Réchauffement climatique : un nouveau rapport du Lancet chiffre l'impact sur la morbimortalité

17/11/2023 Par Marielle Ammouche
Santé publique
Si rien n’est fait, le nombre de décès liés à la chaleur pourrait être multiplié par 5 d’ici 2050.
 

Comme chaque année, The Lancet publie son rapport « Compte à rebours sur la santé et le changement climatique »*, issu d’une collaboration de recherche internationale qui surveille de manière indépendante l’évolution des impacts du changement climatique sur la santé. Pour cette 8 ème édition, les 114 scientifiques de 52 instituts de recherche et agences des Nations Unies dans le monde, se sont penchés plus spécifiquement sur le réchauffement climatique. Ces nouvelles données confirment et précisent l’impact majeur de ce phénomène sur la mortalité et la morbidité mondiale.   Des conséquences directes et indirectes « Avec un réchauffement moyen actuel sur 10 ans de 1,14°C au-dessus des niveaux préindustriels, le changement climatique a un impact croissant sur la santé et la survie des populations du monde entier, et les projections montrent que ces risques pourraient s'aggraver fortement en cas d'inaction continue », introduit le rapport. En 2023, le monde a battu des records de chaleur et connu les températures les plus élevées depuis plus de 100 000 ans, rappellent les experts. Le nombre de jours de canicule a doublé entre 1986 et 2005. L’impact sur la mortalité, en particulier chez les plus vulnérables, est clair. Les décès liés à la chaleur chez les plus de 65 ans ont ainsi augmenté de 85 % par rapport à la période 1990-2000. Les régions touchées par une sécheresse extrême sont passées de 18 % de la superficie mondiale en 1951-60 à 47 % en 2013-2022, avec des conséquences majeures sur l’approvisionnement en eau, l’assainissement et la production alimentaire. Ces nouvelles conditions climatiques exposent aussi à des maladies infectieuses potentiellement mortelles, telles que la dengue, le paludisme, le virus du Nil occidental ... Les risques sont aussi indirects via l’impact économique sur les populations, et amplifient les inégalités en matière de santé. « Dans le rapport de cette année, de nouvelles projections révèlent les dangers de nouveaux retards dans l'action, chaque aspect sanitaire suivi s'aggravant à mesure que le climat change », soulignent les experts. Ainsi, si les températures continuent d’augmenter (dans un scénario ou elles ne dépassent pas 2°), les scientifiques estiment que les décès annuels liés à la chaleur devraient augmenter de 370 % d’ici 2050. Près de 525 millions de personnes supplémentaires pourraient connaître une insécurité alimentaire modérée à sévère d’ici 2041-60. Et l’incidence de la dengue pourrait augmenter de 36 à 37%. « Alors que le monde se dirige actuellement vers une température de +3°C, tout retard supplémentaire dans l’action contre le changement climatique menacera de plus en plus la santé et la survie de milliards de personnes vivant aujourd’hui », insiste le rapport.   Des lueurs d’espoir
  Les auteurs appellent à réaliser un effort majeur et urgent sur la réduction des émissions de carbone, et à garder l’objectif de réchauffement de 1,5° fixé par l’accord de Paris. Ils citent quelques éléments encourageants de progrès qui « donnent un aperçu des énormes bénéfices humains que pourrait apporter une action centrée sur la santé ». Ainsi, les décès imputables à la pollution atmosphérique provenant des combustibles fossiles ont diminué de 15,7 % depuis 2005 ; la grande majorité de cette baisse (80 %) étant liée à la baisse du charbon. Et le secteur des énergies renouvelables est en plein essor. En outre, « la compréhension scientifique des liens entre santé et changement climatique se développe rapidement » assure le rapport, et il semble exister une réelle prise de conscience des dimensions sanitaires du changement climatique par les pouvoirs publics. « Les ambitions de l’Accord de Paris sont encore réalisables, et un avenir prospère et sain est encore à notre portée. Mais les efforts et les engagements concertés des professionnels de la santé, des décideurs politiques, des entreprises et des institutions financières seront nécessaires pour garantir que la promesse d’une action climatique centrée sur la santé devienne une réalité qui offre un avenir prospère pour tous », conclut le rapport.

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6 débatteurs en ligne6 en ligne
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Débatteur Passionné
Anesthésie-réanimation
il y a 2 ans
Je le trouve un tantinet optimiste le Lancet de « dire » que les accords de Paris sont encore atteignables. D’autres sources disent que la fonte de certains glaciers antarctiques sont irréversibles, que le pergélisol non seulement dégèle mais si des cratères spectaculaires s’effondrent c’est surtout la libération de méthane qui vient aggraver la situation. Qu’on est sur une trajectoire de + 4°, Etc… Alors je sais bien qu’il vaut mieux motiver que désespérer les gens. Mais quel séisme faut-il pour que les dirigeants des pays de cette planète admettent qu’il FAUT agir. Tout de suite et partout. Les paradoxes des sécheresses et des inondations, l’aggravation de la force des tempêtes, la « migration » des insectes et des maladies dont ils sont les vecteurs quand ils ne sont pas destructeurs des pollinisateurs ne sont pas des signes encourageants. Maintenant, pour « tuer »les populations ces mêmes dirigeants connaissent d’autres moyens comme la guerre ou les actions terroristes qui s’étendent aussi vite que la déforestation. Désolé, je ne partage décidément pas l’optimisme du Lancet.
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Incontournable
Médecins (CNOM)
il y a 2 ans
Le nombre exponentiel de variables à considérer, les limites médicales à certifier les causes de décès et les progrès scientifiques me font douter de la validité de cette metaanalyse futurologique à tendance idéologique. Senior, j'ai eu à réanimer de nombreux suicidés de la fin du monde au passage à l'an 2000. Donc, permettez un conseil " vivez et doutez".
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Débatteur Passionné
Anesthésie-réanimation
il y a 2 ans
De cet "optimisme", je veux "pour preuve" l'actualisation de l'horloge de l'apocalypse. Et encore elle est actualisée que le 24 janvier de cette année. Depuis canicules et sécheresses ont frappés cet été, tempêtes et inondations cet automne. terrorisme et guerre au proche orient se sont rajoutés à la liste de "malheureux évènements". publié le 24 janvier 2023 à 18h08 Il est minuit moins 90 secondes et cela signifie que l’humanité n’a jamais été aussi proche d’un cataclysme planétaire. Le «Bulletin of the Atomic Scientists», chargé du projet symbolique de l’horloge de l’apocalypse depuis 1947, a dévoilé ce mardi lors d’une conférence de presse à Washington son nouvel horaire, censé mesurer l’imminence d’un désastre mondial. Il a été avancé de dix secondes et marque désormais 23 h 58 et 30 secondes, se rapprochant de minuit, l’heure fatidique que les scientifiques espèrent ne jamais voir atteinte. C’est un record depuis sa création. Depuis 2020, l’horloge était à 100 secondes tout rond de minuit.
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