Refus de prise en charge d'une femme trans : un gynécologue condamné pour "outrage sexiste"
Un gynécologue de Pau comparaissait jeudi 4 décembre devant le tribunal correctionnel pour avoir refusé de prendre en charge une patiente transgenre. S'il a été relaxé des accusations de discrimination, le médecin a été déclaré coupable d'"outrage sexiste". Il avait répondu à un commentaire négatif laissé par le compagnon de cette patiente sur Google, affirmant s'occuper "des vraies femmes".
En août 2023, une jeune femme de 26 ans, engagée dans un parcours de transition de genre, se présente au cabinet d'un gynécologue, à Pau, après avoir pris rendez-vous en ligne. Celle-ci souffre de douleurs à la poitrine et s'inquiète d'une grosseur mammaire. Alors qu'elle se trouve avec son compagnon dans la salle d'attente du praticien, la patiente apprend, via la secrétaire, que ce dernier ne la prendra pas en charge.
"Je n'en ai pas les compétences, je n'ai jamais vu dans ma carrière une glande mammaire chez un homme sous traitement hormonal depuis trois ans", s'est justifié le gynécologue, jugé jeudi 4 décembre à Pau pour discrimination et outrage sexiste, assurant qu'il comptait réorienter la patiente "vers un spécialiste". "Ce n'est pas ma vocation à 65 ans de devenir un spécialiste. Je suis resté à la définition biologique de la femme", a-t-il par ailleurs répondu à la présidente de l'audience, rapporte Le Parisien.
Éconduite par la secrétaire – lui ayant rétorqué "On ne s'occupe pas de ça" – la patiente quitte le cabinet en pleurs et ne reviendra pas.
Le lendemain, le compagnon de cette dernière poste un commentaire négatif sur la fiche Google du médecin : "Il a refusé de la recevoir, sa secrétaire nous a jetés froidement. Je déconseille, plus jamais." Le gynécologue y répond, indiquant s'occuper "des vraies femmes" et ajoutant qu'il n'a "aucune compétence pour [s']occuper des HOMMES, même s'ils se sont rasés la barbe et viennent dire à ma secrétaire qu’ils sont devenus femmes".
À la barre, le médecin de Pau a dit regretter ce message. "J'ai répondu sous le coup de la colère. J'ai fait de la peine à beaucoup de monde, je ne voulais pas être méchant", s'est-il excusé, évoquant un message "maladroit et déshonorant". La procureure de la République a fustigé un commentaire "ordurier", et requis six mois de prison avec sursis et une amende de 3 500 euros.
Le gynécologue avait déjà écopé, pour cette affaire, de six mois d'interdiction d'exercer dont un mois ferme par l'Ordre des médecins de Nouvelle-Aquitaine.
Jeudi, il a finalement été relaxé des faits de discrimination, mais déclaré coupable d’outrage sexiste et condamné à 800 euros d'amende. "Un jugement accueilli avec soulagement, sa culpabilité a été reconnue, a salué l'avocat de la victime, Me Victor Casellas. Cette audience a permis un vrai débat juridique qui mériterait de se poursuivre en appel. Les médecins gynéco ne pourront plus prétendre qu’ils ne peuvent pas soigner les personnes trans."
[avec AFP et Le Parisien]
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