Une dysfonction thyroïdienne maternelle en début de grossesse n’a aucun impact sur la future scolarité de l’enfant

28/02/2018 Par Pr Philippe Chanson
Endocrinologie-Métabolisme

Une hypothyroïdie franche ou infraclinique affecte jusqu’à 10 % des grossesses en fonction des normes de laboratoire utilisées. Des études cas-témoins ou des études de cohorte ont suggéré qu’une dysfonction thyroïdienne maternelle avec des concentrations basses d’hormones thyroïdiennes, en particulier au cours du 1er trimestre, pouvait être associée à une réduction de la fonction intellectuelle des enfants et à une altération des processus cognitifs chez les enfants exposés.

Deux essais contrôlés, randomisés, d’un traitement par lévothyroxine chez des mères dont on venait de diagnostiquer l’hypothyroïdie n’ont néanmoins pas observé de réduction de la fonction cognitive à l’âge de 3 ou de 5 ans en comparaison de mères non traitées. La recommandation clinique actuelle indique qu’un traitement est nécessaire chez les mères ayant une dysfonction thyroïdienne en attendant de connaître les effets intellectuels à long terme. Dans le cadre d’une étude prospective de cohorte, l’étude AVON (Longitudinal Study of Parents and Children Cohort in the UK), 4 615 paires de mères/enfants dont la mère avait eu un prélèvement sanguin au cours du 1er trimestre de la grossesse (en moyenne à la 10ème semaine de grossesse) ont été enrôlées dans l’étude. 3 580 enfants ont été évalués à 54 mois et 4 461 à la fin de leur scolarité, à l’âge de 15 ans. Aucune association ayant une signification clinique n’a été trouvée entre la T4 libre ou la TSH du 1er trimestre et les scores d’évaluation à l’entrée à l’école ou les scores d’évaluation standard à tous les stades de la scolarité. L’association entre la T4 libre maternelle et la TSH avec le nombre total des examens passés au cours de la scolarité était proche de 0 : pour la T4 libre, le rapport des taux par pmol/l était de 1 (IC 95 % 1-1.01) ; pour la TSH il était de 0.98 (0.94-1.02). Aucune relation importante n’a été observée, que les scores plus détaillés prennent en compte à la fois le nombre et le niveau de réussite ou que les performances linguistiques, en mathématiques ou en sciences soient examinées de manière individuelle, ou que toutes les évaluations éducatives aient été considérées chez un individu depuis l’entrée à l’école jusqu’à la fin de la scolarité.  200 (4.3 %) mères étaient nouvellement identifiées comme ayant une hypothyroïdie ou une hypothyroïdie infraclinique et 97 (2.1 %) avaient une hyperthyroïdie franche ou une hyperthyroïdie infraclinique. Les enfants des mères ayant une dysfonction thyroïdienne obtenaient un nombre équivalent d’examens au cours de leur scolarité et des grades équivalents à ceux des enfants des mères ayant une euthyroïdie. En conclusion, la dysfonction thyroïdienne maternelle en début de grossesse n’est donc pas associée de manière cliniquement importante à un trouble quelconque du développement des enfants ou à l’obtention d’un niveau éducatif correct.

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