Les craniopharyngiomes adamantinomateux et les craniopharyngiomes papillaires ont des mutations différentes, qui sont clonales

05/02/2014 Par Pr Philippe Chanson

Les craniopharyngiomes sont des tumeurs intra-crâniennes touchant la base du crâne dont on note deux pics d’incidence : d’une part dans l’enfance et d’autre part à l’âge adulte. Il y a deux sous-types principaux de craniopharyngiome : les formes adamantinomateuses qui sont plus fréquentes chez l’enfant et les formes papillaires qui sont plus fréquentes chez l’adulte. Les craniopharyngiomes posent des problèmes d’une part de compression des organes avoisinant puisqu’ils se développent au niveau de la tige pituitaire ou dans l’hypophyse et peuvent comprimer le chiasma optique, les nerfs crâniens et le système de circulation du LCR, ou d’autre part d’insuffisance hypophysaire : ils sont en effet souvent révélés par une insuffisance hypophysaire ou un diabète insipide. Les mécanismes moléculaires conduisant au développement d’un craniopharyngiome restent limités. Des publications récentes ont indiqué que des mutations de l’exon 3 du gène CTNNB1 (codant pour la β-caténine) ont été rapportées dans 60 à 75 % des craniopharyngiomes adamantinomateux. En revanche, on ne connaît pas les mutations conduisant à des craniopharyngiomes papillaires. Ceci a conduit une équipe de Boston à séquencer l’exome entier de 12 craniopharyngiomes adamantinomateux et de craniopharyngiomes papillaires. Ils ont identifié des mutations dans CTNNB1 chez pratiquement tous les craniopharyngiomes examinées (11/12, 92 %), confirmant les données publiées, mais ils ont surtout mis en évidence des mutations de BRAF (mutation p.Val600Glu) dans tous les craniopharyngiomes papillaires testés (3/3, 100 %). En analysant ensuite une série de 39 craniopharyngiomes papillaires et en génotypant de manière ciblée la mutation P.Val600Glu de BRAF, ils ont trouvé que 95 % des craniopharyngiomes (36 des 39 tumeurs) présentaient une mutation à ce niveau. Le contrôle de 53 craniopharyngiomes adamantinomateux a trouvé une mutation dans CTNNB1 dans 51 des 53 tumeurs testées, soit 96 %. Dans chaque sous-type tumoral, les mutations de CTNNB1 et de BRAF étaient clonales et aucune autre mutation récurrente ou aberration génomique n’a été détectée dans aucun des sous-types. Ainsi, les craniopharyngiomes adamantinomateux et les craniopharyngiomes papillaires ont des mutations qui sont différentes et qui sont clonales. Ces données sont intéressantes d’une part pour le diagnostic puisqu’elles devraient permettre de mieux différencier certaines lésions dont le diagnostic était hésitant avec celui de craniopharyngiome et d’autre part sur le plan thérapeutique puisqu’elles ouvrent la perspective de développer des thérapeutiques appropriées si la chirurgie ne permet pas de régler tous les problèmes. 

 
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