Lien entre vaccination et autisme : la principale agence sanitaire américaine relaie une théorie antivax
La principale agence sanitaire des États-Unis évoque désormais un possible lien entre vaccins et autisme, se faisant l'écho des thèses du contesté ministre de la Santé de Donald Trump. Un revirement condamné jeudi par les scientifiques.
Dans une mise à jour de leur site internet, qui a eu lieu mercredi 19 novembre, les Centers for Disease Control and Prevention (Centres pour le contrôle et la prévention des maladies, CDC) ont radicalement changé leur réponse sur les liens potentiels entre vaccination et autisme. Jusqu'ici, l'agence sanitaire américaine rappelait que nombre d'études ont "démontré qu'il n'existe aucun lien entre la vaccination et le développement d'un trouble du spectre autistique", une conclusion partagée par l'OMS et les grandes instances scientifiques.
Mais ce texte a été en grande partie remplacé par des éléments de langage reprenant ceux du ministre de la Santé, Robert Kennedy Jr, lequel relaie depuis des années des théories complotistes sur les vaccins, notamment sur ceux contre le Covid-19. L'agence stipule désormais que son précédent démenti n'était "pas fondé sur des preuves" et accuse les autorités sanitaires d'avoir ignoré les études soutenant un tel lien.
"C'est extrêmement inquiétant", a alerté auprès de l'AFP Helen Tager-Flusberg, spécialiste de l'autisme à l'université de Boston. "J'ai l'impression que nous revenons au Moyen Âge [...] nous sapons la science en la liant aux intérêts politiques", a-t-elle déploré, estimant que ce changement créera des peurs inutiles chez les parents et les poussera à ne pas faire vacciner leurs enfants. "Nous allons connaître une augmentation significative des maladies infantiles" mortelles, a-t-elle prévenu, alors que certaines, comme la rougeole, opèrent déjà un puissant retour dans le pays sous l'effet des baisses des taux vaccinaux.
D'autres experts et soignants ont condamné avec vigueur ce changement, jugeant l'agence désormais indigne de confiance. Tandis que des associations antivaccins ont remercié le ministre de la Santé américain.
Au sein des CDC, les gens étaient "très inquiets et en colère", a confié à l'AFP une membre d'un syndicat d'employés. Le site prêtait, par ailleurs, à la confusion car il y figurait encore la mention "les vaccins ne causent pas l'autisme".
Quiconque répète ce mythe nuisible est mal informé ou cherche intentionnellement à induire les parents en erreur
La fausse théorie liant l'autisme à un vaccin infantile - celui contre la rougeole, les oreillons et la rubéole (ROR) - provient d'une étude truquée publiée en 1998, par la suite rétractée et maintes fois démentie. "Plus de 40 études de grande qualité" ont depuis été menées "sur plus de 5,6 millions de personnes", a rappelé jeudi 20 novembre Susan Kressly, présidente de l'Académie américaine de pédiatrie dans un communiqué. Et d'insister : "Quiconque répète ce mythe nuisible est mal informé ou cherche intentionnellement à induire les parents en erreur."
Depuis son entrée en fonction, Robert Kennedy Jr a amorcé une profonde refonte des agences sanitaires américaines à coup de limogeages massifs et de coupes budgétaires et a promis d'établir les causes de ce qu'il qualifie d'"épidémie" d'autisme. Cet engagement inquiète les experts en raison de la complexité du sujet, mais aussi du rôle que pourraient jouer des personnalités décriées nommées par le ministre dont David Geier, chercheur convaincu d'un tel lien. Ce dernier, qui a été reconnu coupable d'avoir pratiqué la médecine sans diplôme adéquat, a produit plusieurs études sur le sujet dont la méthodologie, les données et les résultats ont été vivement contestés.
[Avec AFP]
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