Accord CSMF-Klésia : un deal "de petite boutique" pour MG France

08/06/2018 Par Catherine le Borgne
Syndicalisme

L'initiative de la CSMF, de pactiser avec Klésia, un institut de prévoyance, pour mettre en place une consultation de prévention rémunérée 5 C aux médecins libéraux, passe très mal à MG France. Le syndicat du Dr Battistoni brocarde les "liens particulièrement dangereux" ainsi tissés avec un assureur privé par un syndicat pour "favoriser sa petite boutique".

A deux ans des prochaines élections professionnelles, en 2020, le ton commence déjà à monter entre les généralistes de MG France et la CSMF, centrale polycatégorielle qui abrite en son sein son propre syndicat de généralistes, l'ex UNOF. Dans un communiqué particulièrement virulent, le syndicat du Dr Battistoni déglingue le fond et la forme de l'accord qui vient d'être dévoilé par la CSMF et l'institut de prévoyance Klésia, autour d'une consultation de prévention réalisée par tout médecin libéral et rémunérée 5 C par l'assureur. "MG France rappelle à la CSMF que le médecin généraliste traitant est l'acteur principal de la prévention. Lui adresser le résultat d'un formulaire n'est pas suffisant pour respecter le parcours de soins, et encore moins pour avoir un effet réel sur la santé de son patient", écrit le syndicat. Il regrette par ailleurs que la centrale ait jugé nécessaire "de donner une formation de 3 heures à un médecin généraliste qui fait de la prévention quotidiennement auprès de ses patients en réduisant sa fonction à 45 questions dictées par un assureur". Cerise sur le gâteau, le syndicat de généralistes souligne pour s'en étonner, que cette formation "spécifique" soit assurée exclusivement par la filiale de formation de la CSMF, établissant un "lien particulier dangereux entre un assureur et un organisme de formation". Dans un autre petit communiqué, où l'on voit les deux logos de la CSMF et de Klésia, avec deux alliances de mariage, MG France se fait encore plus incisif et accusateur. "Un syndicat pour quoi faire", s'interroge-t-il ? Il avance des réponses : "pour se vendre aux assureurs en favorisant sa petite boutique ? Contourner le parcours de soins ? Nier le rôle du généraliste traitant ? Privilégier le soin de quelques happy few et non un régime solidaire ?" Au lecteur de répondre avant de conclure par un méprisant : "la vieille CSMF n'en rate décidément pas une" ! Lors de la conférence de presse de lancement, le Dr Ortiz, le président de la CSMF, a expliqué que le médecin réalisant cette consultation de prévention ne serait "pas forcément médecin traitant ou généraliste", dès lors qu'il aura suivi une formation gratuite de 3 heures dispensée par l'association de formation de la CSMF, l'ACFM. Les praticiens devront remplir un questionnaire de 44 items et remettre un compte rendu au patient. Les questionnaires anonymisés seront ensuite traités par l'ACFM, qui retournera une étude de synthèse à Klésia, qui s'en inspirera pour réaliser des opérations de prévention ciblées. Les consultations sont gratuites pour les patients, les praticiens percevront une rémunération forfaitaire de 5 C.    
 

Remboursement des consultations : la baisse de la part de l'Assurance maladie vous inquiète-t-elle ?

Michel Rivoal

Michel Rivoal

Oui

Bien sûr cela m’inquiète. C’est juste un problème de modèle social vieux de presque 80 ans et issu du Conseil National de la Résis... Lire plus

0 commentaire
9 débatteurs en ligne9 en ligne





 
Vignette
Vignette

La sélection de la rédaction

Histoire
Un médecin dans les entrailles de Paris : l'étude inédite de Philippe Charlier dans les Catacombes
12/07/2024
1
Enquête
Abandon des études de médecine : enquête sur un grand "gâchis"
05/09/2024
13
"Dans cette vallée, le médicobus ne remplace pas le médecin traitant" mais assure "la continuité des soins"
17/09/2024
2
La Revue du Praticien
Addictologie
Effets de l’alcool sur la santé : le vrai du faux !
20/06/2024
2
Podcast Vie de famille
Le "pas de côté" d'un éminent cardiologue pour comprendre le cheminement de son fils apprenti chamane
17/05/2024
0
Rémunération
"Les pouvoirs publics n'ont plus le choix" : les centres de santé inquiets de l'avenir de leur modèle...
07/05/2024
5