Régulation de l'installation : "La contrainte ne fonctionnera pas en période de pénurie de soignants !", estime Agnès Buzyn
Interrogée par le magazine Marianne, Agnès Buzyn a appelé les Français "à tenir bon" face aux difficultés d'accès aux soins. "Jusqu'en 2030, nous affronterons des années difficiles", a prévenu l'ancienne ministre de la Santé, pour qui la régulation de l'installation des médecins n'est pas une solution.
"En 2017, à peine installée au ministre de la Santé, j'ai compris que nous courions à la catastrophe", a affirmé Agnès Buzyn, dans une interview accordée à Marianne samedi 17 mai. Interrogée sur les difficultés d'accès aux soins en France, l'ancienne ministre de la Santé a rappelé avoir proposé un plan d'action contre les déserts médicaux qui, selon elle, a "amorti un peu le choc". "Jusqu'en 2030, nous affronterons des années difficiles, a prédit la médecin de profession. Il faut tenir bon ! Le nombre de spécialistes va bien réaugmenter, puis celui des généralistes."
"La modernisation de notre modèle de soins engagée par ma loi Santé 2022 va porter ses fruits : les Français seront mieux soignés par des équipes multidisciplinaires, officiant dans des centres de santé numérisés, que par des praticiens isolés", espère Agnès Buzyn.
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Alors que la proposition de loi du député Guillaume Garot contre les déserts médicaux a été adoptée le 7 mai par les députés, l'ex-ministre de la Santé ne voit pas la régulation de l'installation des praticiens comme une solution. "La contrainte ne fonctionnera pas en période de pénurie de soignants !", insiste-t-elle.
Consultations élargies, plages horaires "plus larges"
"Des milliers de postes de médecin sont à pourvoir dans les Ehpad, les écoles, les centres de santé. Les généralistes d'aujourd'hui – des femmes à 70% qui s'établissent vers 35 ans – appréhendent de s'installer seuls […] Aussi ces élus qui plantent des pancartes 'cherche médecin' à l'entrée de leur bourg, ou, pis, débauchent un professionnel voisin en l'arrosant d'une prime d'installation, sont à rebours de l'évolution de notre médecine au XXIe siècle", détaille Agnès Buzyn, auprès de nos confrères.
Pour améliorer l'accès aux soins, l'ex-locataire de Ségur appelle notamment les élus à inciter les praticiens à tenir des "consultations avancées" "bonifiées dans les territoires mal dotés", et "à travailler sur des plages horaires plus larges". Elle invite, par ailleurs, à accroitre le tarif de la consultation des généralistes :"Il faudrait qu'ils gagnent plus, en répondant aux besoins des Français."
[Avec Marianne]
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