Diabétiques de type 2 de plus de 75 ans sous insuline : réduire l’insuline au fur et à mesure que l’état de santé se dégrade

19/12/2019 Par Pr Philippe Chanson
Diabétologie

Parmi les sujets âgés diabétiques de type 2, ceux qui sont en mauvaise santé sont plus à risque et retirent moins de bénéfices d’un contrôle glycémique strict sous insuline, en particulier du fait de l’augmentation du risque d’hypoglycémie. Une question posée est de savoir comment le sujet âgé utilise l’insuline et s’il l’arrête plus souvent quand il est en mauvaise santé que quand il est en bonne santé ? Pour répondre à cette question, une équipe américaine s’est intéressée à une cohorte de 21 531 sujets diabétiques de type 2 suivis de manière longitudinale pendant 4 années à partir de l’âge de 75 ans. La base de données était la base du Kaiser Permanent Northern California Diabetes Registry et les données ont été récoltées entre 2009 et 2017. Le statut de santé était défini comme bon s’il y avait moins de deux comorbidités ou qu’il y avait 2 comorbidités mais que les patients étaient physiquement actifs ; il était intermédiaire s’il y avait plus de 2 comorbidités ou 2 comorbidités mais pas d’exercice physique ou enfin, l’état de santé était considéré comme mauvais en cas de pathologie cardiaque ou pulmonaire ou rénale, de diagnostic de démence ou de cancer métastatique. Sur les 21 531 patients, 10 396 (48.3 %) étaient des femmes et l’âge moyen était de 75 ans. Presque 1/5ème des sujets diabétiques de type 2 de plus de 75 ans (18.9 %) utilisaient de l’insuline. La prévalence de l’utilisation de l’insuline à l’âge de 75 ans était supérieure chez les sujets en mauvaise santé (24.9 % avec un rapport de risque ajusté de 2.03 ; IC 95 % = 1.87 – 2.20, p < 0.01) et chez ceux qui avaient un état de santé intermédiaire (27.5 % ; RRA = 1.85 ; 1.74 – 1.97, p < 0.01) en comparaison de ceux qui étaient en bonne santé (10.5 %). Un tiers, soit 32.7 % des utilisateurs d’insuline à l’âge de 75 ans, ont arrêté l’insuline dans les 4 ans après le début de l’entrée dans la cohorte et cela au moins 6 mois avant le décès. La probabilité de poursuivre l’utilisation de l’insuline était supérieure chez les sujets en mauvaise santé (RRA = 1.47 ; 1.27 – 1.67, p < 0.01) et chez ceux qui étaient en santé intermédiaire (RRA = 1.16 ; 1.05 – 1.3, p < 0.01) en comparaison de ceux qui avaient une bonne santé. Les caractéristiques de prévalence et d’interruption du traitement par insuline étaient les mêmes chez ceux qui avaient un bon contrôle du diabète (hémoglobine glyquée < 7 %). Chez les sujets âgés diabétiques de type 2, l’utilisation de l’insuline est plus fréquente chez les sujets en mauvaise santé alors que l’arrêt de l’insuline après 75 ans est plus fréquent chez ceux qui sont en bonne santé, ce qui est plutôt l’inverse de ce qui est recommandé ! Il faut donc probablement modifier, dans la pratique, ce qui est proposé dans les recommandations, c’est-à-dire réduire l’intensité du traitement en insuline au fur et à mesure que l’état de santé décline.

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