Victime collatérale d'attentat, cette psychiatre libérale frôle la faillite dans l'indifférence

03/11/2017 Par Catherine le Borgne

Le Dr Stéphanie Monnier psychiatre francilienne était à la gare de Marseille-St Charles lorsqu'un terroriste a poignardé à mort deux jeunes filles sur le parvis, le 1er octobre dernier. Traumatisée, elle est arrêtée. Commence alors une bagarre épuisante pour être indemnisée auprès de son assurance, relayée sur la page Facebook "Les médecins ne sont pas des pigeons" et l'UFML. Un mois plus tard, le dossier n'est toujours pas réglé.

Cette consœur psychiatre libérale à Marne-La-Vallée est spécialisée en psychotraumatologie et victimologie. "Particulèrement informée" sur la prise en charge des victimes du terrorisme, comme elle le raconte elle-même, en tant que thérapeute de survivants du Bataclan, elle a eu bien du mal à faire prendre en compte ses droits lorsqu'elle s'est trouvée elle-même victime. Et plus d'un mois après les faits, son dossier n'est toujours pas réglé.   Tous les symptômes du stress   Ce dimanche, le Dr Monnier revient d'un congrès de médecine aéronautique (une autre de ses compétences) à Porquerolles. C'est en rejoignant Marseille, dans le cadre d'un retour sur Paris en train par étapes, qu'elle se trouve prise dans le chaos entourant l'attentat qui venait de se produire un quart d'heure auparavant, sur le parvis de la gare. Forces de police partout, mouvement de panique des passagers sortant du métro et près de la gare, blackout d'informations, trains stoppés… Elle se décide à louer une voiture, et rejoint Paris à 1 h du matin, avec à son bord, d'autres passagers perdus qu'elle a embarqués. C'est en entendant les informations le lendemain, que tous les symptômes du stress l'ont assaillie. "Les deux victimes étaient étudiantes infirmière et interne, je me suis identifiée. J'ai senti la montée d'angoisse, un mal aux ventre… Prise dans un stress total, je n'osais plus. sortir de chez moi, j'étais comme une bête aux abois, sursautant à chaque bruit" confie-t-elle. Professionnelle du stress post traumatique, rompue aux techniques de gestion de ce mal, elle juge préférable de prendre un peu de recul, ne se sentant pas apte à "soigner des patients qui ne vont pas bien et que je dois porter à bout de bras durant les consultations". Un premier arrêt de 15 jours lui est délivré par un médecin généraliste. Le Dr Monnier se met en contact avec son assurance, censée la prendre en charge durant la période de carence de la CARMF. Elle remplit le formulaire, signale qu'il s'agit de terrorisme.    Trou bancaire de 10 000 euros   '"Je pensais que ça allait être rapide. - j'ai 5 000 euros de charges fixes en début de mois - mais rien.  J'ai envoyé des dizaines de SMS à l'assurance. Silence radio.  On me répond ensuite vaguement que mon dossier est entre les main du médecin conseil. J'ai fait un dossier pour le conseil national de l'Ordre qui a un fonds de secours. Ils m'ont contactée. J'ai joint le fonds d'aide aux victimes de terrorisme" égrène Séphanie Monnier. Lundi dernier, ce fonds lui fait savoir qu'il manquait le double de sa plainte auprès de la police.  Mais sur place, à la police, on lui dit qu'elle n'est pas une victime directe et qu'elle ne peut pas porter plainte. Histoire de fous. "Je suis une personne hyper informée, de par mon métier. Eh bien je dénonce le fait qu'une victime d'attentat terroriste n'est franchement pas aidée. A forfiori pour un médecin libéral. Tout est lent à se mettre en place, et il faut avoir souscrit une assurance qui garantit contre les accidents de la vie. Sinon, c'est à la discrétion du médecin conseil. C'est lui qui détermine s'il s'agit d'un accident ou pas", prévient-elle. Arrivé en fin de mois avec un trou bancaire de 10 000 euros, cette consœur remercie vivement la banque (qu'elle mettait en copie de toutes ses relances à l'assurance) de ne pas lui avoir coupé les vivres. Le SOS qu'elle a lancé sur la page Facebook "Les médecins ne sont pas des pigeons", où elle dénonçait la lenteur de l'assurance, critiques relayées par l'UFML, auront sans doute permis d'accélérer les choses car hier jeudi, ladite assurance lui annonçait le versement de ses indemnités. Mais elle a vite déchanté. "Ils ne m'ont versé que la moitié de ce qui m'était garanti et m'ont appliqué un délai de carence que je ne devrais pas supporter. L'assurance n'a pas respecté les clauses du contrat" s'énerve-t-elle. Je repars à l'attaque ". 

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