Hypertension : efficacité du régime pauvre en sel

22/12/2023 Par Marielle Ammouche
Cardio-vasculaire HTA
Une étude confirme que limiter le sodium alimentaire permet de réduire de manière significative la tension artérielle chez la majorité des adultes d'âge moyen à âgés.  

 

En cas d’hypertension artérielle (HTA), les recommandations internationales s’accordent pour conseiller de limiter l’apport en sel par l’alimentation. En pratique, ces recommandations sont assez peu suivies du fait des contraintes qu’un tel régime engendre et du risque important de faible adhérence du patient. Alors qu’en est-il réellement ? Le régime sans sel est-il utile contre l’HTA ? Les données de la littérature ne sont pas claires et l’on manquait jusqu’à présent d’études d’impact fiables dans ce domaine.  

C’est pourquoi des auteurs américains ont décidé d’en savoir plus. Ils ont mis en place une étude prospective avec croisement. Au total, 213 personnes âgées de 50 à 75 ans ont été recrutées, entre avril 2021 et février 2023. L'âge médian était de 61 ans ; 65 % étaient des femmes et 64 % étaient noirs. A l’inclusion, 20% des sujets présentaient une HTA contrôlée, 31% une HTA non contrôlée, 25% une HTA non traitée et 25% étaient normotendus. Ils ont suivi alternativement un régime riche en sodium (environ 2 200 mg de sodium ajoutés quotidiennement au régime habituel), et un régime pauvre en sodium (environ 500 mg par jour au total). Chaque période durant 1 semaine. 

Les analyses ont mis en évidence un impact du régime pauvre en sel, et ce, quels que soient l'état de l’hypertension du sujet et son utilisation éventuelle de médicaments antihypertenseurs. Ainsi, près de 3 participants sur 4 (73,4%) ont vu leur pression artérielle (PA) baisser avec le régime pauvre en sel. Et 46% ont eu une baisse de 5 mm Hg ou plus, ce qui les classe comme des individus "sensibles au sel". Les mesures médianes de pression artérielle étaient 125 mm Hg avec le régime alimentaire habituel des participants, 126 avec le régime riche en sodium, et 119 avec le régime pauvre en sodium. La variation intra-individuelle médiane de la PA moyenne entre les régimes riches et pauvres en sodium était significative, et de 4 mm Hg. En outre, cette différence était similaire quel que soit le statut d'hypertension.  

Et à la fin de la première semaine d'intervention diététique, la différence moyenne de TA systolique entre les individus affectés à un régime riche en sodium et à un régime pauvre en sodium était de 8 mm Hg, une différence statistiquement significative, et qui restait similaire, même après prise en compte de l’âge, du sexe, de la race, de l’HTA initiale, du diabète et de l’indice de masse corporelle. 

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Claire FAUCHERY

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1 débatteur en ligne1 en ligne
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Anesthésie-réanimation
il y a 2 ans
La médecine est décidemment un éternel recommencement.... Lorsque j'ai fait mes études (fin des années 1960-début 70), le régime "sans sel" était la première prescription à appliquer dans l'hypertension artérielle, décliné en différentes "gradations" (le "sans sel strict" aboutissant d'ailleurs souvent à une grève de la faim de certains patients). Il faut dire que les anti-hypertenseurs en étaient aux balbutiements: le Furosémide venait de sortir (en injectable à 20mg seulement), l'Aldomet et le Catapressan étaient ce qui se faisait de mieux et de plus moderne, et les beta-bloquants avaient à peine été découverts. Peu à peu, l'élargissement des possibilités thérapeutiques a fait passer au second plan la prescription diététique. Et les impératifs de l'industrie agro-alimentaire (le sel est un élément de sapidité qui incite à consommer davantage) ont poussé aux oubliettes le régime hyposodé. Plusieurs études, au cours des dernières décennies, en particulier en Europe du nord, ont montré l'impact sur l'hypertension et les maladies cardiovasculaires d'une simple diminution du sel dans les aliments transformés. Classé sans suite, ou presque, juste quelques mesures incitatives. Donc, c'est tout sauf un scoop. Presque enfoncer une porte ouverte! Je suis par contre surpris par la faiblesse de l'échantillon pour une étude nord-américaine : 213 personnes sur environ 2 ans, c'est vraiment "peanuts", comme on dit là-bas (à noter aussi que le total des catégories fait 101%...). Si on veut revenir à une prescription (raisonnable) de l'hyposodé, il faudra un consensus très large et indiscutable de l'ensemble du monde médical, et, preuves à l'appui, amener les gouvernants à tordre les (gros) bras des groupes industriels et de la malbouffe.
 
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