Alors que quatre suicides d’internes ont été recensés par les syndicats représentatifs depuis le début de l’année, un hashtag a émergé ces derniers jours sur les réseaux sociaux pour libérer la parole des carabins. Un groupe de travail a été lancé par les ministères de tutelle pour trouver rapidement des moyens d’actions. “Personne n’a le droit de vous rabaisser et de vous dévaloriser” : sur les réseaux sociaux, les mots de l’interne en radiologie The French Radiologist résonnent. Alors que quatre internes ont mis fin à leurs jours depuis janvier et que 10 à 20 le font en moyenne tous les ans, les propos tenus par le doyen des doyens le 24 février dans une interview accordée à Egora ont provoqué la colère des carabins. Appelant à ne pas faire “d’amalgames” sur le motif des suicides des internes, le Pr Diot a tenu à préciser que le principe de la tolérance zéro était appliqué et que la Conférence des doyens de facultés de médecine, dont il est le président, avait engagé de nombreux chantiers pour prévenir les risques psychosociaux.
Personne n’a le droit de vous rabaisser et de vous dévaloriser
Si vos études vous ont menés là c’est que vous l’avez mérité, par votre travail et votre persévérance
Soyez fiers de vos accomplissements #stopharcelementsoignant #protegetoninterne #protegetonetudiant— SophieTFR (@TheFrenchRadio) March 3, 2021
Mais sur Twitter et Instagram, très vite, les témoignages se sont succédé avec le hashtag #protègetoninterne. Un moyen de prendre la parole pour dénoncer la pression subie lors de la formation et des stages. “Burn out, c’est l’état dans lequel je me trouve actuellement (...) J’ai eu le réflexe de demander de l’aide plutôt que de me jeter sous un TER. Cela est probablement dû à mon passage en chirurgie-orthopédique qui m’a appris que si l’on survivait à un choc avec un train (...) le futur était pire”, témoigne par exemple un interne auprès de l’Isni sur Instagram.
Quand j'étais externe il y a quand même un chef en stage qui m'a dit "il faut que tu arrêtes médecine tu n'arriveras à rien, ce n'est pas pour toi".
— Et ça se dit Médecin (@ecsdmed) March 3, 2021
A l'époque j'en avais pleuré, je n'en n'avais pas dormi, aujourd'hui j'en ris.
Mercredi 3 mars, suite au récent suicide d’un interne en médecine générale à Reims, un groupe de travail s’est ouvert entre les syndicats représentatifs, les ministères de l’Enseignement supérieur et de la Santé, les doyens ou encore les commissions des CHU. “Il faut qu’on puisse agir et avancer plus vite”, affirme Morgan Caillault, président de l’interSyndicale nationale autonome représentative des internes de médecine générale (Isnar-IMG). “Beaucoup de nos interlocuteurs parlent de souffrance et de maltraitance, et il y a plein d’enquêtes qui le montrent. C’est un fait. On sait que des dispositifs peuvent se mettre en place a posteriori, quand il y a eu un suicide. Mais nous, ce que nous demandons, ce sont des dispositions en amont pour que ces drames ne se produisent pas”, poursuit-il. Le président de l’Isnar-IMG évoque, comme moyens d’action, des recours juridiques dans le cas de harcèlements prouvés ou la facilitation du droit au remord. “Ce qu’on constate dans les situations au niveau local, c’est que ce ne sont pas des situations de changement de spécialités ou du harcèlement ‘net’. En général, il s’agit de problèmes d’encadrement pédagogique, voire de mise en danger de l’interne, des problèmes de temps de travail qui n’est pas respecté”, détaille encore le futur généraliste. Il espère donc que le groupe de travail réagisse rapidement pour trouver de vrais leviers d’actions.
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