Perte du forfait structure : et si c'était "le prix de la liberté" des médecins ?

20/04/2022 Par S. B.
Ça vous a fait réagir
S'ils ne sont pas engagés dans une démarche de prise en charge coordonnée, les médecins libéraux ne pourront plus bénéficier du forfait structure en 2023. Un manque à gagner de près de 3.000 euros qui a ulcéré certains praticiens menaçant de déplaquer quand d'autres ont décidé d'en profiter pour avoir plus de liberté et moins de comptes à rendre.

    Les médecins libéraux ont jusqu’à la fin de l’année 2022 pour s’engager dans une démarche de prise en charge coordonnée reconnue par les tutelles, sinon ils perdront le bénéfice de leur forfait structure 2023. La Cnam a en effet fait évoluer le forfait structure dans le cadre de l’avenant 7, signé en août 2019. Cet avenant prévoit de valoriser l’engagement des médecins libéraux dans une démarche de soins coordonnés. Ainsi, d’année en année, l’indicateur 3 du volet 2 du forfait structure (« Engagement dans une démarche de prise en charge coordonnée des patients ») a rapporté davantage de points, jusqu’à 120 points en 2020 et 2021. Ultime étape cette année : l’indicateur passe dans le volet 1 et devient donc « un pré-requis pour bénéficier du forfait structure ». "Au 31 janvier de cette année, 38 500 médecins libéraux ont déclaré être en exercice coordonné, dont 25 600 médecins généralistes et 12 900 médecins spécialistes, sur un total de 110 à 120.000 médecins libéraux. Ce qui veut dire qu’à l’heure actuelle, pratiquement les deux tiers des médecins libéraux risquent de ne pas remplir les conditions et de voir leur forfait structure supprimé. Quant aux autres, ce n’est que du déclaratif, il n’y a pas eu de contrôle. Vu la pression mise par le Gouvernement sur la nécessité d’être en exercice coordonné, on peut s’attendre à ce que la Cnam ne se contente pas d’une déclaration", indiquait le Dr Luc Duquesnel dans une interview donnée à Egora le 12 avril dernier. La potentielle perte de ce forfait n'a pas manqué de faire réagir les lecteurs d'Egora. Florilège.  

"Nous avons tout simplement décidé d'y renoncer"

Par Phephet "Dans notre cabinet de groupe nous avons tout simplement décidé d'y renoncer. Ras le bol de courir après ces forfaits en tout genre. De financer des mises à jour logiciel a un prix fou (DMP, nouvelles normes de télétransmission, ...) que parfois nous n'avons jamais utilisé. Ok nous allons perdre 3 ou 4000 euros (brut doit-on le rappeler, beaucoup moins en réalité), mais c'est le prix de la liberté et nous épargnera à l'avenir les investissements et les obligations qui nous serons imposés. Pas sûr qu'au bout du compte que nous perdrons autant qu'on nous l'annonce !"  
 

"Une fabuleuse économie"

Par Cessole "La 1 ère façon pour la sécu de faire des économies. Obliger à passer par ses fourches caudines, et en durcissant clairement les critères, quitte à ce qu'ils soient inacceptables, de façon à ce que les médecins ne les remplissent pas. Le meilleur exemple, le SAS, tellement prohibitif qu'on n'a qu'une envie, ne surtout pas s'y engager. Une fabuleuse économie, honteusement présentée comme une rémunération substantielle pour les médecins. Il faut être débile, ou habité par une foi incommensurable pour s'installer médecin aujourd'hui. Continuez, messieurs les décideurs, à étendre les déserts médicaux."
 

"On le découvre en 2022"

Par Marianne_D_2 "C'est signé en 2019, on le découvre en 2022, qui a communiqué sur ce sujet? ni les syndicats ni la CNAM ou alors de façon tellement furtive que seuls quelques rares initiés étaient au courant....encore 5 ans avant la retraite, et je ne ferai pas de rab! ou cumul emploi retraite comme on dit; les mêmes qui ont inventé le MICA qui maintenant voudraient bien nous voir travailler jusqu'à 75 ans!!!"    


