FMC : 10 points clésSyndrome prémenstruel : évaluer le retentissement
Ses origines biologiques sont mieux connues ; et il existe probablement une part génétique. Des facteurs de risque ont aussi été identifiés.
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01Point formation n°1
Le syndrome prémenstruel (SPM) est un ensemble de symptômes physiques et psychiques débutant en phase lutéale, s'aggravant progressivement au cours de cette période et disparaissant rapidement avec l'arrivée des règles. Plus de 300 signes cliniques ont été identifiés. 40 % des femmes vont décrire un syndrome prémenstruel au moins une fois dans leur vie et 5 à 8 % auront des symptômes sévères.
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Le diagnostic est clinique, il repose sur le caractère cyclique et répété des troubles avec présence d'un intervalle asymptomatique d'au moins une semaine en période folliculaire. En cas de doute diagnostique, il est conseillé de réaliser un calendrier prospectif des symptômes.
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La physiopathologie de ce syndrome est mal connue. Elle semblerait liée à l'effet de la progestérone et de ses dérivés (notamment l'alloprégnanolone) au niveau des récepteurs Gaba-ergiques et sérotoninergiques. En effet, le SPM nécessite des cycles ovulatoires : il disparaît en cas de cycle anovulatoire ou de traitement antigonadotrope. La fréquence augmentée dans certaines familles suggère également une part génétique.
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Plusieurs éléments sont des facteurs de risque d'aggravation des symptômes, notamment la consommation d'alcool ou de tabac, l'alimentation riche en glucides et en calories, l'obésité ou les antécédents traumatiques ou de violence.
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La prise en charge du SPM est fonction du type de symptômes, de l'intensité de ceux-ci et de leur impact sur la qualité de vie, ainsi que du besoin contraceptif éventuel.
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Il convient de lutter contre les facteurs de risque modifiables : encourager le sevrage tabagique, limiter les consommations d'alcool et d'excitants (café, thé, drogues...), adapter les apports alimentaires ou encore proposer une prise en charge psychologique. Il convient, pendant cette période, de maintenir une activité physique et de lutter contre des facteurs qui pourraient exacerber les symptômes (à identifier pour chaque patiente).
Les produits de phytothérapie disponibles dans le commerce n'ont pas montré d'effet significatif évident. -
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En cas de besoin de contraception, ou d'échec des mesures précédemment citées, l'utilisation d'un traitement antigonadotrope (type contraception œestroprogestative) pourra être proposée. Les contraceptions microprogestatives ont été peu étudiées, mais pourraient, par manque d'effet antigonadotrope, ne pas être suffisamment efficaces chez certaines femmes. Elles pourront néanmoins être proposées, notamment en cas de contre-indication aux traitements œestroprogestatifs : l'impact sur le SPM devra être évalué au cas par cas.
Les traitements macroprogestatifs ne sont pas recommandés dans la prise en charge du SPM.
Malgré l'absence de données scientifiques probantes, la progestérone (ou dydrogestérone) peut être proposée en schéma séquentiel de J16 à J25 du cycle (thérapeutique non contraceptive). -
08Point formation n°8
Les mastodynies, symptômes fréquents du SPM, se définissent par des douleurs mammaires bilatérales prémenstruelles, prédominantes dans les quadrants externes des seins, rythmées par le cycle et répétées. Il est important de les différencier des douleurs mammaires non cycliques ou des douleurs projetées (douleurs dorsales, pariétales ou articulaires). Ces douleurs peuvent également être présentes lors d'utilisation de traitements hormonaux (contraception ou THM) ; elles perdent alors leur caractère cyclique.
En cas de symptômes typiques et d'examen clinique mammaire normal, il n'est pas nécessaire de réaliser d'examen d'imagerie à titre systématique. -
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Concernant spécifiquement les mastodynies, il pourra être proposé l'application quotidienne de progestérone percutanée au niveau mammaire. L'utilisation de gels d'AINS a montré, sur des études de petits effectifs, une efficacité sur le symptôme douloureux, mais ces traitements n'ont pas d'AMM dans cette indication.
Les mastodynies semblent associées à une augmentation du risque de cancer du sein (fonction de l'intensité et de la durée des symptômes). Mais aucune donnée n'a permis de montrer que leur prise en charge thérapeutique permettait de limiter ce risque. -
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Le syndrome dysphorique est une entité définie par la présence de troubles sévères de l'humeur survenant en période prémenstruelle. Il est à différencier de troubles préexistants exacerbés par le cycle.
La prise en charge des femmes atteintes de syndrome dysphorique sévère doit nécessiter le recours à un psychiatre. Le traitement de première intention repose sur l'utilisation d'un antidépresseur (type ISRS) et sur la psychothérapie.
Le syndrome dysphorique est associé au risque de dépression du post-partum : une information et une vigilance spécifiques devront être proposées à ces femmes.
Références :
- Ismaili E, et al. Fourth consensus of the International Society for Premenstrual Disorders (ISPMD): auditable standards for diagnosis and management of premenstrual disorder. Arch Womens Ment Health 2016;19(6):953-8.
- Diagnostic and Statistical Manual of Mental Disorders (DSM V).
La Dre Sandrine Péral déclare ne pas avoir de lien d'intérêts concernant les données de cet article.