Les régimes riches en graisses chez la mère ont des effets sur le développement embryonnaire précoce

05/04/2018 Par Pr Philippe Chanson
Gynécologie-Obstétrique
L’obésité maternelle peut altérer le développement embryonnaire et la santé des enfants à naître qui peuvent développer à l’âge adulte des complications métaboliques.

Le mécanisme responsable de cet effet était jusque-là mal connu. Cependant, on dispose maintenant de plus en plus d’arguments pour penser qu’il existe une fenêtre critique du développement embryonnaire, entraînant potentiellement des conséquences tardives non seulement sur la croissance fœtale mais aussi à l’âge adulte. D’ailleurs, les expériences de transferts d’embryons exposés ou non à ces effets environnementaux à des périodes critiques indiquent que ces phénotypes défectueux ne sont pas dus à l’environnement utérin mais à des facteurs au sein même de l’ovocyte. En fait, on sait maintenant que les souris obèses ont une mauvaise qualité ovocytaire avec des anomalies méïotiques, une dysfonction mitochondriale et un stress oxydatif. Et l’on sait que lorsqu’on induit un syndrome métabolique par régime riche en graisses chez la souris, les anomalies mitochondriales de l’ovocyte sont transmises à travers les générations via la lignée germinale féminine. Pour autant, les mécanismes faisant le lien entre cet environnement "toxique" et l’ovocyte n’étaient pas connus. Une équipe chinoise utilisant un modèle d’obésité induite par un régime riche en graisses chez la souris, vient de démontrer que la concentration ovocytaire de certaines protéines, en particulier les protéines Stella (connues aussi sous le nom de DPPA3 ou de PGC7), étaient réduites de manière importante. Ils ont trouvé que l’établissement de l’asymétrie épigénétique pro-nucléaire des zygotes provenant de ces souris obèses était gravement interrompu, induisant l’accumulation de modifications de la 5-hydroxy-méthylcytosine maternelle et des lésions de l’ADN. De plus, l’analyse du séquençage du méthylome a détecté une hypo-méthylation globale le long du génome du zygote chez les souris nourries avec un régime riche en graisses avec un enrichissement spécifique en transposon. De manière très intéressante, en surexprimant Stella dans les ovocytes des souris obèses du fait d’un régime riche en graisses (qui, comme on l’a dit plus haut réduit la concentration de Stella), non seulement on restaure le remodelage épigénétique chez les zygotes mais on améliore également, de manière partielle, les défauts développementaux associés à l’obésité maternelle chez des embryons précoces et on améliore la croissance fœtale. C’est donc bien l’insuffisance de Stella dans les ovocytes qui semble représenter un ou le mécanisme critique qui médie les effets phénotypiques de l’obésité maternelle chez les embryons et dans la descendance.

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Claire FAUCHERY

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