Infections à VRS : une recherche en effervescence

24/04/2023 Par Brigitte Blond
Infectiologie
Le virus syncitial respiratoire (VRS) a grandement contribué à la saturation des hôpitaux cet hiver, des services pédiatriques en particulier, plus encore que les saisons passées en raison du contexte de période post Covid.

Un tiers des nourrissons de moins de 2 ans contractent le virus respiratoire syncitial (VRS) chaque année à l’occasion d’une épidémie qui débute habituellement mi-octobre, atteint un pic en décembre et se termine en fin d’hiver. Si le VRS est responsable d’une grande partie des bronchiolites, il en existe d’autres, produites par d’autres virus. Quoi qu’il en soit (VRS ou autres), il s’agit de la première pathologie pédiatrique, et de très loin. Par ailleurs, le VRS ne donne pas que des bronchiolites, mais des syndromes grippaux aussi. Il favorise également des surinfections bactériennes à pneumocoques qui sont parfois peu graves (otites)… et peuvent l’être davantage (pneumonie). « Les bronchiolites sont aujourd’hui plus nombreuses et plus sévères parce qu’elles surviennent plus tôt dans la vie, observe le Pr Jean-Christophe Rozé, chef du service de médecine néonatale et réanimation pédiatrique à l’Hôpital Mère Enfant du CHU de Nantes et président de la Société Française de Néonatalogie. Le risque d’hospitalisation pour bronchiolite est de 90 % à un mois, de 70 % à 2 mois et de 50 % à 3 mois ». C’est dire l’intérêt des mesures de prévention, a minima des gestes pour protéger les enfants et limiter la circulation du virus, mais aussi de l’immunisation passive par les anticorps monoclonaux et active par le vaccin. Immunisation passive
« En matière d’immunisation passive, nous connaissions depuis les années 2000 les anticorps monoclonaux à courte durée d’action, le palivizumab (Synagis, Astrazeneca), réservé aux grands prématurés, efficace en 5 injections intramusculaires (et quelques milliers d’euros), le temps de la saison des VRS, indiqué dès lors que le nouveau-né risquait d’être en contact avec le VRS… », rappelle le spécialiste.
Fin 2022, un anticorps monoclonal à longue durée d’action co-développé par AstraZeneca et Sanofi - qui n’est pas un vaccin- a été approuvé par le Comité des Médicaments à Usage Humain de l’Agence Européenne du Médicament. Il s’agit du nirsévimab (Beyfortus) qui devrait être disponible pour la prochaine saison, 2023, de bronchiolite. En une injection, il réduit le taux de bronchiolites référées à un médecin de 75 à 80 % ainsi que le taux d’hospitalisation. Il devrait être administré dans les tout premiers jours de vie aux enfants naissant en période épidémique. Reste à débattre des indications de cette prévention passive, destinée à tous les enfants ou les plus à risque, sur quels critères ? Vaccins mère ou enfant
Deuxième option, l’immunisation active de la mère pour une immunisation passive du nouveau-né. Des vaccins sont effectivement en cours d’évaluation (le plus avancé étant celui de Pfizer) qui, administrés à la mère en cours de grossesse, lui permettraient de fabriquer des anticorps anti-VRS alors transmis in utéro à son enfant : celui-ci serait protégé essentiellement ses premières semaines de vie, ces anticorps étant dotés d’une demi-vie relativement courte.
Une stratégie d’attente… pour que le nouveau-né devienne immunocompétent et soit donc à même de recevoir un vaccin, pour une immunisation active cette fois. Plusieurs vaccins sont en cours d’évaluation. Ils protègent l’enfant définitivement, à vie, notamment aux périodes sensibles que sont le très jeune âge bien sûr, avant 2 ans, et les grands-parents de ces nourrissons, fragiles et plus enclins à développer les complications des infections respiratoires à VRS (les pneumopathies).


En attendant anticorps et vaccins…
Des mesures préventives de bon sens sont indiquées :
• Limiter les visites au cercle des parents proches (et non malades), sans bisou, passage de bras en bras ou contact avec des enfants de moins de 3 mois
• Se laver les mains avant et après chaque change, tétée ou repas
• Les parents doivent porter un masque en cas de rhume, toux et/ou fièvre ; la fratrie tenue à l’écart…
• Aérer au moins 10 minutes chaque jour la chambre de l’enfant. Proscrire le tabac.
• Éviter les lieux très fréquentés et clos (supermarchés et transports en commun), l’entrée en collectivité avant l’âge de 3 mois et si l’enfant présente des symptômes viraux.

 

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