les infirmières et sages-femmes pourront assurer des gardes

"Il est hors de question d'être esclave" : plus de la moitié des lecteurs d'Egora craignent un retour de l'obligation de garde

Mercredi, les députés de la commission des Affaires sociales ont examiné la proposition de loi du député Guillaume Garot contre les déserts médicaux. Le texte prévoit de rétablir l'obligation de participation à la permanence des soins ambulatoires des médecins. Une mesure redoutée par plus de la moitié des lecteurs d'Egora.

27/03/2025 Par Chloé Subileau
les infirmières et sages-femmes pourront assurer des gardes

Mercredi 26 mars, la proposition de loi d'initiative "transpartisane" contre les déserts médicaux, portée par le député socialiste Guillaume Garot, était examinée en commission des Affaires sociales de l'Assemblée nationale. L'article visant à introduire une régulation à l'installation des médecins a été rejeté par les députés. Mais la disposition prévoyant un rétablissement de l'obligation de participation à la permanence des soins ambulatoires (PDSA) a, elle, été adoptée. 

Interrogés par Egora, 53% des lecteurs* disent redouter un rétablissement de cette obligation.   

"On assure déjà la permanence 12 heures par jour 5 jours sur 7 et le samedi matin, on a des créneaux d'urgence dédiés, il n'y a aucune logique à aller en centre de garde après 12 heures de travail sans pause, témoigne une médecin généraliste, qui craint le retour de l'obligation de PDSA. Si besoin de couvrir l'horaire de nuit non assuré, il faut embaucher d'autres médecins et les payer correctement, les patients qui préfèrent se soigner la nuit en urgence sans raison doivent avancer les frais et pas seulement 30 euros, normalement tous les spécialistes libéraux et salariés des centres municipaux de santé doivent y participer…".  

"Si ça redevient obligatoire, je déplaquerais" 

"On ne peut pas enchaîner", alerte une autre praticienne. "On sera obligés de fermer et ne pas soigner nos patients pour voir des patients qu'on [ne] connaît pas. Ridicule. Il faudrait que les urgentistes fassent un peu de libéral pour se rendre compte de notre charge de travail", ajoute-t-elle.  

"Si ça redevient obligatoire, je déplaquerais. Il est hors de question d'être esclave même si j'adore mon boulot, mais je ne laisserai personne décider à ma place de ma façon de travailler. Je consulte souvent tard le soir (20h30 voire 21h30 en hiver pour ne pas imposer les urgences à mes patients). Alors il est hors de question de m'épuiser pour des considérations politiciennes", lance une autre généraliste, révoltée.  

Pour d'autres, le rétablissement d'une obligation ne ferait que renforcer la pénurie de médecins, surtout dans les territoires les plus en difficulté. "On a déjà des journées bien chargées à cause du manque de praticiens, alors rajouter une permanence vous croyez que cela va faire venir de nouveaux praticiens dans une zone sous dotée", s'inquiète un médecin.  

Si une majorité des praticiens redoutent une telle mesure, d'autres sont plus nuancés. "Un biologiste ou un psychiatre, bien loin de la médecine générale, est-il apte à prendre des gardes ? En tant que généraliste, je le souhaiterais, cela réduirait notre charge de travail, mais... En dehors de ces cas particuliers, il serait logique que tout le monde participe, pense un lecteur. Ce sont souvent ceux qui travaillent le plus qui prennent leurs gardes […] Et je ne pense pas que ce soit par appât du gain, plutôt une conception de la profession…" 

"Ça fait partie du job depuis nos études" 

Certains répondants estiment, eux, que la participation à la PDSA est inhérente à la profession. "Je considère que ça fait partie de notre mission, du service rendu à nos concitoyens et de notre engagement", commente ainsi un lecteur, en réponse au débat d'Egora. "C’est une obligation pour un médecin, ça va de soi. Il est inadmissible que certains ne fasse plus de PDS. En ville ou en clinique, tout le monde doit participer", insiste-t-il. 

"La PDS doit être obligatoire, nous sommes médecins, ça fait partie du job depuis nos études. Si tout le monde en faisait, les gardes seraient espacées, et nombre de remplaçants se feraient un plaisir de les faire", abonde un dernier praticien. 

Si elle a été adoptée par les députés en commission des Affaires sociales, la mesure visant à rétablir une obligation de PDSA doit encore être votée en séance plénière. L'examen de la proposition de loi est prévu la semaine prochaine.  

 

*303 votants en ligne, du 14 au 29 mars.  

 
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