"Indignés", les médecins guyanais interpellent le gouvernement sur "l'urgence sanitaire"

13/04/2017 Par Aveline Marques

Les praticiens des deux hôpitaux guyanais, les médecins libéraux, Solidaires et le collectif "pou Lagwiyann dékolé" jugent dérisoire l'aide de 120 millions d'euros promise par le Gouvernement.

Des hôpitaux "vétustes", des plateaux techniques "insuffisants", des spécialités médicales (neurochirurgie, réa pédiatrique, chirurgie thoracique et vasculaire, hématologie, etc.) "absentes". Dans une lettre ouverte, diffusée le 6 avril, les médecins de Guyane alertent sur "l'urgence sanitaire" que représente leur territoire. Pour ces derniers, l'aide de 120 millions d'euros promise pour le pôle santé de la Guyane, dont 85 millions pour l'hôpital public, ne suffira pas à combler "un retard structurel d'environ 30 ans". "Nous ne pouvons qu’être indignés par la réponse faite à nos revendications." "La Guyane, deuxième plus grand territoire de France par la taille et par la croissance démographique, est pourtant un vaste désert médical. Vous n’êtes pas sans savoir qu’il y a un déficit criant de structures médico-sociales, de spécialités médicales et chirurgicales tant dans le domaine public que libéral", écrivent-ils, avant de rappeler les "indicateurs de santé péjoratifs du territoire": "une surmorbidité dans le domaine des maladies infectieuses, du diabète, la prématurité multipliée par 2 comparée à la métropole, la mortalité infantile multipliée par 3, la mortalité prématurée de plus de 6 ans, l'espérance de vie inférieure". "Nous vous invitons à venir vous faire soigner chez nous" Ainsi, les techniques de cardiologie interventionnelle, parfois nécessaires en urgence pour certains infarctus du myocarde, ne sont pas disponibles en Guyane. "Il faut alors envoyer les patients en Martinique ce qui nécessite jusqu’à 48h de délai, alors qu’il faudrait une prise en charge dans les 6 heures", pointent les médecins. 300 évacuations sanitaires, "qui coûtent chacune des dizaines de milliers d'euros", sont ainsi réalisées chaque année faute d'un plateau technique complet. "Nous devons suivre les enfants exposés in utero au virus Zika lors de l’épidémie de 2016, et présentant un risque de malformations. Malheureusement nous sommes en carence de pédiatres, neurologues, ORL et ophtalmologistes", alertent les auteurs de la lettre ouverte. "Notre dévouement et les compétences multiples ne suffisent plus à pallier les carences du système", lancent-ils. Et de conclure: "Monsieur le Premier Ministre, si vous estimez que notre requête est illégitime, nous vous invitons à venir vous faire soigner chez nous, en Guyane Française, département de la République".

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Claire FAUCHERY

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