Syndrome du surentraînement

Sportifs de haut niveau : dépister le syndrome de surentraînement

Baisse des performances, difficultés de récupération, blessures récurrentes et troubles psychologiques. Voici les principales manifestations du syndrome de surentraînement qui peut toucher tout sportif, quel que soit son âge et sa pratique. Il est essentiel de détecter cette pathologie au plus tôt. Le point avec le Dr Quentin Vincent, médecin du Sport à l’Hôpital Hôtel-Dieu à Paris (APHP).

15/07/2024 Par Marie Ruelleux-Dagorne
Interview Santé publique
Syndrome du surentraînement

Egora : Qu’entend-on par surentraînement ? Et par quoi se caractérise-t-il ?

Dr Quentin Vincent : Si les mécanismes sous-jacents de cette pathologie demeurent inconnus, on définit le surentraînement par une baisse des performances physiques malgré le maintien, voire l’augmentation de l’entraînement sportif. Les manifestations du surentraînement associent généralement une diminution de la capacité de performance physique globale du patient sans explication sportive et une asthénie intense, mais elles se présentent aussi par des troubles du sommeil avec difficultés d’endormissement et des réveils nocturnes. A cela peuvent s’ajouter des troubles du comportement alimentaire avec une baisse d’appétit, et des retentissements psychologiques, hormonaux et immunitaires. Le surentraînement peut, en effet, causer une altération des composantes métaboliques et endocriniennes, prédestinant ainsi le sportif de haut niveau aux infections de toutes sortes. C’est bien l’intrication de tous ces facteurs qui caractérise le syndrome de surentraînement et en fait une pathologie complexe à diagnostiquer.

 

Comment se pose le diagnostic ?

S’il reste assez rare chez les sportifs de haut niveau, le diagnostic est difficile à poser car il n’est pas toujours aisé de différencier les signes d’une fatigue secondaire à un entraînement intensif et ceux qui accompagnent un syndrome de surentraînement. En effet, il n’existe pas de signe clinique pathognomonique. Un diagnostic d’autant plus difficile à poser qu’une grande partie des patients vont être dans le déni et ne vont pas vouloir affronter la réalité d’une baisse de performance d’origine extra-sportive.

 

Mais alors, quels sont les moyens à votre disposition pour détecter ce syndrome ?

Un questionnaire d’aide au repérage, élaboré par la Société française de médecine de l’exercice et du sport (SFMES) dans le cadre de la surveillance médicale réglementaire (SMR), est soumis aux athlètes deux fois par an. Il a pour objectif la mise en évidence d’une baisse du niveau de performance et d’une modification du comportement habituel affectant à la fois la sphère somatique, intellectuelle, psychologique et affective du sportif. Et c’est généralement quand les patients interrogés répondent "oui" à quelques questions, qu’il nous appartient de pousser les investigations plus loin. 

Enfin, en cas de suspicion d’un syndrome de surentraînement, la prescription d’un bilan sanguin peut être envisagée pour rechercher un éventuel trouble du transport de l‘oxygène, des troubles de la fonction immunitaire, de la fonction musculaire et les conséquences métaboliques associées. Le choix des examens à réaliser se porte généralement sur NFS, VS, CRP, Fer et Ferritine, Acide urique, Urée et Créatinine, Hématocrite et CPK. A quoi s’ajoute un ionogramme avec dosage du calcium et du magnésium. Ces éléments sont ceux décrits dans la littérature médicale pour effectuer un bilan de base suite à une suspicion de surentraînement. Toutefois, l’hypothèse d’un bilan normal ne doit en aucun cas nous empêcher de poser un tel diagnostic. Des tests fonctionnels, comme une épreuve d’effort avec VO2 max, sont possibles dans le but d’objectiver une diminution des performances. Cela implique d’avoir des tests de pré-saison car il est important de comparer à l’état basal du sportif (sans pour autant que cela ne soit un critère déterminant à la pose du diagnostic).

"La prise en charge est complexe"

Quels sont les principaux risques encourus ?

En premier lieu, le syndrome de surentraînement engendre un risque accru de blessures. C’est la raison pour laquelle la survenue itérative de blessures malgré des traumatismes bénins doit alerter. Mais en général, la relation étroite qui existe entre le sportif et son coach (ou son entraîneur) suffit à prévenir cette pathologie car ce dernier connait parfaitement son athlète et reste particulièrement vigilant à ses capacités physiques et psychologiques. L’autre risque que nous observons en pratique est celui d’une véritable dépression chez le sportif de haut niveau. La mise en place d’un traitement antidépresseur, voire l’arrêt complet de l’entraînement et de sa pratique ne sont pas rares dans ce cas. Si les motifs de consultations sont d’ordre purement physique dans un premier temps, il ne faut pas hésiter à approfondir les choses durant l’entretien et à revoir le patient sans son entraineur !

 

En quoi consiste la prise en charge ?

Le syndrome de surentraînement confirmé, la prise en charge est complexe. Le médecin, l’entraîneur et le patient forment ici un trio important. Il faut du repos avec un arrêt partiel ou total de l’entraînement au cas par cas. En parallèle, il est essentiel de renforcer la récupération du sportif en travaillant notamment sur une meilleure qualité de sommeil, une amélioration de l’alimentation et de la nutrition. Nous avons parfois recours à des nutritionnistes pour s’assurer que l’alimentation envisagée soit bien compatible avec la charge de l’entraînement. 

Il faut ensuite s’orienter vers la récupération psychologique qui peut nécessiter une coupure franche pour les sportifs durant un week-end, une semaine, il est important de le couper des actualités de son activité sportive (réaliser une réelle coupure de tout stress lié à son sport). Par ailleurs, l’enseignement de stratégies préventives de récupération fait aussi partie de la prise en charge. En tout état de cause, le syndrome de surentraînement est une pathologie complexe qui ne doit être étudiée qu’au cas et par cas et qui nécessite une prise en charge ultra-personnalisée.

 

Les autres articles du dossiers :

 

Le Dr Vincent déclare n’avoir aucun lien d’intérêts

Références :

D’après un entretien avec le Dr Quentin Vincent, médecin du sport à l’Hôtel-Dieu (APHP) – Paris, le 27 mai 2024

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Albert Dezetter

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il y a 5 mois
jeune, dans les années 58 63...j'ai fait de la compétition à bon niveau. Je faisais du 110m haies. L'entrainement consistait essentiellement à travailler le passage des haies qui -dans cette spécialité- se fait toujours sur la même jambe d'appel, moi la droite Pendant des heures j'esquivais le même MI gauche à l'arrêt. Jusqu'à nécroser ma tête fémorale gauche. J'ai arrêté. . j'ai ensuite fait kiné pour rester dans le milieu, puis médecine... il n'y avait aucune surveillance médicale. J'ai boité-bas pendant 50 ans En ce temps là on ne recherchait pas une responsabilité. En ces temps là , dans la rue on passait pour quelqu'un qui avait eu la polio.
 
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