L’intolérance aux statines serait largement surestimée, selon une méta-analyse

18/02/2022 Par Marielle Ammouche
Cardio-vasculaire HTA
L’adhérence à un traitement par statines est un problème majeur car on estime que près d’un patient sur 2 interrompt ou modifie son traitement, généralement en raison de la présence ou d’une peur d’un effet secondaire (doleur musculaires, troubles hépatique…). Avec pour conséquence, un risque cardiovasculaire augmenté. Une équipe internationale de chercheurs a donc mené une étude pour analyser la réalité de cette problématique. Et les conclusions sont sans appel : le risque d’une intolérance aux statines apparait bien inférieur à ce que l’on pensait jusqu’à présent.

  Ces données sont d’autant plus robustes qu’elles sont issues d’une vaste méta-analyse de 176 études, ayant porté sur un total de 4 millions de patients. Le suivi moyen était de 19 +- 7,3 mois. Ainsi, alors que les données utilisées jusqu’à présent évaluaient entre 5 et 50% la prévalence de l’intolérance aux statines, l’étude en question l’établit à seulement 9,1%. Elle pourrait même être inférieure, selon les critères utilisés. En outre les auteurs ont mis en évidence plusieurs facteurs liés à la présence d’une intolérance aux statines : l’âge [odds ratio (OR) 1,33, P = 0,04], le sexe féminin (OR 1,47, P = 0,007), une origine asiatique ou afro-américaine (P < 0,05 pour les deux), une obésité (OR 1,30, P = 0,02), un diabète (OR 1,26, P = 0,02), une hypothyroïdie (OR 1,37, P = 0,01), une insuffisance hépatique chronique ou rénale (P < 0,05 pour les deux). Certains médicaments aussi pourrait favoriser ce phénomène (antiarythmiques, inhibiteurs calciques), ainsi que la consommation d'alcool, ou encore l'augmentation de la dose de statine. Ces éléments sont importants ca il pourrait permettre de mieux suivre les patients. Ces résultats montrent que « l’intolérance aux statines est souvent surestimée », et soulignent « la nécessité d'une évaluation minutieuse des patients présentant des symptômes potentiels liés à l'intolérance aux statines afin de réduire le risque d'arrêt inutile des statines et d'un traitement hypolipidémiant sous-optimal. Les cliniciens devraient utiliser ces résultats pour encourager l'adhésion au traitement par statine chez leurs patients. » concluent les auteurs. Ils reconnaissent que leur étude présente certains biais, notamment liés à l’hétérogénéité des essais de la méta-analyse. Cependant, ce phénomène serait compensé par le nombre élevé de patients recrutés.

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