Droit des médecins retraités à prescrire pour leurs proches : l'Ordre rassure

Il y a une semaine, Egora publiait l'histoire de la Dre Josiane Peniot*, une généraliste retraitée depuis 16 ans qui avait décidé de reprendre du service en téléconsultation via la plateforme Medadom. Celle-ci s'était émue dans nos colonnes d'avoir été suspendue par l'Ordre pour "insuffisance professionnelle" six mois à peine après avoir renfilé la blouse. Cette décision, rendue après réalisation d'un rapport d'expertise, lui interdit de prescrire des médicaments pour elle-même ou pour ses proches. Ce que la septuagénaire a vivement dénoncé sur Egora.

A la suite de la parution de cet article, Egora lançait un débat sur sa plateforme dédiée : "Faut-il mettre fin à la possibilité pour un médecin retraité de prescrire pour lui-même ou pour ses proches ?". Question à laquelle 97% des 871 répondants* ont répondu "non". "On laisse les plus de 90 ans conduire sans aucune vérification des capacités. Pourquoi devrait-on priver de prescription un médecin retraité ?", interroge un lecteur, médecin. A l'heure où l'on manque de praticiens sur le terrain, remettre en cause cette autorisation de prescrire serait "un comble", juge quant à lui un généraliste.

Face aux inquiétudes qui ont découlé de ce débat, l'Ordre des médecins a souhaité rappeler sa position par voie de communiqué de presse, transmis ce vendredi 6 décembre à Egora. L'instance réaffirme d'abord "le rôle essentiel des médecins retraités" : "qu'ils poursuivent ou non encore une activité", ces praticiens "sont d’une aide précieuse dans la réponse quant à l’offre de soins et à la prévention, tout particulièrement dans le contexte actuel d’une démographie médicale déficitaire."

S'agissant des médecins qui exercent en cumul emploi-retraite, le plus souvent à temps partiel, l'Ordre rappelle son "attachement à ce que les médecins puissent poursuivre leurs prescriptions en toute indépendance, cela dans le respect du cadre réglementaire connu". "Concernant les médecins retraités sans activité professionnelle, l’Ordre rappelle le droit des médecins retraités à prescrire pour leurs proches, dans l’esprit de responsabilité des médecins prescripteurs", écrit également l'instance.

Auprès d'Egora, le Pr Stéphane Oustric, délégué général aux données de santé et au numérique du Cnom, a également tenu à clarifier ses propos tenus dans l'article sur le cas de la Dre Peniot. L'élu indiquait que l'autorisation de prescription accordée de fait à tout médecin retraité inscrit au tableau de l'Ordre, appartenait aux "vieilles coutumes". "Cela risque de revenir sur la table un jour car nous avons beaucoup de problèmes avec des confrères âgés." Ce vendredi, l'élu a précisé que ce qui pose problème ce sont les cas de "médecins retraités qui se trouvent en situation d'insuffisance professionnelle, comme le cas évoqué ici".

"Quand, dans le cadre d'une procédure accompagnée d'une expertise, un médecin est déclaré en insuffisance professionnelle - l'interdisant d'exercer tant qu'il ne s'est pas remis à niveau – ce n'est pas possible qu'il [prescrive] pour sa famille et ses proches", a-t-il ajouté. Dans le cas de la Dre Peniot "ce n'est pas le fait d'être à la retraite" qui bloque, mais bien qu'elle ait été suspendue pour insuffisance professionnelle à la suite de sa demande de reprise d'exercice, selon le Pr Oustric, soulignant l'apport précieux des médecins retraités dans la réponse aux demandes de soins. Pour le représentant de l'Ordre, ce qui doit primer dans le cadre d'une reprise d'activité d'un médecin retraité, "c'est avant tout de s'assurer qu'on reprenne sans perte de chance pour les patients".

*prénom et nom ont été modifiés

**lecteurs authentifiés d'Egora.