Cancer du sein : pour la Ligue, il est urgent de renforcer l’accès au dépistage
Les derniers chiffres concernant le dépistage du cancer du sein sont inquiétants. En effet, en 2022, seules 44,9 % des femmes éligibles (50 à 74 ans) ont participé au dépistage organisé. « Un résultat qui place la France en bas du classement européen, très loin de pays comme le Danemark ou la Finlande, dont les taux de participation dépassent les 80 % » souligne la Ligue contre le cancer, en amont d’Octobre Rose. Dans ce contexte, l’organisation a décidé d’agir en se basant sur les résultats d’un sondage réalisé en août 2023 par Opinionway, qui visait à identifier les principaux freins à ce dépistage. Réalisée sur un échantillon de 1 006 femmes représentatif de la population française féminine âgée de 18 ans et plus, l’enquête met en évidence que, si 89% des femmes interrogées se sentent concernées par la campagne de dépistage nationale, près d’un tiers (30%) n’ont jamais été dépistées. Et surtout, chez les 50-74 ans, elles restent 12% à n’avoir jamais subi ce type de dépistage. Les raisons évoquées par ces dernières sont, tout d’abord, l’absence de symptôme (pour 34%), mais aussi la crainte d’avoir mal lors de la mammographie (20%), de découvrir un cancer (16%), l’inutilité supposée du dépistage (11%), ou encore la crainte de se dénuder (10%). Les conditions matérielles jouent aussi un rôle, comme l’éloignement des centres de dépistage (pour 10%), le manque de temps, ou encore la crainte d’un coût trop important (2%). Renforcer l’accès au dépistage Pour la Ligue, il y a urgence, concernant, en particulier l’information des plus fragiles et la lutte contre les déserts médicaux. « Le cancer du sein est la première cause de décès par cancer chez la femme et les inégalités sociales sont un des premiers marqueurs des inégalités de santé vis-à-vis de cet enjeu majeur. Cela signifie des inégalités territoriales pour accéder à un médecin ou un centre de soin dans des régions qui deviennent de véritables déserts médicaux, cela signifie aussi un déficit majeur d’accès à l’information, à la prévention dans certains territoires. Pourtant, quand il est détecté tôt, le cancer du sein est guéri dans 90% des cas ! Nous devons aller vers les femmes qui sont éloignées de l’information, des parcours de prévention et de soin, notamment en facilitant l’information et l’accès au dépistage. Octobre rose est l’occasion d’une mobilisation nationale maximum pour changer la donne avec nos comités départementaux, mobiliser la société dans son ensemble pour cette cause » a déclaré le Pr Daniel Nizri, président de la Ligue contre le cancer. Il apparait nécessaire de favoriser l’accès à des professionnels de santé complémentaires tels que les sage-femmes, mais aussi aux centres mobiles de mammographie (mammobus), et à des solutions de type accueil « diagnostic en un jour ». La Ligue souhaite aussi développer la mise en place de politiques locales de promotion des dépistages. Elargir l’âge du dépistage ? L’association rappelle, par ailleurs, la nécessité de surveiller ses seins tôt, dès 25 ans, via un examen par un professionnel de santé annuel, et via l’autosurveillance. En effet, s’ils sont, moins fréquents, 6 % du total des cas (38 459 cas par an), les cancers du sein chez la femme de moins de 50 ans sont souvent « très agressifs, en raison de la forte imprégnation des seins par les œstrogènes ». Elle souhaite donc rediscuter « des bornes du dépistage organisé, au travers des recherches et déploiement de projets expérimentaux évalués, car les cancers du sein avant 50 ans et après 75 ans », qui « représentent environ 42% des cancers chez la femme. Une nouvelle campagne Pour tenter d’améliorer la situation, l’association lance, à l’’occasion d’Octobre rose, une nouvelle campagne de sensibilisation autour d’un message décalé, mais aussi fort et positif : « Enormes, minuscules, galbés : vos seins sont parfaits, tant qu’ils sont en bonne santé ».
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