Les aliments ultra-transformés (par exemple, les sachets de pain industriel ou de biscuits ou les confiseries, les desserts industriels, les boissons sucrées et les sodas, les boulettes de viande, les nuggets et les autres produits à base de viande reconstitués, transformés avec addition de conservateurs autres que le sel comme les nitrites, ainsi que les soupes et les pâtes prêtes à l’emploi, les plats préparés) sont définis en opposition aux autres groupes d’aliments non transformés ou transformés de manière minimale (produits frais, congelés, pasteurisés ou fermentés….) et aux aliments peu transformés (conserves de légumes, fruits secs, viandes ou charcuteries conservées uniquement par salage, fromages, pain frais….).
Les aliments ultra-transformés sont souvent caractérisés par une qualité nutritionnelle inférieure et la présence d’additifs alimentaires et de substances issues de l’emballage en contact avec les aliments et de composés formés au cours de la production et du stockage. Si quelques études ont analysé les liens entre les aliments ultra-transformés et la dyslipidémie qui semble plus fréquente ainsi que les risques supérieurs de surpoids, d’obésité et d’hypertension, on ne dispose pas de données sur les liens entre l’alimentation ultra-transformée et le cancer. Dans l’étude NutriNet-Santé, une cohorte de population portant sur 104 980 participants âgés d’au moins 18 ans (âge médian 42.8 ans) a été étudiée à partir de la cohorte française NutriNet-Santé entre 2009 et 2017. Les prises alimentaires étaient recueillies à partir d’enquêtes diététiques des 24 heures répétées de manière à noter la consommation habituelle des participants pour 3 300 items alimentaires différents. Ils ont ensuite été catégorisés en fonction de leur degré de transformation. Les aliments ultra-transformés sont associés à une augmentation du risque global de cancer : le hazard ratio pour une augmentation de 10 % de la proportion des aliments ultra-transformés dans l’alimentation est de 1.12 (IC 95 % = 1.06 à 1.18, p pour la tendance < 0.01). Une augmentation du risque de cancer du sein (hazard ratio = 1.11 ; 1.02 à 1.22, p = 0.02) est aussi notée. Ces résultats restent vrais après ajustement pour d’autres marqueurs de qualité nutritionnelle comme le contenu lipidique, le contenu en sodium ou en hydrates de carbone ou le caractère « occidental » de l’alimentation. En conclusion, cette grande étude prospective montre qu’une augmentation de 10% de la proportion d’aliments ultra-transformés dans l’alimentation est associée à une augmentation significative de plus de 10 % du risque de cancer en général et du cancer du sein en particulier. Il reste maintenant à mieux comprendre les effets relatifs des différentes dimensions de la transformation (composition nutritionnelle, additifs alimentaires, composés liés au contact alimentaire ou contaminants néoformés) dans cette association.
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