Mauvais diagnostic : un urgentiste condamné à de la prison avec sursis après le décès d'une patiente
14 août 2020. Une quinquagénaire souffrant d'intenses douleurs abdominales est conduite aux urgences de l'hôpital de Chartres par l'une de ses voisines. Elle est prise en charge par un urgentiste de 66 ans, décrit par nos confrères de L'Echo républicain comme "très expérimenté". Le médecin lui prescrit une radio et ne remarque "rien d'anormal", a-t-il indiqué devant les juges, le 10 novembre dernier. "Le radiologue, qui a interprété la radio à distance, deux heures plus tard, a fait le même constat", a insisté le mis en cause. L'urgentiste administre des antidouleurs à sa patiente et l'autorise à rentrer chez elle. "Elle voulait repartir", a-t-il assuré. "Elle me disait qu'elle n'avait plus mal. Je lui ai demandé de revenir si les douleurs apparaissaient de nouveau." Trois jours après avoir été admise aux urgences, elle est retrouvée sans vie à son domicile. Une autopsie révèlera plus tard la cause du décès : une occlusion intestinale aigüe survenue quelques heures après sa sortie de l'hôpital. "Elle avait le ventre souple, pas de vomissements, un transit normal et pas de fièvre. De plus, la radio n'indiquait rien de particulier", a précisé l'urgentiste lors de l'audience. Les deux experts judiciaires remettent toutefois en cause son diagnostic. La patiente ayant été opérée par le passé d'une appendicectomie, "la bonne pratique consiste à prescrire un scanner abdomino-pelvien", a indiqué l'un d'eux. Ce que n'a pas été fait l'urgentiste, "car il y a des délais d'attente". Pour les experts, l'erreur ne s'arrête pas là. Les radios ont été mal interprétées. "On pouvait y déceler des traces d'occlusion." "En mon âme et conscience, j'ai fait ce que la bonne pratique médicale m'imposait de faire", s'est défendu le médecin qui conteste l'expertise. L'avocat de la famille de la victime, Me Iannis Alvarez, s'est dit "sidéré par les propos d'un professionnel de santé, qui n'a pas une once d'autocritique de sa pratique professionnelle". "Il a pêché par excès de confiance et peut-être même d'arrogance", a de son côté jugé la procureure de la République. Le tribunal a condamné l'urgentiste à 18 mois de prison avec sursis. [avec L'Echo républicain]
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