La prévention, principal traitement des pathologies de surcharge
Tendinopathies, fracture de fatigue, syndrome de loge d’effort… Les pathologies de surcharge de l’appareil locomoteur et leurs récidives sont fréquentes chez les sportifs de haut niveau. La prévention primaire reste le principal traitement.
"La pratique d’un effort physique intense – notamment le sport de haut niveau – peut entraîner l’apparition progressive de lésions, localisées au niveau des tendons (très grande variété de tendinopathies), des os (fracture de fatigue dont la lyse isthmique lombaire, la périostite tibiale), des muscles (syndrome de loge d’effort), des artères (endofibrose iliaque externe, compression de l’artère poplitée), des nerfs (syndrome canalaire), des cartilages articulaires (dégénérescence chondrale pouvant aboutir à l’arthrose)", a décrit le Pr Jehan Lecocq, président de la commission médicale du Comité national olympique et sportif français (CNOSF), lors d’une séance de l’Académie de médecine consacrée à la médecine des Jeux olympiques et paralympiques, le 19 juin.
Définir les pathologies de surcharge de l’appareil locomoteur est complexe, même si les questionnaires OSTRC-O2 et OSTRC-H2 aident à établir le diagnostic. Ainsi, la prévalence est difficile à estimer. Elle serait de 42% dans les sports individuels (course, gymnastique, natation, ski…) et de 33% dans les sports collectifs, selon une méta-analyse incluant 24 704 sportifs, publiée en 2021. L’hyper-sollicitation peut conduire à des arrêts longs chez les sportifs de haut niveau, voire mettre un terme à leur carrière.
Nombreux facteurs de risque
Parmi les facteurs de risque, figurent l’âge, la prédisposition génétique, les antécédents de pathologie de surcharge, des facteurs psychosociaux… "Les facteurs de risque intrinsèques et extrinsèques sont le plus souvent spécifiques à chaque pathologie", a pointé le Pr Lecocq. Il en va de même pour la prévention et les stratégies thérapeutiques.
Dans la fracture de fatigue, dont l’incidence est évaluée à 0,54 pour 1 000 heures d’entraînement chez les hommes et 0,86 chez les femmes, "les facteurs de risque intrinsèques peuvent être les variantes anatomiques des membres inférieurs (inégalité de longueur, pieds creux ou plats, varus de l’arrière-pied, genu varum), les perturbations de l’acquisition du capital osseux pendant l’enfance et l’adolescence, la perturbation du modelage osseux par déficit en vitamine D et en calcium, la perturbation du remodelage osseux par hypo-œstrogénie en rapport avec les troubles menstruels. Les facteurs de risque extrinsèques peuvent être l’augmentation brutale des contraintes mécaniques : 86% des athlètes ayant une fracture de fatigue ont eu un changement d’entraînement avant", a détaillé le Pr Lecocq.
Diagnostic précoce
La prévention passe par "la connaissance, la compréhension et la compliance des sportifs", "le suivi quotidien à la recherche de plaintes", l’amélioration du geste, l’équipement (semelles amortissantes ou orthopédiques), la régularité de l’effort. Mais aussi par le diagnostic précoce, au stade de réaction de fatigue (micro-fissures visibles à l’IRM), pour instaurer une période de repos puis une reprise progressive "guidée sur la douleur à l’effort". Au stade de fracture, la prise en charge diffère selon l’os atteint et le type de risque. Elle peut intégrer la correction ou la compensation des facteurs de risque, la rééducation et la physiothérapie. "Le traitement chirurgical est le plus souvent privilégié chez les sportifs de haut niveau. Les essais thérapeutiques médicamenteux sont décevants : biphosphonates, teriparatide, injection sur site de plasma riche en plaquettes…", a relevé le Pr Lecocq.
Former sportifs et entraîneurs
Le syndrome de loge d’effort de jambe touche près d’un tiers des sportifs de haut niveau, avec une incidence annuelle de 1 sur 2 000. Il se manifeste par une diminution du retour veineux, une hypertrophie musculaire, une non-conformité du fascia, des micro-traumatismes, une compression de l’artère poplitée… Il concerne principalement les sports d’endurance et en charge (course, marche rapide) ou utilisant le pas du patineur.
Si "la prévention primaire est le principal traitement des pathologies de surcharge", elle est "limitée ou peu applicable" dans ce cas. Elle consiste en une amélioration de la gestuelle et une réduction des activités en-dessous du seuil de douleur. Le traitement de référence est la fasciotomie décompressive. L’injection de toxine botulique A offre de "bons résultats fonctionnels", tandis que "la prise d’AINS, la rééducation, la physiothérapie, les massages, le stretching sont peu ou pas efficaces à moyen et long termes", a observé le Pr Lecocq.
En amont, sportifs et encadrants doivent être formés à ne pas négliger la douleur et à éviter le surentraînement.
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Références :
D’après une intervention du Pr Jehan Lecocq, président de la commission médicale du Comité national olympique et sportif français (CNOSF), lors de la séance de l’Académie de médecine du 19 juin.
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