Inceste et violences sexuelles sur mineurs : Et si le médecin était la clé

“Je suis une survivante.” C’est avec ces mots que Kathya De Brinon, 72 ans, se décrit au téléphone. Violée et prostituée par son grand-père de 9 à 11 ans, cette ancienne journaliste, fondatrice de l’association SOS Violenfance, l’assure aujourd’hui, “il y a longtemps que j’ai résolu ce problème avec moi-même”. Mais si les moments de bonheur ont de nouveau pris place dans sa vie, les séquelles sont toujours là. “Quand quelque chose me heurte, je me réfugie dans des amnésies traumatiques rétrogrades. Je m’enferme, se confie-t-elle. A ce moment-là, je peux avoir 8 ans. Pourquoi 8 ans ? Parce que j'étais heureuse à cet âge.”
Aux côtés d’une dizaine d’autres magistrats, professionnels de santé, ou encore éducateurs, Kathya De Brinon a contribué à mettre au point un plaidoyer-action sur les conséquences en matière de santé publique des violences sexuelles faites aux mineurs ; résultat d’un travail de plus de quatre mois. Initié par la délégation Île-de-France de France Assos Santé, ce plaidoyer-action formule 8 actions qui pourraient être mises en place pour améliorer le parcours de vie et de santé des victimes, car aujourd'hui encore, “on n’a pas de parcours de santé, on a le parcours du combattant”, déplore Jean-Luc Plavis, coordinateur régional Île-de-France de France Assos Santé.
Dès ce mois-ci, 8 groupes de travail vont se réunir pour préciser ces actions ce qui, d’ici six mois, devrait aboutir à un livre blanc qui permettra de préconiser des actions en Île-de-France à titre expérimental. Un message d’espoir, alors que la parole des victimes se libère de plus en plus dans la société et, notamment, sur les réseaux sociaux. “Vous dire que ça va faire bouger les choses en très peu de temps, je serai totalement folle si j’y croyais, mais, j’espère bien, que ce livre blanc va pouvoir toucher le Gouvernement, explique Kathya De Brinon. Il faut que ça explose, que ça fasse une sorte de bombe atomique qui fasse retomber les gens sur la réalité des faits.”
Ce fléau est en effet bien plus répandu que ce que l’on peut imaginer, note l’association. Selon le Conseil de l’Europe, 1 enfant sur 5 serait victime de violence sexuelle. A partir de cette estimation, on estime à près de 3 millions, le nombre d’enfants français qui seraient ainsi concernés, soit environ 2 enfants par classe victimes de violences sexuelles.
Pas de signes spécifiques
Première des huit actions que souhaite préconiser France Assos Santé Île-de-France : la formation des professionnels de première ligne, en particulier les professionnels de santé. “Dans notre analyse d'impact, on voit bien que le médical n’est pas...
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