"Des signaux préoccupants" : les Doyens des facultés de médecine se mobilisent pour leurs étudiants

20/01/2021 Par Marion Jort

Quelques jours après le suicide d’une étudiante en Pass à Paris, la Conférence nationale des doyens de médecine présentait, au cours d’une conférence de presse, l’ensemble des mesures prises pour protéger les étudiants, fragilisés par l’isolement, la précarité et la crise Covid.  

 

“Nous avons des signaux qui nous préoccupent extrêmement quant à la santé de nos étudiants. Certains sont dans des situations précaires, isolés socialement, leur situation familiale peut être compliquée”, confie d’emblée le Pr Patrice Diot, président de la Conférence nationale des doyens de médecine, au cours d’une conférence de presse organisée mercredi 20 janvier pour faire le point sur la situation actuelle des étudiants.  

Alors que la France s’enfonce dans la crise épidémique et que les jeunes ont peu de perspectives sur un retour à la normale, les cas individuels de détresse s’accumulent. La semaine dernière, une étudiante en Pass à Paris a mis fin à ses jours. “Notre priorité, au début de la crise sanitaire, c’était de maintenir un enseignement de qualité en distanciel. Je pense que ça n'a pas été mal réussi, grâce à des outils de formation qui ont permis de maintenir les apprentissages. Mais on voit que ça commence à craquer, les étudiants ont besoin de retrouver leurs enseignants et se retrouver entre eux, pour une question d'équilibre", affirme le Pr Diot.  

Heureusement, souligne-t-il, la reprise des activités dans les universités a été confirmée hier par une circulaire du ministère de l’Enseignement supérieur et de la Recherche (Mesri). “C’est important, car cela va nous permettre de rétablir ce contact avec les étudiants”, précise le Doyen des doyens. La circulaire ne fixe pas de nombre maximal mais évoque une “jauge par rapport aux capacités d’accueil” de la salle. Ainsi, le Pr Diot, doyen de la faculté de médecine de Tours, explique que dans sa faculté, 80 à 100 étudiants en première année pourront se réunir, dans un amphithéâtre de 400 à 600 places. “J’ai aussi demandé à ce que les cours...

se terminent un peu plus tôt dans les enseignements dirigés en présentiel pour ensuite garder un temps d’échange sur ce que voudront aborder les étudiants. Cela va être l’occasion de rétablir le contact avec les enseignants, mais aussi de favoriser les relations inter-étudiants”, détaille-t-il. 

 

Particularité des premières années  

Une attention toute particulière est apportée aux étudiants de première année, les Pass, Las et Paces. “Ce n’est pas que les autres étudiants nous préoccupent moins, assure le Pr Diot. Mais les autres, on les voit, on les connaît car ils passent en stage. On a donc un contact avec eux."  

Les premières années, en revanche, n’ont eu que quelques semaines de cours en présentiel avant d’être reconfinés, puis d’étudier en distanciel. “Ils ont eu une année de terminale tronquée, pas vraiment de baccalauréat, on ne les connaît pas si bien. Ils arrivent, de plus, à un moment où on met en place une réforme complexe, pas toujours bien comprise et mise en place. Certains se perdent entre les Pass et les Las, cela rajoute de la complexité à la crise sanitaire”, analyse le Doyen.  

Pour remédier à ce mal-être de plus en plus prégnant, plusieurs mesures ont été prises, à commencer par un numéro vert instauré par le Centre national d’appui (CNA) qui sera accessible début février, 24h/24h et 7 jours sur 7. “Il permettra de centraliser les appels de détresse pour faire redescendre les informations vers les facultés de médecine qui mettront en place des accompagnements nécessaires”, explique le Pr Diot, qui annonce aussi avoir écrit à la Conférence des présidents d’universités pour mettre en place une stratégie “sensibiliser, alerter, accompagner” au plus vite. “On ne part pas de rien, le mal-être des étudiants n’est pas nouveau ni spécifique à la France”, tempère-t-il. “Mais il faut qu’on accélère et qu’on rende les choses plus facile.”

Une commission d’accompagnement des étudiants va également être mise en place. “Ses membres pourront se réunir dès lors qu’un étudiant est repéré...

comme ayant un besoin. Il s’agit de l’écouter et de connaître ses difficultés et de trouver des solutions en lien avec les services administratifs”, explique-t-il, souhaitant ce dispositif “très souple et réactif”.  

En parallèle, le ministère de l’Enseignement supérieur s’est vu affecter de nouveaux crédits qui permettent le recrutement de 80 psychologues pour les universités françaises. Enfin, le Pr Diot a profité de cette conférence pour présenter son idée de “baromètre d’ambiance” qu’il a soumis au Mesri. Son objectif ? Permettre d’établir, en toute objectivité, et de connaître, en permanence, la dynamique des étudiants au sein des facultés. “Certains étudiants disent qu’ils s’en sortent, d'autres non. Il nous faut donc une vision objective de la réalité”, détaille-t-il encore.  

 

ECNi, concours des Pass et Paces : le présentiel maintenu 

Interrogé sur le déroulement des concours qui se sont déroulés en ce début d’année, le Pr Diot s’est montré satisfait, rappelant qu’aucun cluster n’avait été déclaré suite aux examens. Pour ce qui est des ECNi, à la fin de l’année, ainsi que des concours des Pass et Paces, les choses s’étant bien déroulées l’an dernier, le fonctionnement devrait être similaire.   

Les résultats d’examens pouvant toutefois être une source de détresse pour les étudiants, étant, de plus, communiqués par voie numérique, le Pr Diot est en réflexion avec le ministère de l’Enseignement supérieur pour trouver une solution d’accompagnement à ce moment “pas toujours évident”.  

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