"On avait entre 40 et 50 malaises par jour" : l'ex-médecin du Puy du fou devant les juges après la mort d’un visiteur

13/12/2023 Par Louise Claereboudt
Faits divers / Justice
Il y a sept ans, un homme de 59 ans décédait des suites d’une crise cardiaque au Puy du Fou (Vendée). Mis en examen pour non-assistance à personne en danger, l’ancien médecin du parc comparaissait ce mardi 12 décembre devant le tribunal correctionnel de La Roche-sur-Yon. Il l’affirme : rien ne laissait penser "à un péril imminent". La procureure a plaidé la relaxe.

 

Le 7 août 2016, un homme de 59 ans venu passer la journée au Puy du Fou avec sa famille décédait des suites d’une crise cardiaque. L’homme avait été pris d’un malaise après avoir assisté à un spectacle. Sa femme avait alerté les secouristes du parc, sollicitant l’intervention des pompiers. Mais le médecin du parc – joint par les secouristes – avait finalement demandé que le quinquagénaire soit conduit à bord d’une golfette afin qu’il puisse l’examiner. "Au talkie-walkie, on parle d’un homme en sueur, pâle, avec une gêne thoracique, mais des constantes très correctes", a expliqué le praticien, mis en examen pour non-assistance à personne en danger, face au tribunal correctionnel de La Roche-sur-Yon, ce mardi. 

L’état du visiteur s’était rapidement dégradé à son arrivée à l’infirmerie. L’homme décédait finalement sur place, avant d’avoir pu être pris en charge par le Samu, joint par le médecin du parc. La famille en deuil avait décidé de porter plainte contre ce dernier. "Comment un médecin peut louper une crise cardiaque ?", a lancé la veuve du quinquagénaire au tribunal, rapportent nos confrères de Ouest-France. "Vous savez, chaque jour, on avait entre 40 et 50 malaises. Alors, forcément, je n’allais pas sur place à chaque fois", a expliqué le médecin de 63 ans, à qui il est notamment reproché d’avoir fait déplacer le quinquagénaire jusqu’à lui. 

Selon les magistrats, le médecin omet plusieurs éléments dans son récit, notamment le fait que la tension du visiteur n’ait pas pu être prise, ou encore qu’il a reçu un second appel des secouristes pour valider le transport de l’homme. "Vous êtes médecin et eux, les secouristes. C’était aussi à vous de récupérer toutes les informations que vous estimiez nécessaires", a déclaré la présidente de l’audience. Ce à quoi le médecin a répondu : "Je n’ai eu aucun élément qui laisse penser à un péril imminent." Si l’expert médical a estimé que ne pas se rendre auprès de la personne et demander un effort de déplacement au quinquagénaire étaient des manquements, celui-ci serait mort dans tous les cas. 

L’avocate du médecin a quant à elle indiqué que ce dernier avait contacté le Samu 20 minutes après avoir été alerté lui-même par les secouristes. "Sa rapidité d’action est totale. L’infirmière du Samu le dit, il n’aurait pas pu faire mieux." La procureure de la République a plaidé la relaxe. Selon elle, le médecin "avait bien connaissance de la gravité des faits. Seulement, on lui reproche une non-assistance à personne en danger. Or, il est intervenu très rapidement. Mal, peut-être. Mais ce n’est pas suffisant pour caractériser l’infraction"

Le jugement sera rendu le 8 janvier prochain.  

[avec Ouest-France

7 débatteurs en ligne7 en ligne
Photo de profil de Michel Rivoal
10,7 k points
Débatteur Passionné
Anesthésie-réanimation
il y a 2 ans
Quelques remarques. Dans la première "mouture" de ce qui est rapporté ici, les faits n'étaient pas précis et pouvaient donner lieu à des interprétations multiples, il convenait donc d'être prudent dans nos jugements. Dans cette deuxième édition des précisions apparaissent et viennent modifier des témoignages, des délais, des attitudes. On n'est guère plus en mesure de juger. Malaise vagal ou infarctus typique sur le premier diagnostic. Appel des secouristes ou appel du SAMU. Une heure d'attente ou vingt minutes, "conflit d'interprétation" entre les secouristes et le médecin ou procédures du parc d'attraction. Je disais dans la première version que s'il fallait éviter de juger sur tant d'incertitudes, on pouvait s'interroger sur le respect des procédures du parc et leur pertinence, et sur celles du SAMU compte tenu de la disponibilité et de la proximité ou de l'éloignement du parc et des secours. Pour moi, ces interrogations persistent au regard du nombre de "malaises" constatés par jour dans un parc aussi fréquenté avec une permanence médicale réduite. Je ne reprends pas les arguments développés ni le pronostic d'un infarctus "massif" qui dépend aussi de la rapidité de la prise en charge (thrombolyse par exemple si la cardiologie interventionnelle n'est pas accessible rapidement). Donc analyse des procédures et examen des responsabilités des secouristes, du médecin, du Parc, du SAMU. Après, les "a priori" me choquent. Toutes les hypothèses sont envisageables bien sûr mais soutenir que le patient n'avait aucune chance de s'en sortir n'est pas une certitude. Charger le médecin n'est pas une solution mais dégager sa responsabilité sans analyse poussée au nom d'une solidarité professionnelle est sans doute exagérée. Le commentaire qui me choque le plus est celui de G.Fichet qui nie le deuil de la famille et ne voit qu'un calcul financier sordide, ce qui en dit long sur sa mentalité. Je l'ai interpelé sur sa réponse mais cela n'apparait pas (ou plus) donc je réitère dans ce post.
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496 points
Incontournable
Autre spécialité médicale
il y a 2 ans
On parle d’un homme en sueur, pâle, avec une gêne thoracique. L’état du visiteur s’était rapidement dégradé à son arrivée à l’infirmerie. L’homme décédait finalement sur place, avant d’avoir pu être pris en charge par le Samu, joint par le médecin du parc. Il y a hélas des infarctus et des embolies pulmonaires massives qui, survenant en dehors d’un hôpital ayant des services spécialisés, sont au-dessus de toute ressource thérapeutique.
Photo de profil de Georges FICHET
6,3 k points
Débatteur Passionné
Médecins (CNOM)
il y a 2 ans
Est-ce que la famille n'a pas déposé plainte dans l'espoir de de "gagner le gros lot" en faisant porter la responsabilité sur la société qui gère le Puy-du-Fou, tout en étant défendu par un avocat qui espère toucher un pourcentage non négligeable de l'indemnisation ? Et on critique les confrères médecins du secteur 2 !
 
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