
"Les patients méritent mieux que des querelles entre professions" : la présidente de l'Ordre des kinés réagit aux propos de François Arnault
Dans une interview bilan publiée en exclusivité sur Egora, le Dr François Arnault, président du Conseil national de l'Ordre des médecins (Cnom), est revenu, sans langue de bois, sur l'échec du Clio santé, qui a marqué le début de son mandat. Il a reproché aux ordres infirmiers et kinés "d'avoir fanfaronné" sur le partage d'actes, mettant "le feu dans la profession médecin". Des propos contestés par Pascale Mathieu, présidente de l'Ordre des kinés, qui a tenu à apporter sa version "de l'histoire".

"Cette signature du Clio s'est faite à mon initiative. Je veux bien qu'on réécrive l'histoire mais je rappelle que depuis 2014, je n'avais de cesse que de vouloir mettre autour d'une table tous les présidents des Ordres de santé, en disant que c'est à nous de définir ce que nous devons faire, qui devait le faire et comment. Je n'avais eu que des fins de non-recevoir. Et c'est vrai qu'à son arrivée, François Arnault, très intelligemment, a accepté que l'on se mette tous ensemble autour d'une table pour discuter", pointe Pascale Mathieu.
La présidente de l'Ordre des kinés admet se souvenir "d'un petit clash", à la publication d'un article dans la presse, avant la signature officielle de l'accord, "quand l'Ordre des médecins s'était félicité dans la presse d'avoir proposé une nouvelle organisation des soins". "J'avoue que j'avais été assez heurtée parce que je pensais que les membres du Clio devaient communiquer ensemble sans que personne ne tire la couverture à soi", confie Pascale Mathieu, qui estime que cela été le "seul point d'achoppement".
Dans une interview bilan accordée à Egora, le président du Conseil national de l'Ordre des médecins est en effet revenu sur l'échec du Clio. "Ce texte a été longuement et ardemment discuté entre les ordres. La coordination du médecin était toujours respectée quand il y avait des tâches qui étaient déléguées ou confiées à un autre professionnel de santé", a détaillé le Dr Arnault sur Egora avant de poursuivre, "cet accord signé m'a été reproché parce que dans les suites immédiates, deux professions de santé, les infirmiers et les kinés, ont fanfaronné en disant que les médecins avaient accepté de leur déléguer des tâches. Ça a mis le feu dans la profession des médecins. On m'a accusé de vendre la médecine à la découpe. Cela m'avait contrarié".
"Les patients méritent mieux que des querelles entre professions"
"Malheureusement, il y a eu un retour en arrière, à cause, je pense de la réaction de la base des médecins. Mais je conteste fortement le mot de fanfaronner, en ce qui nous concerne", s'agace la présidente de l'Ordre. "Je mets quiconque au défi de trouver une communication de notre part fanfaronnant et je trouve que ses propos ne sont pas à la hauteur des enjeux actuels", a déploré la kinésithérapeute, rappelant "qu'il y a toujours des millions de personnes qui n'arrivent pas à se faire soigner".
"Que le médecin coordonne, quand il est là, c'est tout à fait indispensable. Mais que faire quand il n'y en a pas", s'est interrogée Pascale Mathieu. "Il faut qu'on sorte d'une vision passéiste du 19ème siècle. Les patients méritent mieux que des querelles entre professions. S'agissant de l'accès direct, c'est un combat d'arrière-garde qui se fait depuis des décennies dans les pays développés et il n'y a aucune difficultés. Ce qui est essentiel, c'est de revenir vers le médecin, quand il y en a un, pour le tenir informé de ce qu'il se passe. C'est indispensable. J'avais moi-même demandé que dans le cadre de l'accès direct, le compte-rendu soit adressé au praticien et déposé dans le dossier médical partagé. On est vraiment sur la même longueur d'onde", rappelle la présidente de l'Ordre des kinés.
"Les solutions, on les trouvera tous ensemble. "Ma porte sera toujours ouverte pour un dialogue constructif, loin des polémiques et des attaques personnelles", a conclu Pascale Mathieu.
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