Un généraliste s'installe en libéral à 71 ans et veut travailler 7 jours sur 7

15/07/2020 Par S. B.
Témoignage
La retraite, c'est un concept dont ne veut pas entendre parler le Dr Bernard Court. A 71 ans, le médecin généraliste vient de s'installer en libéral à Montpezat-sous-Bauzon, en Ardèche. Le praticien, qui se félicite de n'avoir jamais pris de vacances, entend participer à la permanence des soins "tous les dimanches". Il compte donc travailler sept jours sur sept.
 

"Je veux travailler jusqu'à ma mort". A 71 ans, le Dr Bernard Court vient de s'installer dans un petit village d'Ardèche, non loin de là où il a grandi. "J'avais envie de retrouver mes racines", explique le généraliste hyperactif. Si à son âge, la plupart de ses confrères songent à la retraite, lui ne veut pas en entendre parler. "J'ai besoin de travailler et d'être utile", confesse-t-il avant de poursuivre, "je sais que ça n'est pas dans l'air du temps, mais je ne me verrais pas rester dans un fauteuil alors qu'on a besoin de moi. J'en serais malade". En juin dernier, le Dr Court a donc pris place dans le nouveau centre de santé de Montpezat-sous-Bauzon. "Quand j'ai vu qu'un centre ouvrait, ça a été le déclic, je me suis dit que c'était une opportunité", raconte le généraliste qui rêvait de s'installer en France, dans son terroir d'origine.   Coup de foudre pour le Sahara Car c'est bien loin de l'Ardèche qu'a débuté la carrière du médecin. "J'ai commencé l'exercice de la médecine en 1976, après avoir passé ma thèse en janvier, se souvient-il. Tout de suite après, je suis parti 18 mois faire mon service militaire comme coopérant en Algérie". Après cette première expérience, Bernard Court à l'opportunité de travailler comme médecin, pour Total, dans l'exploration pétrolière au Sahara. Il restera dans la société française cinq ans mais ne quittera plus le désert. "J'ai eu un coup de foudre pour le Sahara, j'y suis resté et j'ai continué à travailler pour la population locale jusqu'en 2004".

"J'avais un poste fixe dans un village et je me déplaçais aux alentours pour soigner les populations nomades", se remémore le praticien. "Nous étions dans un pays sous-développé, il manquait de tout. Nous ne pouvions pas travailler avec des outils modernes. Il n'y avait même pas d'hôpitaux mais que des dispensaires. Il fallait être polyvalent et faire le travail d'infirmier, de sage-femme et de médecin. J'étais seul", raconte le Dr Court. "Je me sentais vraiment utile", ajoute-t-il et "les patients étaient reconnaissants et respectueux". Ça n'est pas la lassitude du désert mais la guerre qui a poussé le médecin à revenir en France. "Il y avait des terroristes un peu partout dans le Sahara. On ne pouvait plus se déplacer librement. Je ne me sentais plus en sécurité face aux menaces d'enlèvements d'occidentaux", soupire Bernard Court qui a donc décidé, près de 30 ans après son départ de revenir, en laissant sa femme et ses deux enfants de 26 et 27 ans sur place. "Ils ont compris qu'il fallait que je rentre, mais leur vie à eux est dans le Sahara", explique le père de famille.   Remplacements dans une centaine d'hôpitaux A son retour en France, le médecin généraliste décide de faire des remplacements à l'hôpital. "Cela me permettait de revenir deux fois par an", justifie-t-il. Au total, il travaillera dans une centaine...

d'hôpitaux en France, métropolitaine et ultra-marine jusqu'à son installation à Montpezat-sous-Bauzon en juin 2020. Depuis, Bernard Court est ravi. "C'est une nouvelle vie, je me sens bien et je me sens chez moi", confie-t-il en s'émerveillant de retrouver les paysages, les montagnes et la source de la Loire. Si la patientèle n'est pas encore complétement au rendez-vous, le généraliste prend son mal en patience mais ne compte pas se reposer en attendant que l'agenda se remplisse. "J'ai proposé mes services dans les hôpitaux à proximité, notamment à Aubenas qui a accepté. Je vais y travailler deux à trois jours par semaine", se félicite le médecin, content d'avoir une "double-utilité". Fort de son expérience dans le Sahara, le médecin constate que l'exercice de la médecine est totalement différent en France. "J'étais trois fois plus utile là-bas. Ici les patients ont besoin d'une présence médicale, ça les rassure. Les gestes techniques sont devenus rares. L'essentiel c'est désormais les rapports personnels avec les gens", compare-t-il.

  Jamais de vacances Si l'exercice en France est moins intense, le généraliste de 71 ans ne prévoit pas de lever le pied pour autant. "Je n'ai jamais pris de vacances, j'ai toujours travaillé et je suis en pleine santé. Le travail ne me fatigue pas, ce qui m'épuise c'est de ne rien faire", considère Bernard Court qui estime que "se balader, ça ne sert à rien". "Si jamais j'ai du temps libre, je travaille intellectuellement. Je lis des livres" concède-t-il. Le généraliste qui exerce du lundi au samedi de 9h à 18h, entend remplir son dimanche également. "Je vais faire de la permanence des soins tous les dimanches", prévoit-il. Cette décision de travailler 7 jours sur 7 n'est pas liée à une contrainte financière mais à un "besoin d'être utile", explique le médecin qui parle "de choix philosophique". "Je suis chrétien et je considère que je dois agir tant que j'ai des forces", confesse-t-il. Quant à ses revenus, cela n'intéresse pas le généraliste qui compte en faire des dons. Et il a déjà un projet en tête. "Mon objectif est de construire une bibliothèque dans le Sahara. Il y a deux choses importantes dans la vie, l'éducation et la santé", conclut le médecin heureux de jouer sur les deux tableaux.

Vignette
Vignette

La consultation longue à 60 euros pour les patients de plus de 80 ans et/ou handicapés est-elle une bonne mesure ?

A Rem

A Rem

Non

Une fois par an en sortie d’hospitalisation ou critère strict. Il n’y a ici aucune revalorisation réelle au vu des cotations exist... Lire plus

0 commentaire
4 débatteurs en ligne4 en ligne





La sélection de la rédaction

"En 10 secondes le diagnostic est fait" : l'échographie par les généralistes, une solution pour faciliter l...
21/02/2024
42
Portrait
"Je suis loin d’avoir lavé mon honneur mais j’ai rétabli l’histoire" : les confidences d’Agnès Buzyn, ministre...
22/12/2023
35
"Se poser dans une bulle, ça fait du bien" : en immersion dans cette unité cachée qui soigne les soignants...
05/01/2024
15
Santé publique
Ce qui se cache derrière la hausse inquiétante de l'infertilité
13/03/2024
17
"Ils ont une peur primaire de la psychiatrie" : pourquoi les étudiants en médecine délaissent cette spécialité
27/02/2024
28
"C'est assez intense" : reportage dans un centre de formation des assistants médicaux
01/03/2024
9