Crédit : Cnom
PLFSS 2026 : "On a bien compris qu’on allait taper sur tout le monde", tacle le président de l’Ordre des médecins
Dans un entretien fleuve accordé à BFMTV et BFM Business, le président du Conseil national de l'Ordre des médecins (Cnom) dénonce les coupes budgétaires annoncées dans le projet de loi de financement de la Sécurité sociale (PLFSS) pour 2026. Mises sous objectif obligatoires, vaccination des soignants, fin de vie… Le Pr Stéphane Oustric est revenu sur tous les sujets d'actualité du moment.
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Alors que les coupes budgétaires sur la santé pleuvent de toutes parts, le président du Conseil national de l'Ordre des médecins (Cnom) a dénoncé dans une interview accordée à BFMTV et BFM Business "une simple gestion comptable de plus en plus contrainte". "On a bien compris qu’on allait taper sur tout le monde", analyse le Pr Stéphane Oustric, inquiet de l'absence "de vision prospective" du PLFSS 2026. "La prévention, aucun politique ne l'aime, parce que c'est un engagement sur la durée et dans la constance. Et aujourd'hui, un politique se projette à très court terme : qui va être élu en mars 2026 aux municipales ? Quel impact pour les sénatoriales ? Qui ou comment je me présente à l'élection de 2027 ?", a taclé le généraliste toulousain.
Interrogé sur la limitation des arrêts de travail primo-prescrits à 15 jours en ville, le président de l'Ordre s'est insurgé contre la "pression sociétale" imposée aux médecins. "Ce n’est pas tolérable. Nous devons conserver notre liberté d’exercice avec une indépendance professionnelle et un secret professionnel garantis car c'est ce que nous devons garantir avant tout aux patients", a-t-il pointé, jugeant toutefois que "cette limitation de la durée des arrêts peut nous aider et nous servir".
Alors que le projet de loi anti-fraudes sociales et fiscales prévoit de rendre obligatoires les mises sous objectif, le Pr Oustric estime que l'arrêt maladie est "un acquis social qui doit être encadré et règlementé. Simplement, il doit y avoir de la pédagogie de la part de la caisse, il y a du contrôle et c’est normal". Pour autant, "le contrôle et la pédagogie, ça ne veut pas dire de la sanction de principe ou systématique", plaide le médecin, qui estime que les entreprises ne s'appuient pas assez sur le temps partiel thérapeutique (TPT).
Le Pr Oustric a également appelé à la vaccination des soignants contre la grippe. "Quand on est soignant, on ne doit même pas se poser la question", a-t-il insisté rappelant que désormais, l'Ordre interviendra et déposera plainte "contre les faux messages portés par les anti-sciences, les antivax, les complotistes qu’ils soient médecins, soignants ou autres". Il a aussi pointé l'échec de la campagne de vaccination contre la grippe de l'an passé. "Quand vous recevez un bon de prise en charge de la vaccination antigrippale avec comme seule mention nos collègues pharmaciens… Cela perturbe terriblement les patients et certainement les médecins. Cela a mené à quoi ? Une catastrophe sanitaire organisée. Ça a dilué le message scientifique autour de la vaccination. On ne s'improvise pas médecin", a-t-il houspillé.
Nous ne sommes pas des objets, on ne peut pas dire que venir deux jours va sauver un endroit
Le Pr Oustric s'est également montré très critique sur le principe de solidarité territoriale des médecins, lancé début septembre par le Gouvernement. "Nous ne sommes pas des objets, on ne peut pas dire que venir deux jours va sauver un endroit. Dans ces endroits où il n'y a plus rien, deux jours ça ne sert à rien. Il faut s'organiser, plutôt par périodes de 15 jours", a pointé le généraliste.
Si le volet "soins palliatifs" de la loi sur la fin de vie - qui sera de nouveau débattue en février à l'Assemblée nationale - ne pose aucun problème au président de l'Ordre, ce dernier sera vigilant sur celui de l'aide à mourir. "Le médecin n'est pas là pour donner la mort. Ce n'est pas possible, ça ne le sera jamais. Il y aura toujours une clause de conscience, voire la double clause de conscience, qui doivent être inscrites dans la loi et pas simplement notre code de déontologie", a-t-il prévenu.
Enfin, Stéphane Oustric a rappelé sa "tolérance zéro" vis-à-vis des médecins auteurs de violences. "Il n'y a pas d'autre solution que l'interdiction d'exercer définitive. Un médecin a la capacité de franchir la barrière de l'intime, qu'elle soit physique ou psychologique, alors c'est impossible de transiger", a jugé le président, appelant à la mise en place d'une attestation d'honorabilité affichée dans les cabinets remise à jour tous les trois ans. Le document comprendrait ainsi la consultation de l'extrait de casier judiciaire (B2), du fichier des agressions sexuelles FIJAIS-V, mais aussi toutes les condamnations définitives ou de toutes les procédures en cours. "L’Ordre des médecins est le seul à pouvoir et à devoir le faire, il s'engage à produire cette attestation et elle devra être affichée obligatoirement dans toutes les salles d'attente", a promis le Pr Oustric.
[Avec bfmtv.com]
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