Diabétiques de type 1 mal contrôlés : la pompe à insuline ne fait pas de miracle !

13/04/2017 Par Pr Philippe Chanson
Diabétologie

Les études portant sur les effets du traitement par pompe à insuline chez les diabétiques de type 1 ont conclu qu’elles n’étaient pas plus intéressantes chez les patients qui étaient par ailleurs incapables d’obtenir un bon contrôle glycémique sans hypoglycémie sévère. Les arguments pour une utilisation plus large de la pompe à insuline sont incertains compte tenu des faibles effectifs et des courtes durées des études comparant la pompe à insuline à des traitements par multi-injections d’insuline et de la nécessité de faire la distinction entre les effets de la pompe et les effets d’une éducation thérapeutique complémentaire.

Afin de comparer l’efficacité des pompes à insuline à celle des multi-injections chez les adultes diabétiques de type 1, dont les deux groupes avaient reçu un entrainement équivalent en termes de traitement d’adaptation des doses d’insuline, une étude ouverte multicentrique pragmatique en groupes parallèles, contrôlée et randomisée (étude REPOSE), a été mise en place dans 8 centres d’Angleterre et d’Ecosse. Les adultes diabétiques de type 1 volontaires pour avoir un traitement intensif par insuline, sans préférence pour les pompes ou pour les injections multiples, ont été inclus. Les participants des deux groupes avaient un entrainement intense pour une insulinothérapie fonctionnelle (ajustement des doses pour une alimentation normale), puis les groupes étaient répartis de manière randomisée pour soit avoir un traitement par pompe à insuline, soit avoir les injections multiples. Les participants suivaient tous un entraînement pour une insulinothérapie fonctionnelle à base d’analogue d’insuline, structuré soit autour de l’utilisation des pompes, soit des multi-injections pendant les deux ans de l’étude. 317 participants ont été randomisés, 156 dans le groupe pompe et 161 dans le groupe multi-injection. Le contrôle glycémique et les taux d’hypoglycémies sévères se sont améliorés dans les deux groupes. Le changement moyen d’hémoglobine glyquée après deux ans était de -0.85 % sous pompe et de -0.42% sous multi-injections, après ajustement pour le centre, l’âge, le sexe, les valeurs manquantes ; la différence entre les deux groupes étaient de -0.4% en faveur des utilisateurs de la pompe (IC 95% =-0.53 à 0+0.05p =0.10). La plupart des mesures psycho-sociales n’ont pas montré de différence mais les utilisateurs de pompe avaient une amélioration dans la satisfaction du traitement et dans certains domaines de qualité de vie (liberté diététique) à 12 et 24 mois. En conclusion, les deux groupes, après un entraînement identique pour une insulinothérapie fonctionnelle, ont montré une amélioration significative et prolongée de l’hémoglobine glyquée, des taux d’hypoglycémie sévères et des mesures psychologiques, même si, finalement, assez peu de participants ont obtenu des niveaux de glycémie tels qu’ils sont actuellement recommandés par les sociétés nationales et internationales. L’adjonction d’un traitement par pompe à un traitement structuré par l’insulinothérapie fonctionnelle n’améliore donc pas de façon substantielle les bénéfices éducatifs sur le contrôle glycémique, les hypoglycémies ou les critères psycho-sociaux chez les adultes diabétiques de type 1. Ces résultats n’invitent donc pas à promouvoir une politique de fourniture des pompes à insuline à tous les adultes qui ont un mauvais contrôle glycémique tant que les effets d’un entrainement sur l’insulinothérapie n’ont pas été clairement déterminés.

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