Manifestation des médecins libéraux du 14 février 2023 à Paris (crédit : Louise Claereboudt)
"Le Gouvernement piétine les médecins libéraux" : l'ensemble des syndicats appelle à une "manifestation historique" le 10 janvier
L'union syndicale des praticiens libéraux se poursuit face "aux attaques" contre la médecine libérale. Une manifestation nationale est prévue le samedi 10 janvier contre plusieurs amendements du projet de budget de la Sécurité sociale pour 2026, ainsi que plusieurs propositions de loi.
Manifestation des médecins libéraux du 14 février 2023 à Paris (crédit : Louise Claereboudt)
"Le Gouvernement a clairement choisi sa cible : la médecine libérale, toute la médecine libérale. Jamais un Gouvernement n'avait accumulé autant d'attaques en si peu de temps", écrivent ce vendredi 12 décembre, dans un communiqué commun, l'ensemble des syndicats de praticiens libéraux, ainsi que de jeunes et futurs médecins, et les Comeli. Tous appellent, "plus que jamais", à la mobilisation et prévoient "une manifestation historique à Paris" le 10 janvier.
Ce vendredi, le projet de loi de financement de la Sécurité sociale (PLFSS) pour 2026 a été rejeté d'emblée par le Sénat, opposé au compromis trouvé par l'Assemblée nationale sur ce texte, et est désormais renvoyé aux députés pour un ultime vote prévu mardi. Si ce projet de budget de la Sécurité sociale a été écrémé de son très controversé article 24 sur les rentes économiques dans certains secteurs, d'autres amendements et propositions de loi "problématiques" pour les médecins perdurent.
"Le PLFSS a supprimé un certain nombre d'articles, mais il reste quand même les principaux qui sont vraiment dangereux pour la profession", estime la Dre Patricia Lefébure, présidente de la FMF. "Le mouvement continue parce qu'on retrouve l'article 24 dans le 26 ter et le 26 quater, parce qu'il y a la loi anti-fraude qui a validé la MSO obligatoire, parce qu'il y a une attaque de tous les secteurs avec une fragilisation d'exercice et donc de la santé des patients, parce que le DMP obligatoire va engendrer des dérives en termes de fuites de données notamment", liste le Dr Jérôme Marty, président de l'UFML-S, joint par Egora.
"Pour MG France, les deux gros sujets sont la mise sous objectif obligatoire, qui est terrible, et France Santé, avec la mise sous tutelle de nos organisations professionnelles. On est inquiets. Le 26 ter dit quand même que le directeur général de la santé peut baisser les tarifs de manière unilatérale s'il n'y a pas d'accord. La confiance dans le système conventionnel est quand même touchée", abonde la Dre Agnès Giannotti, présidente de MG France. "Les quatre euros de franchises ne sont plus dans les recettes mais peuvent être dans les décrets. On nous jure que ça ne sera pas le cas mais bon! Les problèmes ne sont pas traités et il n'y a pas de vision à long terme, ça n'est que de la communication et du court terme", déplore la généraliste.
"Il y a aussi la loi anti-fraude qui va contraindre les médecins à exercer sous forme d'objectifs. D'autant que les objectifs sont définis à posteriori, on ne les connaît pas à l'avance. Ils seront définis uniquement par l'Assurance maladie en fonction des coûts engendrés. C'est parfaitement anti déontologique. Il s'agit même d'une injonction contradictoire, c'est à dire que nous sommes soumis au code de déontologie qui nous dit d'apporter les soins nécessaires aux patients et en parallèle, on nous dit "non ce patient-là n'aura pas les soins nécessaires parce que nous avons déjà dépassé notre quota de prescription", s'insurge la présidente de la FMF.
"Nous nous sommes réunis en intersyndicale hier soir, et aucun syndicat n'a voulu abandonner le mouvement", se félicite Jérôme Marty."Nous nous sommes tous mis d'accord très facilement. Nous n'avons pas vraiment eu à faire de concessions les uns par rapport. C'est vraiment un mouvement unanime", insiste Patricia Lefébure. "Il faut frapper un grand coup". "On voit que la profession est très mobilisée, notamment avec le sondage d'Egora", poursuit Jérôme Marty.
"Avec le PLFSS, le Gouvernement décide d’imposer des amendes massives aux médecins qui n'utilisent pas le DMP, d’orchestrer une attaque sexiste contre les médecins en cumul emploi-retraite, touchant en premier lieu nos consœurs, mères de famille, d’ouvrir la porte à une baisse autoritaire des actes de la CCAM, [...] d’encadrer toujours plus la liberté de prescription, notamment sur les arrêts de travail et de fragiliser tous les secteurs d’exercice et la santé des Français", dénoncent les syndicats dans leur communiqué commun.
Ils s'élèvent également contre la proposition de loi de "lutte contre les fraudes" qui impose les MSO sans concertation et contre les propositions de loi Mouiller et Garot qui remettent en question la liberté d'installation.
"Le Gouvernement piétine les médecins libéraux, méprise leur engagement, ignore la réalité des soins", concluent les syndicats, qui maintiennent également leur opération "la médecine ne répond plus", prévue entre le 5 et le 15 janvier.
"Les dates du mouvement seront précisées après le parcours final du texte. On peut avoir encore des amendements portés par le Gouvernement. Tout cela va jouer sur la durée du mouvement qui s'affinera mardi soir [après le vote du PLFSS par les députés, NDLR]. Pour l'instant, nous restons sur la période du 5 au 15 janvier", précise Jérôme Marty.
Les syndicats prévoient également d'accompagner le départ des chirurgiens en exil prévu le 11 janvier. "60 bus sont réservés pour partir à Bruxelles, nous seront là pour le départ", indique Jérôme Marty.
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