"On a déjà fait grève, on a été réquisitionnés et rien n'a bougé" : les médecins des urgences de Périgueux en arrêt maladie
Depuis ce mardi 22 octobre, une majorité d'urgentistes de l'hôpital de Périgueux se sont déclarés en arrêt maladie. Il ne reste plus que deux médecins dans le service, dont un intérimaire.
La fermeture des urgences de Bergerac par manque de personnels a été la goutte d'eau qui a fait déborder le vase. "On nous a annoncé qu'on allait envoyer les patients de Bergerac aux urgences à Périgueux. On s'est opposé à ça, mais ça a été maintenu", indique le Dr Benjamin Salez, le chef du SAMU à l'hôpital de Périgueux. "Les praticiens ont été confrontés à une réorganisation imposée par la fermeture des urgences de Bergerac, qui seront remplacées par une ligne exclusive de SMUR/urgence vitale", précise le Dr Salez. "Cette décision intervient alors que les effectifs du service des urgences de Périgueux sont déjà en deçà des normes minimales, avec seulement trois praticiens titulaires et un faisant fonction d’interne pour une équipe théorique de cinq", ajoute-t-il au quotidien Sud-Ouest.
Une majorité de praticiens ont donc décidé de se déclarer en arrêt maladie, mardi 22 octobre au matin. Selon Sud-Ouest, il ne reste qu’un seul médecin urgentiste, dédié à la régulation, et un intérimaire, sur le terrain.
"Nous sommes dans une situation critique, cela fait un an et demi qu'on annonce que le système va craquer et qu'il faut prendre des mesures. On a eu plusieurs réunions avec l'Agence régionale de santé, on arrive à une situation dans laquelle les établissements sont au bord de la rupture, et on nous impose encore un surplus de travail", dénonce le Dr Salez sur France Bleu. "On a déjà fait des mouvements de grève : on a été réquisitionnés et rien n'a bougé. On souffre de venir travailler et de voir des gens entassés aux urgences, on ne voit pas d'alternative", explique le chef du SAMU.
L’Agence régionale de santé (ARS) de Nouvelle-Aquitaine a publié un communiqué de presse pour regretter que "des médecins choisissent des modalités d’actions qui impactent la prise en charge des patients sans donner le temps aux autorités compétentes d’agir". Le plan blanc a été activé, avec pour conséquences "le rappel de personnels, la déprogrammation d’activité de soins ainsi que l’organisation d’une solidarité départementale", indique le communiqué.
Le Dr Bruno Hammel, président de l'Ordre des médecins de Dordogne, comprend la "colère" et le "ras-le-bol" des médecins de l'hôpital face à des conditions de travail devenues insoutenables. "Je comprends tout à fait leur épuisement", déclare-t-il, soulignant que les urgences sont devenues "le goulot d'étranglement de tout le système de santé". "Nous avons lancé un appel auprès des médecins généralistes de terrain pour essayer de trouver des volontaires pour venir aider dans les services des urgences", a-t-il indiqué sur France Bleu. "Nous avons eu quelques réponses, mais elles sont un peu décalées dans le temps", a-t-il ajouté.
[Avec sudouest.fr et francbleu.fr]
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