirmière sur des vacations de 24 heures. Elle n'aurait pas travaillé sur des 3 huit car cela lui à permis au contraire de bien mieux s'occuper de ses enfants et de ne pas perdre sa vie dans les transports en ile de France.
 
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