"Je ne perds pas grand-chose en partant plus tôt que prévu"

Par Jacques_B_8 "Bien d'accord avec vous !!! Pour ma part je pars à la retraite dans quelques mois, en anticipant quelque peu l'âge du taux plein... Si l'on calcule les cotisation sécu + la CSG + les impôts, je ne perds pas grand-chose en partant plus tôt que prévu !"  





"Exigences de plus en plus grandes"

Par Dominique_S "Bien sûr qu'il fallait s'attendre à des exigences de plus en plus grandes en contrepartie des fameux forfaits. Ce n'était pas une raison de le refuser le ROSP. Après à chacun de faire son choix : Le jeu en vaut-il la chandelle? Si oui, on s'exécute. Sinon on renonce. Perso je suis très content de mon forfait structure pour 2021. J'ai pris ma retraite le 31 mars 2021 et ma déléguée sociale m'a annoncé un versement pour 3 mois, identique à celui à ceux des années précédentes pour 12 mois, soit 2940€. Confirmation à la fin de ce mois..."  



"Je déplaque"

Par Pierre31_1 "Effectivement , s'ils le veulent comme ça : à force de me les briser menu, je déplaque , j'irai remplacer quand je veux , ou bien  trouver un travail  "normal" payé 35H pour un travail de 35 H et non payé 35H pour 55 H de travail effectif !!!! Mais, conséquence mon malade atterrira aux urgences, et ça coutera 227 euros à la Cnam. 10 fois plus que le coût de ma consultation !!! Je pense que le directeur de la Cnam sera décoré de la Légion d'Honneur , pour ce magnifique résultat ..."  



"Assistés gouvernementaux"

Par Al Hunget "C'est un choix financier que l'on ne peut faire qu'en fin d'exercice, pour des raisons pécuniaires. Il n'y aura pas beaucoup, voire pas du tout de réévaluation du C, mais des forfaits en tout genre. Nous sommes devenus comme les agriculteurs ou les marins pécheurs des assistés gouvernementaux..."  




"Convention obsèques"

Par Bozboz "Il a une vision de la médecine, et une démarche coordonnée pour arriver à ses fins (et à la notre) la voici :  La taca-taca-taca-tac-tactique du président ! En théorie, sur le papier, pour s’attacher les services de médecins dociles, aux ordres, au garde à vous, sous tutelle, le principe est simple, presque simpliste : Premier temps, en tant que maître du jeu, notre décideur s’engage dans une démarche coordonnée avec les caisses (et nombre de nos syndicats) de développement de forfaits contre objectifs, au début, ils sont obtenus moyennant peu de contraintes, ainsi il appâte, il attire les médecins sur son terrain, il les habitue à l’attribution d’une rente contre services rendus . Second temps, il rend les professionnels ciblés financièrement de plus en plus dépendants de ces forfaits. Ces derniers voient, année après année, leurs montants augmenter régulièrement, durant le même temps, les actes de base, eux, ne sont jamais revalorisés. Troisième temps, maintenant que ces sommes sont devenues suffisamment rondelettes pour être indispensables au bon fonctionnement de nombreux cabinets, c’est le moment qu’il choisit pour ferrer les libéraux, en chamboulant les objectifs à atteindre, objectifs conditionnants le maintien des forfaits . Le choix est simple, presque simpliste vous disais-je, soit les professionnels se soumettent aux nouvelles règles, à ses règles du jeu, à sa vision de l’organisation des soins, soit, ben, soit ils l’ont dans le cul ! Et voilà le travail, emballé c’est pesé, avec, "La taca-taca-taca-tac-tactique du président ". En signant l’avenant 7 de la convention nationale organisant les rapports entre les médecins libéraux et l’assurance maladie, nos syndicats n’ont-ils pas, en quelque sorte, signé notre convention obsèques ?"

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