Soupçonné de viols, le Pr Daraï définitivement mis en retrait de ses responsabilités à l’AP-HP

10/12/2021 Par L. C.
Faits divers / Justice
Visé par une enquête pour viols, le Pr Emile Daraï, gynécologue spécialiste de l’endométriose à l’hôpital Tenon à Paris, a été mis en retrait de ses responsabilités de chef de service et de responsable pédagogique, ont annoncé ce jeudi 9 décembre l’AP-HP et l’université de la Sorbonne.

Le 8 octobre dernier, l’AP HP et l’université de la Sorbonne avaient annoncé que le Pr Emile Daraï, visé par plusieurs plaintes de patientes pour viol, avait été mis en retrait de ses responsabilités de chef de service et de responsable pédagogique afin que l’enquête interne, déclenchée par les deux institutions quelques jours plus tôt, "se déroule dans la plus grande sérénité". Après avoir réalisé 41 auditions individuelles (d’ex patientes, d’externes et d’internes, de collègues…) ou collectives entre le 1er octobre et le 19 novembre 2021, la commission d’enquête – composée d’un gynécologue-obstétricien, d’un médecin de la communauté hospitalo-universitaire de Sorbonne Université, d’un représentant des usagers et d’un membre de la direction administrative de la faculté de santé – a rendu son rapport ce jeudi. "A la lumière des différents témoignages contre le Pr Daraï, la commission estime que l’obligation d’information de ces patientes, le soulagement de leur douleur, le respect de leurs volontés n’ont pas été respectées", rapportent l’AP-HP – dont fait partie l’hôpital Tenon – et l’université de la Sorbonne dans un communiqué diffusé dans la foulée. Toutes dont ont ainsi annoncé la mise en retrait définitive de ses responsabilités. Le collectif Stop aux Violences Obstétricales et Gynécologiques – qui avait recueilli la centaine de témoignages de patientes contre le spécialiste de l’endométriose – a toutefois dénoncé le fait que le Pr Emile Daraï peut toujours continuer à consulter et à effectuer des opérations au sein de l’établissement de santé.  La commission d’enquête ne retient en effet "aucune connotation sexuelle alors que certains manquements ont été relevés dans le recueil du consentement à certains gestes". Dans leur communiqué, les deux instances expliquent que "les conditions d’organisation des consultations ont été revues avec le nouveau chef de service. Il sera mis en place une fonction d’annonce, confiée à une infirmière, comme cela existe dans les services qui prennent en charge des patients atteints de cancer et comme préconisé dans le rapport d’enquête" – par ailleurs transmis au ministère de la Santé et à l’ARS.  

  La commission d’enquête conclut par ailleurs dans son rapport que "la situation actuelle est le fruit de dysfonctionnements individuels mais aussi collectifs et systémiques". En cause notamment, le "modèle pyramidal" qui ne permet pas un bon échange entre les étudiants en médecine d’un côté et le chef de service, par exemple. Ainsi, l’AP-HP et la Sorbonne annoncent avoir pris un ensemble de mesures, notamment sur la formation des étudiants qui comprend désormais "des apprentissages autour du savoir-être" mais aussi "des formations managériales des futurs responsables médicaux". Une "charte de bonne pratique", s’inspirant de la récente charte proposée par le collège national des gynécologues obstétriciens, sera prochainement affichée dans l’ensemble des services de gynécologie-obstétrique de l’AP-HP. Elle sera complétée par un document d’information à destination des patientes, précise le communiqué. Cette charte doit être validée avant la fin de l’année 2021. Enfin, l’AP-HP assure qu’il convient de "renforcer l’efficacité du traitement des réclamations portant sur les pratiques médicales afin de s’assurer que les procédures mises en œuvre soient véritablement suivies de mesures correctrices appropriées et évaluées". Le parquet de Paris avait ouvert une enquête pour viol par personne ayant autorité sur mineur de plus de 15 ans, le 28 septembre dernier, à la suite d’une première plainte. Les investigations avaient alors été confiées à la Brigade de protection des mineurs (BPM). Une seconde, reçue deux jours plus tard, avait élargi l’enquête à l'infraction de "viol en réunion" et les investigations ont été reprises par le 2e district de police judiciaire. Les nombreux témoignages d’anciennes patientes accusent notamment le praticien d’avoir réalisé des pénétrations non-consenties très douloureuses et disent avoir subi une consultation très brutale (insertions violentes du spéculum dans le vagin, pénétration rectale non consentie, touchers douloureux…). Dans une lettre datée du 7 décembre et adressée au directeur général de l'Assistance publique - Hôpitaux de Paris, Martin Hirsch, le Pr Emile Daraï dit être "contraint de reconnaître que ces femmes ont pu percevoir l'examen clinique que j'ai pratiqué comme dénué d'empathie et de bienveillance". "Je suis profondément désolé et tiens à leur présenter mes plus sincères excuses."   [avec AFP]  

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