Il voulait s'installer comme médecin généraliste dans un village d'Ardèche, un urgentiste recalé par l'Ordre

20/02/2024 Par Louise Claereboudt
Démographie médicale
Le praticien d'origine congolaise a obtenu un diplôme de médecine d'urgence en France, mais son diplôme de médecine généraliste congolais n'est pas reconnu dans l'hexagone.  

 

La maire de Saint-Étienne-de-Lugdarès ne décolère pas. Auprès de nos confrères du Dauphiné libéré, elle témoigne de son "incompréhension". Le village d'Ardèche, qui n'a plus de généraliste depuis 2012, était parvenu à attirer un candidat à l'installation : un urgentiste d'un hôpital des Bouches-du-Rhône prêt à se lancer dans une nouvelle aventure. "Pour nous c'était acquis puisque l'Ordre des médecins nous avait dit qu'il suffisait qu'il demande sa mutation du département 13 pour venir chez nous, en Ardèche. Et qu'à réception de ce document, il pourrait s'installer." 

Attendu comme le Messie, le praticien avait déjà loué un appartement, et s'était présenté aux habitants, soulagés, lors des vœux de la commune. Oui mais voilà, le Conseil départemental de l'Ordre des médecins (Cdom) s'y est finalement opposé. En cause : le candidat dispose seulement d'un diplôme d'urgentiste français. Il a bien obtenu un diplôme de généraliste au Congo – son pays d'origine -, mais ce dernier "n'est pas reconnu" dans l'hexagone, déplore la maire Françoise Benoît.

 

 

S'il veut tout de même s'installer à Saint-Étienne-de-Lugdarès, le praticien étranger deva passer en deux ans son diplôme de médecine générale pour être dans les règles, indique à nos confrères de France bleu la Dre Nathalie Simon-Arlhac, présidente du Cdom d'Ardèche.  

Selon la maire du village, le praticien est aujourd'hui "très découragé". "Il a dit qu'il n'avait plus envie de faire de formation, et qu'il n'avait plus besoin de prouver ses compétences [après avoir] exercé pendant 7 ans dans des hôpitaux français." Pour Saint-Étienne-de-Lugdarès, c'est donc un "retour à la case départ". Les 400 habitants devront se rendre à la commune de Langogne, en Lozère, pour se soigner. Mais sans aucune certitude, car là-bas, les médecins "sont surchargés", précise la maire, démunie.  

[avec France Bleu et Le Dauphiné libéré

1 débatteur en ligne1 en ligne
Photo de profil de DOMINIQUE DROUHIER
228 points
Gastro-entérologie et hépatologie
il y a 2 ans
C'est un problème ubuesque et malheureusement assez fréquent. Ce médecin a donc exercé comme urgentiste sept ans dans les hôpitaux publics. Ces derniers ont dû se soucier de savoir s'il était médecin...Un urgentiste est-il capable d'être généraliste?? Question très très importante pour les généralistes qui sont curieusement spécialistes en médecine générale, titre auquel ils sont très attachés. Là encore, on marche sur la tête et on devrait dévisser la plaque du Conseil de l'Ordre de l'Ardèche pour la placer à l'envers. Le bon sens est ce qui manque le plus à notre pauvre pays....en médecine aussi!!
Photo de profil de Eric SEMERIA
2,3 k points
Débatteur Passionné
Chirurgie plastique reconstructrice et esthétique
il y a 2 ans
Le désespoir çà fait faire n'importe quoi Je suis d'accord avec mes confrères sur la pertinence de garder nos valeurs d'excellence médicales et de ne pas les brader par le simple fait que l'on manque de médecin actuellement On a déjà du mal avec les médecins de l'EU (pologne, hongrie, .....) alors les autres !!!!! Je ne suis pas pour leur non intégration mais dans un contexte de sauveur et avec une sérieuse remise à niveau Donc le problème reste entier
Photo de profil de François `volff
760 points
Débatteur Passionné
Médecine générale
il y a 2 ans
Je ne connais pas le niveau des études médicales au Congo, en supposant que son diplôme est authentique. 10% des diplômes étrangers examinés par le C.O. sont des faux. On demande volontaires pour être soignés dans ces conditions.
 
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