Hôpital

Budget de la santé : la FHF dit stop à l'"hôpital bashing" et réclame des efforts partagés

"L'hôpital public est depuis trop longtemps le bouc-émissaire commode chaque fois qu'il s'agit de freiner les dépenses, alors même qu'il est sans doute celui qui a consenti le plus d'efforts ces dernières années", a déclaré le président de la Fédération hospitalière de France, lors d'une conférence de presse de rentrée, ce mardi 2 septembre. 

02/09/2025 Par Aveline Marques
Economie
Hôpital

"L'instabilité politique renforce chaque jour la perspective d'une saignée aveugle sur les dépenses de santé", a alerté, ce mardi 2 septembre, le président de la Fédération hospitalière de France (FHF), Arnaud Robinet. A moins d'une semaine d'un vote décisif à l'Assemblée nationale pour le Gouvernement Bayrou, le représentant de l'hôpital public a appelé "solennellement tous les parlementaires à la responsabilité" pour éviter "une politique de rabot qui n'aurait d'autres effets que d'alimenter la dégradation du service public, et donc la colère démocratique".

"Pour le projet de loi de financement de la Sécurité sociale 2026, nous sommes en train de revivre la même séquence que l'an dernier, mais en pire", a mis en garde Arnaud Robinet. "Tout laisse à penser que le PLFSS pourrait n'arriver qu'au printemps, en mars ou en avril, avec des moyens qui s'annoncent déjà insuffisants. Un Ondam à +1.8% serait historiquement bas, déconnecté de l'évolution des besoins des établissements", a-t-il pointé.

La FHF réclame un Ondam hospitalier à +3%, dont +2.5% pour la santé et +0.5% pour compenser les cotisations CNRACL. Pour le secteur médico-social, la fédération demande une hausse de +4% afin de "couvrir les mesures nouvelles et accompagner la montée en charges liée au vieillissement de la population et à la perte d'autonomie", a souligné son président.

 

"Il ne s'agit pas de demander toujours plus, nous avons conscience de la situation", a assuré Arnaud Robinet. Mais "l'hôpital public est depuis trop longtemps le bouc-émissaire commode chaque fois qu'il s'agit de freiner les dépenses, alors même qu'il est sans doute celui qui a consenti le plus d'efforts ces dernières années", a-t-il déploré, rappelant que le "traitement de choc" imposé à l'hôpital avant le Covid (12 milliards d'euros d'économies en 20 ans) a "laissé des traces profondes : pression sur la masse salariale et les effectifs, sous-investissement...". Et ce alors que l'activité reprend et que les pénuries de personnels paramédicaux se résorbent.

Plus de "visibilité" et d'équité sur les dépenses de santé

Rendant hommage aux professionnels de santé qui ont "tenu" face aux habituelles tensions estivales et à une canicule "comparable à celle de 2003", Arnaud Robinet a dénoncé une tendance à l'"hôpital bashing" et des "contre-vérités" brandies par des "responsables politiques" qualifiés de "complotistes". "Non, l'hôpital public n'a pas 30% de personnels administratifs, il n'en a que 10.6% : c'est 3 points de moins que dans les cliniques privées, qui sont à 13.6%", a-t-il tenu à rectifier. "La part de non soignants est 3 fois moins importante en France qu'en Allemagne." "L'hôpital public est performant, très performant et même ultra performant au regard des contraintes qu'il assume chaque jour, a-t-il martelé. Il prend en charge 85% des séjours de réanimation, 100% des greffes d'organe, 83% de la permanence des soins, 8 passages aux urgences sur 10, 80% de la recherche clinique."

Rejetant les "slogans faciles" et des "rabots aveugles", la FHF réclame plus de "visibilité" et d'équité sur les dépenses de santé. "Oui l'effort est nécessaire, mais pourvu qu'il soit juste, a lancé son président. Ce que nous refusons, c'est un effort déséquilibré qui pèserait encore et toujours sur les mêmes, c’est-à-dire sur l'hôpital et les établissements médico-sociaux publics.

"Trop souvent", cet été, les hôpitaux ont dû "composer avec les fermetures ou réductions capacitaires non partagées et non anticipées d'établissements privés voisins"

Considérant que les "principaux leviers d'efficience ne se situent pas au niveau des établissements" mais des territoires et de l'organisation des soins, la fédération a de nouveau appelé à une loi de programmation en santé permettant de mettre en œuvre des réformes structurelles. Elle soulève des "pistes d'économies" : réduction de tarifs "dans certaines filières comme certains actes de radiologie conventionnelle" –"ce qui permettrait jusqu'à 300 millions d'euros d'économies", investissement dans la transition écologique et énergétique, "lutte contre le gaspillage médicamenteux et optimisation des prescriptions", développement de la "responsabilité populationnelle" qui a fait ses preuves dans le diabète de type 2 (baisse d'un tiers du nombre de passages aux urgences)… 

"Il faut rendre des comptes sur l'utilisation des deniers publics", a également lancé le président de la FHF, ciblant le secteur privé. "Toute autorisation d'activité doit s'accompagner d'une exigence de permanence des soins, on ne peut plus accepter qu'une maternité ou un service ferme du jour au lendemain, laissant aux hôpitaux publics la charge d'assumer l'impossible." "Trop souvent", cet été, les hôpitaux ont dû "composer avec les fermetures ou réductions capacitaires non partagées et non anticipées d'établissements privés voisins", a pointé la déléguée générale de la FHF, Zaynab Riet [voir encadré]. "Nous avons besoin de réformes structurelles pour recentrer les moyens sur les établissements qui assurent l'essentiel des prises en charge, y compris durant l'été.

Cet été, 12% des établissements ont dû fermer au moins une fois leurs urgences :

La FHF a reconduit cette année son enquête flash sur les urgences, avec un taux de réponse atteignant 90% des CHU et 60% des CH. "A l'été 2025, les établissements indiquent que la situation des urgences est majoritairement (50%) stable en comparaison à l'été 2024", rapporte la FHF ; 30% estiment qu'elle s'est dégradée, 20% qu'elle s'est améliorée. 

Les principales difficultés sont relatives au manque de lits d'aval en MCO (61% des hôpitaux), en SMR (45%) ou en psychiatrie (38%), ainsi qu'au manque de personnels de médicaux : une problématique remontée par 3 établissements sur 5. "Plus du tiers des répondants expliquent les difficultés de leurs urgences par la fermeture d'autres services d'urgences sur le territoire", signale la FHF. 

Cet été, 31% des hôpitaux ont mis en place une régulation préalable par le 15 pour l'accès au SAU et/ou une réorientation à l'arrivée aux urgences. "Seuls" 12% des établissements ont dû fermer au moins une fois leurs urgences durant l'été, contre 18% l'an dernier. "Les répondants déclarent pour 38% d'entre eux que la médecine de ville a été fortement ou partiellement mobilisée durant l'été" ; "ils sont 72% à indiquer que les cliniques ont été faiblement, voire pas du tout mobilisées durant l’été". 

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Claire FAUCHERY

Claire FAUCHERY

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2 débatteurs en ligne2 en ligne
Photo de profil de JACQUES R
3 k points
Débatteur Passionné
Biologie médicale
il y a 3 mois
Robinet ose dire que les hôpitaux sont sous administrés ???? C'est ahurissant.
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7,5 k points
Débatteur Passionné
Médecins (CNOM)
il y a 3 mois
Hallucinant de dire que la masse administrative est sous représentée...
Photo de profil de OLIVIER PERRIN
2,9 k points
Débatteur Passionné
Médecine générale
il y a 3 mois
Et moi je dis stop au médecin de ville bashing !
 
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