Pourquoi 5000 professionnels de santé se mobilisent contre la loi immigration

26/12/2023 Par M.G.
Santé publique
5 000 professionnels de santé (médecins généralistes, infectiologues, psychiatres, infirmières, orthophonistes…) alertent dans une tribune publiée dans le journal Le Monde sur “les conséquences sanitaires et sociales” de la loi immigration, adoptée le 19 décembre dernier.  

 

Dans une tribune publiée par Le Monde, 5 000 professionnels de santé, du social, du soin et de la recherche dénoncent “les conséquences sanitaires et sociales” de la loi immigration, votée le 19 décembre dernier. Parmi les signataires de ce texte, la Pre Françoise Barré-Sinoussi, virologue et prix Nobel de la médecine en 2008, le Pr Rémi Salomon, pédiatre et président de la conférence des présidents de commission médicale d’établissement de CHU, ou encore la Dre Agnès Giannotti, présidente du syndicat MG France. 

Ils demandent au Président de la République “de ne pas promulguer cette loi” et appellent à la “mobilisation de l’opinion publique pour défendre la santé et le bien-être intégral de chaque individu [...] pour que tous les responsables et ministres prennent la mesure, comme l’a fait courageusement Aurélien Rousseau, des effets dramatiques de leurs décisions”. 

 

“C’est notre devoir en tant que professionnels de santé” 

Alors que 3 000 professionnels de santé appellaient déjà le 2 novembre dernier à maintenir l’aide médicale d’Etat (AME), les 5 000 soignants s’unissent pour “réitérer cet appel”. “C’est notre devoir en tant que professionnels de santé”, estiment-ils. “La loi immigration remet gravement en cause notre modèle de santé humaniste”, dénoncent les 5 000 soignants, en rappelant que la France est pour le monde entier “le pays des droits humains, des ‘French doctors’ et d’une médecine performante et humanitaire, présente partout au chevet des populations malades et victimes des guerres et des crises”.  

Les signataires jugent également que “conformément aux alertes de l’Unicef, le texte voté par le Parlement est contraire à la Convention internationale des droits de l’enfant”. Ils pointent des “aides conditionnées à la reconnaissance d’un travail” et “une attribution considérablement différée”, engendrant pour les personnes sans emploi ou travaillant de manière informelle la perte d’aides “notamment pour élever leurs enfants ou se loger. On peut redouter alors une dégradation intolérable de la mortalité infantile”, posent-ils. 

Selon les signataires, “les restrictions sur le logement pour les immigrants en situation irrégulière menacent de les marginaliser davantage, les forçant à vivre dans des conditions précaires et insalubres. Ces environnements peuvent avoir des effets dévastateurs sur leur santé physique et mentale, augmentant le risque de maladies et d’isolement social”. Et, si ces derniers ne parviennent pas à obtenir un logement, cela peut les “exposer à la rue et à des situations de vulnérabilité sexuelle pouvant conduire à des violences ou à l’infection par le VIH”, poursuivent-ils.

Alors que la la loi prévoit “la suspension de la prise en charge médicale pour les demandeurs d’asile déboutés et les restrictions du titre de séjour pour maladie graves”, les professionnels de santé redoutent une “augmentation des urgences médicales et la propagation de maladies infectieuses, mettant en danger la santé publique dans son ensemble”. Ils tiennent à rappeler que “la santé est un droit universel, indépendamment du statut administratif”.  

 

La loi contribuera "à nous priver d'étudiants brillants" 

La loi immigration concerne également certains professionnels de santé. “Il faut rappeler que 25% des médecins exerçant à l’hôpital aujourd’hui sont des ‘praticiens à diplôme hors Union européenne’”, précisent les signataires. “Des facilitations sont prévues pour les médecins et les soignants, considérés comme des métiers en tension, mais leurs statuts respectifs demeurent très précaires et sous-valorisés. Et comment concevoir humainement que l’on attire en France des médecins au détriment de leurs pays d’origine, tout en refusant de soigner les malades de ces mêmes pays ?”, déplorent-ils. 

Les étudiants en médecine sont également concernés. “La restriction du droit d’étudier en France, à travers notamment le versement d’une « caution » imposée aux étudiants étrangers, heurte gravement notre tradition d’accueil et de formation, en particulier en médecine et en santé. Elle contribuera à restreindre l’attractivité de la France et à nous priver d’étudiants brillants, qui sont beaucoup des talents de la France d’aujourd’hui”, terminent les signataires de la tribune. 

[Avec Le Monde

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4 commentaires
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Francois Laissy est en ligne
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Débatteur Passionné
Médecine générale
il y a 4 mois
A notre époque, et sur un plan strictement humanitaire, tout a un coût, on entend les cris d'orfraie pour faire des actes gratuits et les mêmes cris pour payer les soins des "étrangers" qui n'ont pas ...Lire plus
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Débatteur Passionné
Médecine générale
il y a 4 mois
sujet compliqué, surtout quand les français eux-mêmes ne peuvent plus se soigner normalement depuis 2-3 ans et que le soignants déjà sont sous terre, sans espoir d'amélioration vu l'absence de vrai bo...Lire plus
Photo de profil de Henri Baspeyre
11,1 k points
Débatteur Passionné
Chirurgie générale
il y a 4 mois
les 5000 en question ne payent pas!...Lire plus

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