Consommer moins de viande rouge : davantage d’effets sur l’environnement que sur la santé !

12/12/2019 Par Pr Philippe Chanson
Endocrinologie-Métabolisme
Les recommandations diététiques actuelles proposent de limiter la consommation de viande rouge transformée et non transformée, cela aussi bien aux Etats-Unis qu’au Royaume-Uni, ou par l’OMS. En particulier, il a été indiqué que la consommation de viande rouge était potentiellement carcinogène pour l’homme et que la viande transformée l’était plus vraisemblablement.

Toutefois, ces recommandations sont basées sur des études d’observation qui sont donc à haut risque de facteurs de confusion, ce qui a amené le Consortium pour les Recommandations Nutritionnelles à mener une revue systématique avec méta-analyse de toutes les études publiées sur ce sujet afin de réellement faire l’état des lieux et produire des recommandations. L’ensemble est publié dans un numéro récent d’Ann Intern Med Cinq revues systématiques (1-5) ont donc été menées. Dans l’une (1), analysant le lien entre la réduction de la consommation de viande rouge et de viande transformée d’une part et la mortalité par cancer et l’incidence du cancer dans des études de cohorte d’autre part, il est conclu que des arguments de faible certitude suggérent que la réduction de la prise de 3 plats de viande non transformée/semaine est associée à une très petite réduction de la mortalité par cancer tout au long de la vie, de même pour la viande transformée. Une autre revue portant sur la consommation de viande transformée et de viande rouge et le risque de mortalité globale et d’événements cardiovasculaires indique que sur les études de cohorte, il y a peu d’arguments (qui sont de faible certitude) pour indiquer qu’une réduction de 3 plats par semaine était associée à une très petite réduction du risque de mortalité cardiaque, d’accident vasculaire cérébral, d’infarctus du myocarde et de diabète de type 2, de même pour la viande transformée (2). Quant aux essais randomisés, les résultats sont assez proches avec, là encore, des arguments de faible certitude indiquant que...

les régimes faibles en viande rouge avaient très peu ou pas d’effet sur la mortalité globale (hazard ratio = 0.99 ; 0.95 à 1.03 IC 95 %), sur la mortalité cardiovasculaire (HR = 0.98 ; 0.91 à 1.06) et sur la survenue des maladies cardiovasculaires (HR = 0.99 ; 0.94 à 1.05). Dans ces essais randomisés, il y avait également peu ou pas d’effet sur la mortalité par cancer total (HR = 0.95 ; 0.89 à 1.01) et sur l’incidence du cancer (3). Une autre méta-analyse évaluant les effets des types d’alimentation, dont les différentes quantités de viande rouge ou de viande transformée, sur les études de cohorte a montré une petite réduction de la mortalité globale, de la mortalité par cancer et de l’incidence du cancer ainsi que de la mortalité cardiovasculaire, coronarienne et le diabète de type 2 avec, là encore, des arguments de faible ou de très faible certitude (4). Quant à la préférence des sujets, là encore dans une étude systématique, les études montrent en général un goût pour les omnivores humains à la viande et les arguments de peu de certitude, là encore, laissent penser qu’ils sont peu enclins à changer ce comportement face aux effets potentiellement indésirables sur la santé (5). Le NutriRECS (Nutritional Recommendations Consortium) suggère donc que, selon ces études, il y a peu d’arguments actuellement pour considérer que les effets sur la santé de la consommation de viande rouge ou de viande transformée sont importants sur la santé et suggère que les adultes peuvent continuer la consommation actuelle de viande rouge (recommandations faibles, arguments de faible certitude). De même le panel d’experts réunis après cette méta-analyse suggère que les adultes peuvent continuer la consommation de viande transformée (recommandations faibles, arguments de faible certitude) (6). Un éditorial associé (7) à toute cette série d’articles et à ces recommandations souligne qu’il y a peut-être d’autres raisons que la santé pour réduire la consommation de viande (problèmes éthiques vis-à-vis des animaux pour certains, ou effets de la consommation de viande sur l’environnement…). Quoi qu’il en soit, si le résultat en termes de baisse de la consommation de viande permet d’obtenir un petit bénéfice de santé, tout le monde y gagnera !

Approuvez-vous la décision de rendre obligatoire une prescription pour les médicaments anti-rhume à base de pseudoéphédrine ?

Frederic Limier

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