FMC : 10 points clésDyspareunies : rechercher une cause
Souvent non mentionnées spontanément par les femmes en consultation, les dyspareunies sont pourtant fréquentes et peuvent entraver fortement la qualité de vie. La recherche de violences physiques, psychologiques ou sexuelles subies par la patiente doit être systématique.
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01Point formation n°1
Les dyspareunies sont définies par la présence de douleurs vulvovaginales ou pelviennes lors des rapports sexuels. On distingue deux types de dyspareunie (qui peuvent être associés l'un à l'autre) : les dyspareunies d'intromission, douleurs à l'entrée du vagin et les dyspareunies profondes, douleurs présentes après pénétration, dans le fond vaginal. Les étiologies sont différentes en fonction du type de dyspareunie.
Les dyspareunies peuvent être primaires (présentes dès les premiers rapports sexuels) ou secondaires. Il est nécessaire d'établir la chronologie des symptômes et de rechercher d'éventuels facteurs déclenchants initiaux. -
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La prévalence des dyspareunies est difficile à évaluer, entre 8 et 22 % des femmes selon les études, car les patientes ont tendance à ne pas mentionner ces douleurs spontanément à l'interrogatoire. Il est donc indispensable de poser systématiquement la question lors de la consultation de gynécologie.
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L'interrogatoire est primordial et devra permettre de définir également le type de douleur (brûlures, sécheresses, d'allure neuropathique...), de rechercher des signes associés (douleurs pelviennes, dysménorrhées, leucorrhées, métrorragies...), de retracer l'historique des thérapeutiques initiées ainsi que d'évaluer l'impact de ce symptôme sur la qualité de vie sexuelle et globale.
L'examen clinique devra être réalisé, après information et accord de la patiente, afin d'étayer l'étiologie des dyspareunies. Il doit comporter un examen minutieux de la vulve puis, si celui-ci est possible, un examen gynécologique pelvien complet. La prescription d'examen complémentaire n'est pas systématique et sera guidée par l'interrogatoire et l'examen clinique. -
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Les principales causes de dyspareunie d'intromission sont infectieuses (vulvovaginite, bartholinite...), dermatologiques (lichen scléreux, dermatite...), mécaniques malformatives (cloisons, brides) ou font suite à des mutilations génitales, tumorales (masse vulvovaginale), neuropathiques, liées à l'atrophie ou en lien avec des vulvodynies.
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L'atrophie correspond à un amincissement de la muqueuse vulvovaginale responsable d'une perte de souplesse et d'élasticité. Les principaux symptômes sont les sécheresses locales et les dyspareunies. Il conviendra de rechercher une carence œstrogénique endogène (ménopause, troubles du cycle, post-partum) ou iatrogènes (contraception, hormonothérapie...) ainsi que des causes médicamenteuses autres (certains anti-histaminiques ou antidépresseurs par exemple).
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Les vulvodynies sont des douleurs vulvovaginales chroniques sans cause identifiable (absence d'affection vulvaire visible, de désordre neurologique spécifique) ou parfois associées à une autre pathologie, mais qui ne peut expliquer à elle seule la symptomatologie. Elles résultent d'un dysfonctionnement du système de modulation de la douleur. Leur prise en charge repose sur l'association de traitements locaux hydratants, lubrifiants et anesthésiants (+/- une œstrogénothérapie locale selon le contexte), des séances de kinésithérapie périnéale spécialisée et une prise en charge psychologique. Il pourra y être associé, souvent dans un second temps, des traitements généraux antalgiques dédiés aux douleurs neuropathiques.
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Les principales étiologies de dyspareunie profonde sont l'endométriose/adénomyose, les causes tumorales (masse cervicale, annexielle ou pelvienne) ou infectieuses (infections génitales hautes). La prescription d'examens complémentaires devra être systématique dans ce contexte, avec en première intention la réalisation d'une échographie pelvienne et de prélèvements bactériologiques vaginaux.
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08Point formation n°8
Les dyspareunies profondes peuvent être également en lien avec une origine extra-gynécologique : douleurs myofasciales projetées, digestives (MICI, colopathie fonctionnelle...) ou urinaires (cystites...).
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De façon systématique lors de la consultation de gynécologie, et tout particulièrement en cas de symptômes de dyspareunie, il est indispensable de rechercher des violences physiques, psychologiques ou sexuelles subies par la patiente. Ces violences peuvent être à l'origine des symptômes douloureux ou en aggraver l'intensité et la durée.
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Outre la douleur, les dyspareunies, notamment chroniques, peuvent avoir un impact majeur sur la qualité de vie et l'estime de soi. Il est primordial pour le praticien d'évaluer les conséquences générales de ce symptôme afin d'optimiser leurs prises en charge.
Références :
- Bornstein J, et al. 2015 ISSVO, ISSWSH and IPPS Consensus Terminology and Classification of Persistent Vulvar Pain and Vulvodynia. Obstet Gynecol 2016;127(4):745-51.
- Collège gynécologie médicale. R2C-ECNI-EDN. Référentiel des collèges 2e édition.
La Dre Sandrine Péral déclare ne pas avoir de lien d'intérêts concernant les données de cet article.