Suivi des résidents en Ehpad : les médecins coordonnateurs dénoncent un décret qui met "à la porte" les médecins traitants
Le décret paru au Journal officiel le 5 septembre modifie les missions des médecins coordonnateurs en Ehpad, en leur permettant d'assurer le suivi médical des résidents qui le souhaitent et de réaliser des prescriptions.
La situation risque d'être "intenable" au sein des Ehpad, alertent dans un communiqué commun diffusé ce vendredi 17 octobre, quatre syndicats et associations représentant les médecins coordonnateurs*. En cause, le décret paru le 5 septembre dernier au Journal officiel qui reconnaît et définit le rôle et les missions des infirmiers coordonnateurs, modifie celles des médecins coordonnateurs et "prévoit les modalités du recours à la télécoordination".
Le texte stipule ainsi que "l'infirmier coordonnateur participe à la coordination de l'équipe paramédicale, à l'organisation et à la qualité des soins paramédicaux réalisés par l'équipe soignante et contribue aux projets d'amélioration continue de la qualité des soins". Il "concourt à l'exercice des missions des médecins coordonnateurs".
Ces derniers se voient attribuer une mission supplémentaire. Outre la prise en charge des résidents en "situation d'urgence" ou en cas d'incapacité de leur médecin traitant d'intervenir dans l'établissement, le décret leur permet désormais d'"assurer le suivi médical des résidents qui le souhaitent, et réaliser pour ceux-ci des prescriptions médicales".
Le coordonnateur réduit à "un prescripteur de médicaments"
Pour les représentants des praticiens, ce décret trahit l'esprit du décret du 26 avril 1999 qui garantissait la qualité des soins en Ehpad, en réduisant le médecin coordonnateur "à un prescripteur de médicaments". "Faire du médecin coordonnateur un médecin prescripteur sur son temps de coordination aura pour conséquence qu’il ne fera plus que de la prescription, ce qui mettra à la porte les médecins traitants généralistes là où il y en a encore ! Quelle aubaine à l’heure des économies de santé recherchées à tout prix sur le dos des assurés", pointent syndicats et associations.
"Comment le médecin coordonnateur assurera-t-il la continuité des soins à lui tout seul sur un temps partiel ? Par contre, il gardera l’entière responsabilité des missions de coordination qu’il ne pourra plus assurer", alertent les signataires de ce communiqué, prédisant que ce décret aura pour conséquences de réduire les effectifs des médecins et de faire fuir les généralistes.
Par ailleurs, "le risque est grand de réduire ainsi la coordination à la seule télécoordination", ce qui favoriserait la mise en place de "soins au rabais pour des résidents polypathologiques et très vulnérables".
*Syndicat national de gérontologie clinique (SNGC), Association nationale des médecins coordonnateurs et du secteur médico-social (MCOOR), Fédération française des associations de médecins coordonnateurs en Ehpad (FFAMCO), Syndicat des médecins coordonnateurs, Ehpad et autres structures, généralistes et spécialistes (SMCG-CSMF)
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