Mort d'Adama Traoré : la famille attaque le premier légiste devant l'Ordre des médecins

27/11/2018 Par Catherine le Borgne

La famille d'Adama Traoré, devenu un symbole des violences policières depuis sa mort en 2016 lors de son interpellation dans le Val-d'Oise, a déposé plainte devant l'Ordre des médecins contre le médecin légiste qui avait attribué son décès, à tort, à une maladie cardiaque, selon le courrier consulté lundi par l'AFP.

  Par l'intermédiaire de son avocat, Me Yassine Bouzrou, la famille vient d'écrire au conseil départemental de l'Ordre des médecins des Hauts-de-Seine en demandant "une procédure disciplinaire" pour "manquement déontologique" contre l'expert ayant réalisé les premiers rapports d'autopsie. Une ultime expertise médicale rendue mi-septembre a écarté la responsabilité des gendarmes dans la mort de ce jeune homme noir de 24 ans, le 19 juillet 2016, sans convaincre la famille qui continue à dénoncer un "déni de justice". Son décès avait été constaté deux heures après son interpellation à Beaumont-sur-Oise par les gendarmes, qui l'avaient maintenu au sol sous le poids de leurs corps. Adama Traoré avait fait un malaise dans leur véhicule, avant de décéder dans la cour de la gendarmerie de la ville voisine de Persan. Cinq nuits de violences s'en étaient suivies dans ce département au nord de Paris. Le parquet de Pontoise avait alors communiqué les résultats d'une expertise intermédiaire qui attribuait le décès à une cardiomyopathie et à un état infectieux. Deux ans plus tard, une expertise médicale de synthèse, remise mi-septembre à la juge d'instruction parisienne ayant repris le dossier, a conclu que "le pronostic vital (était) engagé de façon irréversible" avant cette interpellation. Le rapport des quatre médecins conclu qu'une maladie génétique, la "drépanocytose", associée à une pathologie rare, a entraîné une asphyxie à l'occasion d'un épisode de stress et d'effort. Mais ce dernier rapport a aussi écarté définitivement l'hypothèse initiale du légiste, déjà remise en cause l'an dernier par une contre-expertise intermédiaire. Le médecin initial avait "nécessairement conscience que ses affirmations quant à l'existence d'une cardiopathie étaient fausses", affirme la plainte, qui l'accuse d'avoir établi un "certificat de complaisance", "potentiellement à la demande du procureur de la République de Pontoise" pour dédouaner les forces de l'ordre. Le médecin, qui n'était pas cardiologue et n'avait pas examiné d'autres organes que le coeur, "aurait ainsi dû se récuser".  "L'erreur est tellement grossière qu'il est difficile d'imaginer qu'elle soit involontaire", a commenté Me Bouzrou. La juge d'instruction, qui doit encore auditionner les gendarmes, avait annoncé au printemps son intention d'organiser une reconstitution. [Avec l'AFP]

Comptez vous fermer vos cabinets entre le 5 et le 15 janvier?

Claire FAUCHERY

Claire FAUCHERY

Oui

Oui et il nous faut un mouvement fort, restons unis pour l'avenir de la profession, le devenir des plus jeunes qui ne s'installero... Lire plus

2 débatteurs en ligne2 en ligne
 
Vignette
Vignette

La sélection de la rédaction

Pédiatrie
Moins de médecins, moins de moyens, mais toujours plus de besoins : le cri d'alerte des professionnels de la...
06/11/2025
14
Concours pluripro
CPTS
Les CPTS renommées "communauté France santé" : Stéphanie Rist explique l'enjeu
07/11/2025
12
Podcast Histoire
"Elle était disposée à marcher sur le corps de ceux qui auraient voulu lui barrer la route" : le combat de la...
20/10/2025
0
Portrait Portrait
"La médecine, ça a été mon étoile du berger" : violentée par son père, la Pre Céline Gréco se bat pour les...
03/10/2025
6
Reportage Hôpital
"A l'hôpital, on n'a plus de lieux fédérateurs" : à Paris, une soirée pour renouer avec l'esprit de la salle...
14/10/2025
8
La Revue du Praticien
Diabétologie
HbA1c : attention aux pièges !
06/12/2024
2