"Il faut une grève massive" des médecins : 65% des lecteurs prêts à fermer leur cabinet entre le 5 et le 15 janvier
Alors que les six syndicats représentatifs des médecins libéraux, rejoints par les Comeli, Médecins pour demain et le Collectif des médecins du sud-est, ont appelé la profession à la "mobilisation générale" avec une fermeture des cabinets du 5 au 15 janvier, le vote du PLFSS à l'Assemblée pourrait rabattre les cartes. Une réunion intersyndicale doit se tenir jeudi 11 décembre. En attendant, 65% des lecteurs d'Egora se préparent à la grève.
Voté sur le fil à l'Assemblée nationale ce mardi 9 décembre, le projet de budget de la Sécurité sociale pour 2026 a été écrémé de son très controversé article 24 sur les rentes économiques de certains secteurs, comme la radiologie. "Le directeur de la Cnam ne décidera plus de la baisse des tarifs comme il était initialement prévu, ce sera aux négociations de déterminer là où les dépenses devront être baissées", a promis mardi la ministre de la Santé, Stéphanie Rist, face aux députés.
Pour autant, d'autres articles polémiques ont été réintégrés et votés tels que la pénalité financière en cas de non-respect de l'obligation de remplissage du dossier médical partagé ou le déremboursement des prescriptions des médecins du secteur 3.
Si les six syndicats représentatifs des médecins libéraux (MG France, CSMF, SML, UFML-S, AvenirSpé et FMF) avaient appelé, fin novembre, la profession à la "mobilisation générale" avec une fermeture des cabinets du 5 au 15 janvier, ce vote à l'Assemblée pourrait rabattre les cartes. Une réunion intersyndicale est prévue jeudi 11 décembre dans la soirée pour déterminer la suite du mouvement.
De leur côté, les lecteurs d'Egora appellent largement à la grève. A la question : "Comptez-vous fermer vos cabinets entre le 5 et le 15 janvier ?", 65% des lecteurs ont répondu par l'affirmative. "Il faut une grève massive, dans un esprit fort de confraternité, pour lutter contre ces politiques qui nous méprisent et veulent contraindre nos jeunes à un exercice contrôlé et soumis", estime le Dr Michel L.M. "Tous les médecins, quels que soient leurs secteurs d'activité, sont touchés et doivent se liguer. Cela doit être une grève historique ! La grève de la liberté et de l'indépendance !", a poursuivi le généraliste.
"Si vous ne voulez pas d'un système à l'anglo-saxonne où seuls ceux qui ont les moyens de payer et ne pas être remboursés sont soignés correctement, alors c'est maintenant qu'il faut se bouger. Et fermer. Décalez vos rendez-vous pendant vos vacances de Noël et fermez", a enjoint la Dre Annick C., ophtalmologue.
"C'est la dernière manifestation avant la mort de la médecine libérale...", a, de son côté, mis en garde le Dr Pascal A. "Le PLFSS 2026 représente la pire attaque jamais enregistrée à l'encontre de la médecine libérale", a appuyé la Dre Sophie B. "Aujourd'hui, nous sommes attaqués de plein front et si cette fois les médecins n'ont pas compris qu'ils doivent réagir ce sera terminé pour eux !", a prévenu le Dr Martin D.S.
"Il nous faut un mouvement fort, restons unis pour l'avenir de la profession, le devenir des plus jeunes qui ne s'installeront plus et pour nos patients afin de continuer à les soigner en pratiquant une médecine de qualité", a lancé la Dre Claire F., dénonçant "le mépris" des parlementaires et leur "absence totale de connaissance des dossiers".
Toutes les grèves que j'ai connues, et parfois effectuées, depuis 30 ans n'ont eu aucun effet
"Ils n'en ont rien à faire... ", a jugé le Dr Mario S. qui conseille plutôt à ses confrères d'arrêter "de télétransmettre, ne faites que des feuilles de soins papier..." "Ils seront obligés de les traiter manuellement et ils n'ont plus le personnel pour cela", a ajouté le praticien, en réponse au débat.
"Cela n'est pas crédible. Faire une grève pour sauver la médecine libérale reviendrait à vouloir repriser un bout d'une pièce de tissu trop usagée de toute part. Cela ne fonctionne pas. Tout le système de gouvernance français doit être remis à plat pour faire le ménage dans ce qui dysfonctionne et empêcher que des voyous, en col blanc, incompétents et au service de leur orgueil n'arrivent au pouvoir", a jugé un autre médecin, sous le pseudonyme Avocat du Diable.
"Toutes les grèves que j'ai connues et parfois effectuées depuis 30 ans n'ont eu aucun effet, ils jouent sur nos divisions et notre déontologie qui aboutit à de l'autocensure, leur but est de nous assujettir", a déploré, de son côté, le Dr Michel L.
"On va être encore plus mal aimés. Les politiques diront : 'Regardez, ils n'en ont rien à faire des patients', les patients diront pareil, cela risque de faire contre-effet ! Ne peut-on pas trouver une autre solution pour s'exprimer et marquer ?", s'est notamment interrogée la Dr Judith L.M.
Pour le Dr Olivier P toutefois, "ceux qui refusent d’être solidaires et dans l’action vont à l’encontre des intérêts de tous". "Si le mouvement venait à échouer, ceux-là s’en mordront les doigts et nous serons tous en très grande difficulté", a-t-il prévenu.
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Claire FAUCHERY
Oui
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