
"Confier aux pharmaciens les pansements serait une aberration sanitaire de plus" : les infirmières libérales dénoncent "une insulte" à leur profession
Le président de l'Union de syndicats des pharmaciens d'officine (Uspo) a présenté, début avril, à Matignon une liste de sept nouvelles missions que les pharmaciens pourraient assumer au sein de leurs officines. Parmi elles, les soins de plaies simples. Convergence infirmière dénonce, de son côté, "une négation" des compétences des IDEL.

"Nous ne laisserons plus dépecer notre profession morceau par morceau", prévient Convergence infirmière, dans un communiqué de presse diffusé lundi 26 mai. Le syndicat – l'un des trois représentants les infirmières libérales – s'inquiète du probable élargissement des missions des pharmaciens. Ces derniers pourraient bientôt marcher sur les platebandes des IDEL, selon Convergence infirmière.
En effet, les pharmaciens pourraient se voir prochainement confier "la prescription de contraception après pilule du lendemain, la prise en charge des conjonctivites, le traitement des douleurs dentaires, le retrait de tiques, les soins de plaies simples, la délivrance de kits de dépistage, ou encore la vaccination du voyageur", avance Convergence infirmière, dénonçant une "politique de santé publique incohérente, inefficace et injuste".
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Ces sept nouvelles missions que les pharmaciens pourraient assumer ont été proposées début avril par le président de l'Uspo (Union de syndicats des pharmaciens d'officine), Pierre-Olivier Variot, selon Le Moniteur des pharmacies.
"Confier aux pharmaciens les pansements qui relèvent du rôle propre infirmier serait une aberration sanitaire de plus. Une négation de nos compétences. Une insulte à notre profession", s'insurge Convergence infirmière. Et de rappeler que les infirmiers et infirmières libérales, pourtant "formés, compétents" et "présents quotidiennement au domicile des patients", "se voient refuser l'autonomie nécessaire pour prendre pleinement en charge leurs propres missions".
"Malgré l’ouverture de la vaccination aux pharmaciens, la couverture vaccinale des plus fragiles n'augmente pas, elle recule", ajoute le syndicat d'infirmières libérales. "Pour la grippe, elle a été en baisse sur 2023-2024 par rapport à la campagne précédente : 47,1% contre 51,5% en 2022-2023 chez les personnes à risque ciblées par la vaccination." "Preuve, s'il en fallait une, que donner des missions ne suffit pas si l'on ne respecte pas les expertises", soutient l'organisation, déterminée à ne pas céder ses compétences.
"Ce n'est pas en déshabillant Pierre pour habiller Paul qu'on résoudra les défis de notre système de santé", estime Convergence infirmière, pour qui "ce jeu de vases communicants ne sert ni les patients, ni la prévention, ni l'efficience des soins". Le syndicat exige ainsi une "reconnaissance pleine et entière des compétences infirmières", "l'autonomie effective pour la prise en charge des soins de plaies", et la mise en œuvre d'une "politique de santé fondée sur les besoins des patients, pas sur les lobbies".
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