"Provoquer la mort ne sera, pour nous, jamais un acte médicalement justifié" : 71 médecins s'opposent à la légalisation de l'euthanasie

06/04/2021 Par Aveline Marques
Ethique
Faut-il oui ou non légaliser l'aide médicale à mourir? Le débat fera à nouveau rage jeudi 8 avril à l'Assemblée nationale, où sera examinée la proposition de loi "donnant le droit à une fin de vie libre et choisie". Dans une tribune publiée par Le Figaro, 71 médecins s'y opposent, rappelant l'un des fondements du serment d'Hippocrate. 

Les Pays-Bas, la Belgique, le Luxembourg, l'Espagne… et bientôt la France? Jeudi, les députés seront amenés à se prononcer sur la proposition de loi "donnant droit à une fin de vie libre et choisie" déposée par trois élus de gauche et un élu LREM. "Notre démocratie a su conquérir, une à une, toutes les libertés. Toutes sauf une. L’ultime. Celle qui nous concerne toutes et tous. C’est-à-dire la liberté de choisir sa mort", écrivent-ils.  

"Toute personne capable majeure, en phase avancée ou terminale d’une affection grave et incurable, quelle qu’en soit la cause, lui infligeant une souffrance physique ou psychique qui ne peut être apaisée ou qu’elle juge insupportable, peut demander à disposer, dans les conditions prévues au présent titre, d’une assistance médicalisée permettant, par une aide active, une mort rapide et sans douleur", stipule le texte. Pour ses auteurs, la loi Claeys-Leonetti a montré ses limites. "Non, la sédation profonde et censée être continue ne l’est pas, car fréquemment le médecin réveille l’agonisant pour lui redemander s’il persiste dans son choix, ce qui est contraire à la loi Léonetti", chargent-ils, estimant que la loi française "n’assure pas au malade son autodétermination" car "chaque équipe médicale agit, in fine, selon ses propres convictions". 

La proposition de loi consacre le rôle du médecin traitant dans ce processus, ainsi que la clause de conscience des professionnels de santé.  

Mais pour les 71 médecins qui signent ce mardi 6 avril une tribune dans Le Figaro, quelles que soient les conditions, c'est "non". "NON, nous ne voulons pas abjurer notre serment professionnel. NON, nous ne transgresserons pas l’interdit. NON, nous ne pourrons pas provoquer délibérément la mort, la société dut-elle nous le demander. Provoquer la mort ne sera, pour nous, jamais un acte médicalement justifié. Soulager, oui. Tuer, non." Ils rappellent ainsi que le serment d'Hippocrate a assigné aux médecins l'interdit "tu ne tueras poins", l'inscrivant "dans le marbre de la déontologie médicale. 

"Nous avons aujourd’hui toutes les ressources pour lutter contre la douleur, la souffrance physique, morale et spirituelle, les troubles respiratoires, l’angoisse, la dépression de l’humeur", assurent-ils. "Légaliser l’euthanasie, c’est renoncer à développer de nouveaux moyens de lutte contre toute forme de souffrance survenant en fin de vie", écrivent-ils. "Nous demandons, au contraire, d’investir massivement dans les moyens", dont la crise sanitaire a souligné "de façon ô combien douloureuse, cruelle parfois", "l'insuffisance" mais qui ne saurait justifier, pour ces médecins, une légalisation de l'euthanasie.  

[avec LeFigaro.fr

 

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