"J'ai passé ma première année en 1971-1972, l'année de la mise en place du numerus clausus et du concours. Mais j'en garde plutôt des bons souvenirs. Je m'étais inscrite à Necker-Enfants malades : la première année se passait à Descartes, rue de l'Ecole de médecine à Paris mais la section scientifique (CPEBH) avait des cours au campus d'Orsay au premier semestre. La fac d'Orsay, c'est assez merveilleux. Un cadre magnifique : c'est très grand, il y a des routes… J'ai un bon souvenir là-bas : j'ai appris à conduire. Tous les copains étaient derrière moi, on a eu des sacrés fous rires. Ensuite, retour à Descartes. Là, ça a été la lutte. On s'était inscrit en médecine alors qu'il n'y avait pas de numerus clausus. Certaines facs un peu élitistes, comme Necker, faisaient des pré-sélections sur dossier. Quand on a découvert le numerus clausus en cours d'année, ça a fait un choc. Dans certaines facs - comme à Necker, il y a eu des reçus-collés au concours, avec 12-13 de moyenne. Alors que d'autres facs n'avaient pas rempli leur quota. Ça a été la levée de boucliers chez les syndicats étudiants. On a beaucoup manifesté pour qu'il y ait des mesures transitoires : les reçus-collés ont pu être répartis dans les autres facs. Après ça, l'étau s'est resserré d'année en année… C'était très sympa, très solidaire. Ce n'était pas du tout une ambiance concours. A l'époque, c'était encore des énormes amphis. Quand on arrivait du lycée, c'était impressionnant. Il y avait encore des dissections sur cadavre, dès la première année. Il y en avait qui ne supportaient pas du tout, alors on signait pour eux. Le contact avec les corps sans vie, l'odeur du formol… j'en garde un souvenir très impressionnant. En 71, il n'y avait pas encore beaucoup de femmes dans les hôpitaux mais il y avait déjà pas mal de jeunes filles à la fac, j'avais des copines. Je suis passée du 1er coup, j'étais une bonne élève comme on dit. C'était les débuts d'une belle aventure, que je n'ai jamais regrettée tellement c'est un métier passionnant."
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